M. Luc Godbout, économiste, continue son œuvre au service du gouvernement Charest/Bachand. Non content d’avoir produit des rapports incomplets servant à justifier les enlignements et choix budgétaires, fiscaux et économiques du ministre Bachand il y a trois ans, il récidive ici avec une étude sur le mode de taxation le moins dommageable à l’économie : les impôts ou les taxes à la consommation.
Bien sûr, sans avoir besoin de lire son étude, on connaît la réponse : les taxes à la consommation sont moins dommageables à la croissance économique.
Mais la véritable question qu’il faut poser, c’est : à la croissance économique de qui ? Parce que lorsque Godbout affirme que l’augmentation d’un point de la taxe de vente jointe à une baisse équivalente de l’impôt pourrait augmenter de 511$ en moyenne le revenu des individus, il ne fait pas de différence entre ceux qui ne paient pas d’impôt (parce qu’ils n’en ont même pas les moyens !) et les plus hauts revenus !
Par exemple, pour un revenu de 200 000$, chaque baisse de 1% du taux d’imposition signifie une économie d’impôt de 2 000$. Pour un revenu de 500 000$, ça signifie 5 000$ de moins en cotisation fiscale.
Difficile de penser que ce sont ces mêmes personnes qui auront économisé ces montants qui vont consommer suffisamment pour que revienne dans les coffres du gouvernement l’équivalent de leur contribution fiscale. Pour qu’une telle chose arrive, ce seront donc d’autres personnes qui contribueront à leur place !
De plus, les impôts ne s’appliquent pas qu’aux individus : ils concernent également les entreprises et les institutions financières. Et dans leur cas, aucune taxe à la consommation ne remplacera l’impôt qui s’applique à eux.
Et les baisses d’impôts que leur ont consenties nos gouvernements ces dernières années n’ont pas servi à créer de l’emploi, comme prétextaient nos gouvernements, mais à verser de plus hauts dividendes à leurs actionnaires !
On voit bien à la croissance économique de qui s’intéresse M. Godbout.
La seule chose que son étude réussit à démontrer, c’est que l’impôt progressif, c’est-à-dire une contribution fiscale en fonction de la capacité de payer, est la seule forme de taxation qui soit équitable parce qu’elle oblige ceux qui ont une plus grande capacité à payer plus… justement parce qu’ils en ont la capacité !
De par son étude, M. Godbout ne fait qu’actualiser la citation d’Alphonse Allais : « Il faut prendre l’argent là où il se trouve, c’est-à-dire chez les pauvres. Bon d’accord, ils n’ont pas beaucoup d’argent, mais il y a beaucoup de pauvres. »
Mais ce cher Alphonse, lui, disait cela ironiquement : il ne se prenait pas au sérieux !...
Pour écouter l’entrevue - 9 :45 à 17:50 -, cliquez ici.
Pour lire l’article sur le même sujet paru dans la Presse du 30 janvier., cliquez ici.