Édition du 19 novembre 2024

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Maroc - Appel aux masses populaires à la lutte pour un changement démocratique radical

La Voie Démocratique appelle les masses populaires marocaines à la lutte pour un changement démocratique radical. Presse-toi à gauche reproduit le communiqué final publié à l’issue de la rencontre tenue le 5 février dernier.

Le secrétariat national de la Voie Démocratique s’est réuni, le samedi 05/02/2011, dans une réunion ordinaire à Casablanca, pour discuter la situation révolutionnaire en Tunisie et en Égypte et son impact sur les pays arabes et en l’occurrence le Maroc.

A l’issue de cette réunion, la Voie Démocratique :

1) Salue les révolutions tunisienne et égyptienne et la résistance et la détermination populaires pour en finir avec la tyrannie et la dictature, s’incline devant leurs martyrs qui ont tracé, avec leur sang, la voie de la liberté et de la justice sociale, et appelle à intensifier la solidarité avec les deux révolutions.

2) Considère ces mouvements populaires comme un tournant qualitatif et fondamental dans l’Histoire de la région ouvrant de nouvelles perspectives aux luttes des ces peuples animés par la volonté de libération de la tyrannie, de l’impérialisme et du sionisme ,appelle à la vigilance contre toute usurpation des objectifs et symboles de la révolution par l’impérialisme ou les classes dominantes locales réactionnaires afin de consolider leurs intérêts et perpétuer leur hégémonie avec d’autres moyens.

3) Considère que la réalisation des revendications légitimes des deux peuples pour la liberté, la démocratie, la justice sociale et la libération nationale nécessitent la chute des pouvoirs des classes dominantes et leurs régimes, et la destruction de leurs structures capitalistes dépendantes. Celles-ci ne sont possibles que grâce à la direction des fronts des classes populaires par la classe ouvrière pour la prise du pouvoir afin de réaliser les objectifs de changements démocratiques radicaux avec des perspectives socialistes.

4) Considère que le Maroc n’est pas à l’abri de ce qui se passe en Tunisie, en Egypte et dans d’autres pays arabes, parce que les conditions et les causes des révolutions tunisienne et égyptienne sont les mêmes dans la majorité des pays de la région (avec des disparités concrètes propres à chaque pays). Ainsi le Maroc connait aussi une tyrannie politique, une autocratie absolue, la domination du capitalisme dépendant et les choix néolibéraux, le monopole par une poignée de familles puissantes, et à leur tête la famille royale, du pouvoir et des richesses, alors que la majorité écrasante des marocains souffrent de la pauvreté, du chômage, de la misère, de l’oppression et marginalisation.

5) Les révolutions en Tunisie et en Égypte confirment l’échec des illusions des réformes et changements de l’intérieur des structures officielles, ces mêmes illusions répandues au sein de nombre de forces politiques démocratiques de notre pays. Ces révolutions montrent l’urgence d’un changement radical grâce à la lutte populaire organisée et consciente qui garantit la libération, la démocratie et le socialisme et rompt avec la politique des coulisses, des compromis par en-haut et des mémorandums adressés au roi et conseils qui lui sont prodigués.

6) Précise qu’un changement radical de ce type nécessite :
le démantèlement des structures makhzaniennes [1] de l’État, notamment celles des appareils de répression secrets et parallèles, et la transparence et l’État de droit pour assurer la sécurité, le démantèlement du ministère de l’intérieur et sa reconstruction de sorte qu’il cesse son hégémonie sur les autres ministères et organismes publics et qu’il soit au service des citoyens.

La déstructuration et la restructuration du système judiciaire qui garantit son indépendance vis-à-vis du pouvoir politique.

La démission du gouvernement et la dissolution du parlement parce qu’il ne représente pas le peuple.

le jugement des responsables des crimes politiques liés aux graves violations des droits humains, et des crimes économiques qui consistent dans le vol des richesses du pays et le gaspillage de l’argent public et la confiscation de leurs biens.

un changement radical de la constitution avec l’établissement d’une constitution démocratique qui incarne la volonté populaire en tant que détentrice de la souveraineté et source de tous les pouvoirs, garantissant la séparation réelle des ces derniers, reconnaissant la culture et la langue amazighes [2] en tant que culture nationale et langue officielle, assurant l’égalité, entre l’homme et la femme dans tous les droits et les devoirs et dans tous les domaines politique, économique, social et culturel et garantissant les droits propres de la femme en tant que femme et mère.
Une constitution qui sépare l’État de la religion et interdise l’exploitation de cette dernière à des fins politiques élaborée par une assemblée constituante élue démocratiquement et honnêtement.

L’instauration de pouvoirs locaux, régionaux et nationaux sur la base d’élections dans le cadre d’un État de droit et la réalisation d’une régionalisation démocratique qui permet aux régions d’avoir un pouvoir de décision, négocié avec le pouvoir central et le pus possible d’autonomie aux niveaux économiques, politiques et culturels, aux régions qui se caractérisent par une spécificité constituée au cours du processus historique de formation de notre peuple , exemple : Rif, Zian et souss.

La construction d’une économie nationale autonome qui rompt avec celle des rentes et des privilèges indépendante de l’impérialisme et ses institutions financières.

Une économie se basant sur une planification économique nationale libératrice avec un vaste service public, ce qui implique la nationalisation toutes les industries et mines stratégiques qui ont été privatisées, la nationalisation des banques et des plus importantes institutions financières.
La constitution des collectifs ouvriers dans le secteur public et privé pour contrôler la gestion et la production.

Une politique agricole qui satisfait les besoins fondamentaux des citoyens et garantit la sécurité alimentaire, la sauvegarde des richesses naturelles, la protection de l’environnement et le développement équilibré, ce qui rend indispensable une réforme agraire radicale.

La garantie des services publics fondamentaux : éduction, santé, transport, des logements décents et les emploies.

L’indépendance de la presse de l’État et de tous les monopoles et le développement de toutes les composantes culturelles du peuple marocain et son ouverture sur le patrimoine culturel humain.

Le secrétariat national de la Voie Démocratique :

7) Se félicite des luttes des ouvriers et des masses populaires, appelle à leur approfondissement, leur unification et leur intégration à la lutte générale pour la démocratie.

Appelle particulièrement les centrales syndicales UMT et CDT à dépasser leurs divergences, à entamer un processus d’unité de lutte, et assumer leur responsabilité dans la défense de notre peuple et sa classe ouvrière contre les licenciements, le chômage, la hausse des prix, la dégradation des services publics et pour le droit du peuple marocain à la liberté, la dignité et la démocratie.

8) Apelle la gauche marxiste de notre pays à prendre ses responsabilités historiques pour la réhabilitation et la défense de l’alternative démocratique, laïque et socialiste.

9) Appelle toutes les forces démocratiques politiques, syndicales sociales, de droits humains , des femmes , culturelles , amazightes, associatives, les intellectuels, les artistes honnêtes et les personnalités nationales à saisir ce moment politique et commencer immédiatement la construction d’un front national pour la démocratie et la justice sociale sur la base d’une plateforme démocratique minimum et d’un programme de lutte élaborés et adoptés collectivement.

La Voie Démocratique 
Secréterait national, Casablanca le 05/02/2011

Notes

[1] Régime autocratique moyenâgeux et traditionnel.

[2] Composante berbère de la société marocaine.

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