Dans l’état actuel de l’économie mondiale, alors que les émissions de GES continuent de grimper [2], alors que nos dirigeants continuent de nier la gravité de la situation et s’emploient à développer le secteur des hydrocarbures, à quoi les populations doivent-elles s’attendre ? Qu’est-ce qui arrive quand le climat s’emballe ? Quelle est la nature de l’impact à venir ? À quoi ressemblera le mur du climat ?
Pour répondre à ces questions, l’historienne des sciences et professeure à Harvard Naomi Oreskes et l’historien de la NASA Erik M. Conway ont écrit un scénario de la crise climatique [3] en se basant sur les prévisions des études sur le climat. Voici les grandes lignes des événements auxquels l’humanité pourrait être confrontée dans les décennies à venir si l’inaction actuelle perdure : Vers 2023 s’installe l’été perpétuel, avec des vagues de chaleur sans précédent qui causent des pertes de bétail et d’animaux domestiques. Les vagues de sécheresse et de chaleur deviennent la norme vers 2040. L’eau et les denrées alimentaires sont rationnées. Vers 2041, une vague de chaleur sans précédent détruit les récoltes sur l’ensemble du globe et crée la panique. Commencent alors des émeutes de la faim dans toutes les grandes villes, des migrations massives de populations sous-alimentées, la croissance explosive des populations d’insectes, et les épidémies : typhus, choléra, dengue, fièvre jaune et agents viraux et rétroviraux jusque-là inconnus.
Vers 2060, la banquise arctique estivale disparaît entièrement et une hausse soudaine des émissions de méthane (CH4) double la concentration de carbone dans l’atmosphère. La température planétaire monte de 6°C supplémentaires ce qui entraîne simultanément l’effondrement des inlandsis de l’Antarctique occidental et du Goenland, provoquant une hausse de 8 mètres des niveaux marins sur la planète. 20 % de la population mondiale est déplacée. Ces nouveaux mouvements de population entraînent de nouvelles épidémies. Une estimation prudente situe entre 60 et 70 % les espèces qui disparaissent… Et ça continue !
Comment faut-il qualifier le récit de ces historiens ? Fiction narrative ou vulgarisation scientifique ? Si les événements relatés ne sont pas des faits réels, ils reposent néanmoins sur des constats établis par la science. Cette même science du climat qui fait dire aux experts qu’avec le budget de carbone qui nous reste, il faut diminuer nos émissions de GES de 10 % par année si nous voulons éviter de dépasser le seuil de réchauffement de 2°C d’ici 2050 [4]. Ce seuil au-delà duquel les scénarios de la science se transforment en Histoire. Parlons-en autour de nous. Ne restons pas passifs devant l’avidité, l’ignorance, ou le déni de tous ceux et celles qui veulent faire croire que les projets pétroliers et gaziers au Québec, comme ailleurs, sont créateurs de richesse.
Louise Morand
Comité vigilance hydrocarbures l’Assomption
25 juillet 2014