Le cortège a occupé le centre de la capitale portugaise pendant plus de deux heures. Selon la CGTP, principale centrale syndicale portugaise, près de 100 000 personnes étaient présentes. La police portugaise a pour règle de ne jamais communiquer ses estimations lors des manifestations.
Avec cette mobilisation, les syndicats apportent une première réponse au gouvernement du premier ministre José Socrates, qui a adopté en cours de semaine un budget 2011 d’une rigueur inédite. Sous la pression de Bruxelles et des marchés financiers, le gouvernement portugais s’est engagé à faire des économies de l’ordre des cinq milliards d’euros afin de réduire son déficit public à 4,6 % du PIB fin 2011, contre 7,3 % attendu cette année. Cela s’est notamment traduit par une baisse de 3 à 10 % des salaires de l’administration et des entreprises publiques, un plafonnement des prestations et aides sociales ainsi que l’augmentation de la TVA.
"Resserrer les rangs"
"Nous allons résister. Il faut que le gouvernement recule. Ce ne sont pas les marchés qui doivent commander", a lancé Ana Avoila, coordinatrice du Front commun des syndicats de l’administration publique, qui estime que la manifestation de samedi était "une étape importante avant la grève générale". Pour le secrétaire général du Parti communiste, Jeronimo de Sousa, "cette manifestation va permettre de resserrer les rangs pour le succès de la grève générale".
Signe de la grogne grandissante au Portugal, la grève générale du 24 novembre a été défendue pour la première fois depuis 1988 par les deux principaux syndicats, la CGTP, proche des communistes, et l’UGT, historiquement liée aux socialistes.
De nombreux secteurs, comme le transport aérien ou la presse, en passant par le secteur pétrolier et les fonctionnaires, devraient participer à la grève. Même les syndicats des forces de l’ordre, présents dans les rues de Lisbonne, samedi, veulent faire entendre leur voix. "Le fait qu’on soit ici montre notre inquiétude, qui va au-delà de nos revendications socio-professionnelles", a expliqué Paulo Rodrigues, porte-parole de la plateforme syndicale des forces de sécurité.