Monsieur Lisée,
Je reviens d’une rencontre avec le président du syndicat des travailleur-euse-s de Davie, avec Yves Garneau, président régional et membre comme moi du PQ de Lévis. Nous sommes renversés du peu de cas que l’on fait du pire scandale depuis la Confédération à propos de ces chantiers.
Les élections s’en viennent et les Libéraux de Couillard ont capitulé devant le fédéral. François Paradis qui est sur un supposé comité de relance des Chantiers avec son confrère fédéraliste, le député conservateur Blaney, ne disent rien depuis des mois. Ils ont tous pris la parole à une manifestation des ouvriers des Chantiers pour rassurer tout le monde. Mais rien ne se passe.
Il n’y a pas une journée où des ouvriers découragés ne quittent leur travail, ne retirent leur fonds de pension, en espérant mieux ailleurs. L’expertise des Chantiers se délite peu à peu.
Sur le plan politique, le Libéraux fédéraux sont les meilleurs associés des Irving et Seapan. Les comtés de ces chantiers sont rouges et leurs propriétaires sont sans doute de gros contributeurs du parti libéral du Canada. Ils sont des concurrents directs des Chantiers Davie et la passivité des fédéralistes fait croire qu’ils ont tous comme objectif final d’étouffer à petit feu les Chantiers Davie. Il ne s’agit pas de paranoïa, mais de calcul politique dont est capable tout fédéraliste qui se respecte étant bien entendu du côté d’où il flaire l’argent et le pouvoir pour le ROC.
M. Lisée, je suis sorti de cette rencontre enragé du peu de solidarité de la nation dont bénéficient les ouvriers de la Davie. Vous en êtes le futur premier ministre. Lévis est à deux pas de l’Assemblée Nationale. Vous pouvez vous-même venir rencontrer le président du syndicat quand vous voulez.
Il ne nous a fallu qu’une heure de discussion pour faire le point et ce n’est pas rose. Il faudrait que le PQ et la CSN mettent des ressources pour enquêter sur ce scandale inacceptable que le fédéralisme veut faire oublier, veut soustraire à la mémoire des Québécois.
Je vous assure que le comté de Lévis sera derrière nous si nous faisons valoir ce que vous appellez le « nationalisme économique ». Il faut en parler plus, mettre à l’agenda politique du Québec, et du Canada tout entier s’il le faut, cette profonde injustice que subit une compagnie, certes étrangère, mais qui fait travailler jusqu’à 800 à 1,000 Québécois quand elle est pleinement opérationnelle.
J’ai bien l’intention de faire campagne pour le PQ dans Lévis à la prochaine élection, mais je voulais vous mettre en garde contre une marginalisation de ce dossier qui concerne tout le Québec comme l’ont montré les sous-traitants des Chantiers en allant rencontrer Trudeau lui-même lorsqu’il s’est pointé au Lac St-Jean dernièrement.
Duclos et Lightbound sont deux perroquets impuissants devant les lobby de l’Ouest et des Maritimes. Il n’y a vraiment que le PQ et le Bloc (qui le fait déjà avec M. Boudrias) qui peuvent mettre ce dossier à l’avant plan. Il est de plus tout à fait correct d’être à l’offensive sur ce point car la fédéraux sont coincés : ou bien ils donnent le travail que les nationalistes auront réclamé à leur grand mérite, ou bien ils prouvent une autre fois combien le fédéralisme peut être anti-ouvrier, anti-Québécois et réactionnaire du point de vue du développement économique de nos industries.
Je vous le dit franchement M. Lisée, je suis sorti de cette rencontre avec Monsieur Guay, le président du syndicat, en colère devant l’inertie politique qui condamne des centaines de familles au chômage et qui accule en même temps plusieurs ouvriers à vendre leur maison et à quitter la région à cause d’un travail dont les prive le fédéral.
Nous restons à votre disposition pour vous mettre en contact avec le syndicat et ses officiers..
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