En naviguant sur Internet à la recherche d’information, je suis tombé par hasard sur le site d’une ONG qui décrit assez bien les paradis fiscaux. « Les paradis fiscaux comme les Iles Caïmans, les Bermudes, mais aussi Luxembourg, la Suisse, la City de Londres, etc. sont des centres financiers qui organisent l’opacité, cultivent le secret et ne font pratiquement pas payer d’impôts aux particuliers et aux entreprises. Les multinationales y enregistrent des sociétés, parfois complètement fictives – une boîte aux lettres ! – pour faire émerger leurs profits dans ces filiales non imposées ». Une autre ONG de dangereux gauchistes, me direz-vous ? Pas du tout. Le CCFD Terre Solidaire est une organisation non gouvernementale française qui reçoit sa mission de… la Conférence des évêques de France.
Mafia inc.
On aurait tort de présenter les paradis fiscaux qu’en termes économiques et fiscaux, alors que ceux-ci constituent des bombes à retardement démocratique. Non seulement les paradis fiscaux permettent de blanchir les fruits d’activités criminelles, mais ces sommes nouvellement blanchies deviennent objet de désir pour les États de droit qui courtisent les investissements étrangers.
Selon Alain Deneault, auteur du livre Offshore : paradis fiscaux et souveraineté criminelle : « le métissage entre argent licite et illicite devient de plus en plus serré et se fait sentir dans nos États de droit. Ainsi, des groupes qui nous vendent de l’essence au détail se livrent au commerce des armes, les succursales bancaires à qui l’on confie notre épargne gèrent des trafics d’influence qui bénéficient à de terribles dictatures […] Ces économies parallèles ne sont rien de moins que nos économies ». La multinationale italienne Parmalat est un bon exemple de cette confusion grandissante entre activités légales et illégales. En 2003, le journal Le Monde qualifiait ainsi l’entreprise : « un empire spécialisé dans la spéculation financière et les transactions offshore qui, accessoirement, produit du lait et des yaourts ».
Voilà un élément à la fois décourageant et empreint d’espoir puisque l’existence des paradis fiscaux n’est possible que par la complicité de nos États de droit. Ceux-ci peuvent mettre fin à ces juridictions politiques sur mesure. Nos dettes publiques seraient sans doute moins élevées si nos gouvernements cessaient de fermer les yeux et agissaient pour barrer la route à ces détournements de fonds.
Un pillage organisé du Sud
Les paradis fiscaux ont autant, sinon plus, d’impact au sein des pays en développement que chez nous. En 2009, Oxfam International estimait de façon très prudente à 125 milliards d’euros les sommes échappant annuellement aux caisses des États du Sud. Imaginez ce que des pays en développement pourraient faire avec cette somme ? Rappelons que les populations locales des paradis fiscaux ne bénéficient pas de l’argent investi virtuellement chez eux. Seuls les grands conglomérats et les grandes fortunes de ce monde en profitent.
Doit-on déceler dans l’inaction de nos gouvernements quant aux paradis fiscaux une approbation complice de ces mécanismes de détournements de fonds ?
Liens
Aidons l’argent à quitter les paradis fiscaux
http://www.aidonslargent.org/Comprendre
L’affaire Parmalat ébranle le capitalisme italien