En persistant dans la voie de la coercition, le gouvernement ne ferait qu’aggraver la situation des personnes les plus mal prises de notre société. « La prestation d’aide sociale actuelle de 628 $ pour une personne seule la contraint déjà à vivre dans la misère, s’indigne Yann Tremblay-Marcotte, du Front commun des personnes assistées sociales du Québec. Le gouvernement ne peut se permettre de couper ni de retenir le chèque des gens vivant dans la grande pauvreté. 628$, ça ne se coupe pas ! Pour lutter efficacement contre la pauvreté, il faut d’abord assurer aux personnes un revenu leur permettant de couvrir leurs besoins de base. »
Émilie E. Joly, du Front d’action populaire en réaménagement urbain, ajoute que « cet acharnement du gouvernement se base sur les pires préjugés, comme le fait qu’on vivrait bien à l’aide sociale ou que les personnes assistées sociales auraient juste besoin d’un coup de pied au derrière pour s’en sortir. Pas plus tard que la semaine dernière, nous avons eu une nouvelle preuve que cette approche ne fonctionne pas. On apprenait dans les médias que la réforme de l’aide sociale de 2015, fondée sur les mêmes préjugés, aurait eu beaucoup plus d’impacts négatifs que prévu sur les personnes assistées sociales. Et nous craignons que les impacts de la réforme actuelle soient encore plus dramatiques. »
« Que va-t-il falloir pour que le ministre Blais comprenne ? poursuit Serge Petitclerc, du Collectif pour un Québec sans pauvreté. Lundi dernier, c’était au tour de 582 professionnelLEs de la santé de dénoncer le programme Objectif emploi en publiant une lettre ouverte. Leurs voix se sont ajoutées à celles de la Protectrice du citoyen, de toutes les centrales syndicales québécoises, de 300 professeurEs et chargéEs de cours universitaires, du mouvement des femmes, du mouvement communautaire et des milliers de personnes qui ont manifesté leur désaccord depuis l’introduction du projet de loi. Personne n’a besoin d’un ministre aussi sourd, étroit d’esprit et rétrograde, surtout pas les personnes assistées sociales. »
À propos du projet de loi 70
La Loi visant à permettre une meilleure adéquation entre la formation et l’emploi ainsi qu’à favoriser l’intégration en emploi (projet de loi 70), adoptée en novembre dernier, rendra obligatoire la participation au programme Objectif emploi pour les personnes considérées sans contraintes à l’emploi faisant une première demande d’aide sociale. Le ministre Blais a souvent brandi la menace de pénalités pouvant aller jusqu’à 224 $ à la prestation de base des personnes ne répondant pas de façon jugée satisfaisante aux exigences du programme.
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