Édition du 17 décembre 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Politique québécoise

Les indignés partent, l’indignation demeure !

Mais n’en déplaise à tous les Mario Dumont de ce monde, chevalier de l’ordre établi et des pouvoirs dominants, les camps des indignés auront beau disparaître du paysage, le sentiment d’indignation, exprimé avec éclat par ces rassemblements hétéroclites, risque de perdurer et de se répandre. Et avec raison.

Soir après soir, les bulletins de nouvelles nous rabattent les oreilles avec les Nasdaq, S&P/TSX, Dow Jones, et autres indices boursiers qui montent et descendent au gré des rumeurs du jour. Des soubresauts, parfois violents, qui n’ont rien à voir avec l’économie réelle mais qui démontrent à quel point celle-ci a été prise en otage par les spéculateurs et les gestionnaires financiers à leur solde. « Les marchés », qu’on les appelle, dont la bonne santé est directement proportionnelle aux sacrifices qu’on exige des populations dont les gouvernements se sont endettés pour renflouer les banques en mal de profits rapides, et relancer l’économie mise à mal par leur gloutonnerie. Et il faudrait accepter sans rechigner des coupes drastiques dans la santé, l’éducation et le soutien aux plus démunis pour rembourser les abus commis par une classe d’enrichis ?

Notre premier ministre parcourt le monde proclamant un Québec « bar ouvert » pour qui veut bien s’enrichir à même nos ressources. Tout est à vendre et pas nécessairement au plus offrant à part cela. Nos forêts, nos ressources minières, nos ressources énergétiques, qu’elles soient gazières, pétrolières, éoliennes, tout, absolument tout est sur la table. Des occasions en or, mais pour les autres. Là où il y a perspectives de profits, pas touche !, on laisse ça au capital privé et… étranger. Et qu’importe si, ce faisant, on « scrappe » le présent et on hypothèque l’avenir. Des emplois, par ci, par là, quelques miettes de redevances et l’affaire est « ketchup ». Développement durable ? Principe de précaution ? Maîtres chez nous ? Besoins des générations futures ? Voyons donc ! Money talk ! Et il faudrait se résigner ?

De 1990 à 2008, l’économie canadienne a prospéré de 60%. Pourtant, l’endettement moyen des ménages s’est accru de 61%, dont plus du tiers pour des dépenses de consommation courante, et les banques alimentaires accueillent un nombre sans cesse croissant des familles avec emploi. Mais où sont donc allés les fruits de cette croissance ? Y’a quelqu’un quelque part qui a empoché plus que les autres. Et ce ne sont pas les gouvernements puisqu’eux aussi se sont endetté ?

Les inégalités s’accroissent à un rythme effarant. S’étonnera-t-on des résultats d’une étude menée l’automne dernier par la Banque Royale du Canada qui démontrait que 544 000 ménages, soit 3,7 pour cent du total des ménages, détenaient 67 pour cent de la richesse financière totale au Canada. Et ces familles très riches jouissent souvent d’un traitement fiscal privilégié, les revenus de dividendes n’étant imposés qu’aux deux tiers d’un revenu d’emploi et les gains en capital qu’à la moitié. Et on devrait se résigner…

Pas question ! Pour ces raisons et combien d’autres encore, le mouvement des indignés se doit, occupation ou pas, de perdurer et de persister dans ses exigences d’un monde plus juste, d’une société plus égalitaire et d’une économie au service du bien commun. Il se trouvera bien, un jour, des hommes et des femmes qui auront le courage de s’en faire les porteurs politiques pour les soumettre à l’électorat. Car les changements souhaités passent nécessairement par là.


(Éditorial de la Gazette de la Mauricie)

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