Édition du 17 décembre 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

De quoi réfléchir

Qui décident ? Qui devrait le faire ?

La stratégie de confrontation de l’État et des villes pour faire payer aux salariés municipaux les congés de cotisation sur les fonds de pensions de ces salariés tourne court. La riposte semble à la hauteur de la désinformation systématique que les maires et les Libéraux voient se déployer en leur faveur dans les médias traditionnels. Personne ne pose la question de la disparition des fonds prélevés lors de ces congés de cotisation que se sont donnés les administrations municipales.

Tout le monde est pour la bonne gestion. Tous veulent que le compte de taxe soit le minimum possible pour les contribuables. À ce sujet le procès d’intention que l’on fait aux syndiqués sonne faux. Qui a géré en comptant d’abord sur les économies fait sur le dos des salariés pour faire balancer les comptes municipaux ? Voilà bien une bonne interrogation devant laquelle le public devrait être placé.

La réaction outrée des chroniqueurs de tout acabit est un genre de désaveux de la parole donnée après des années de lutte des syndicats concernés dans le secteur municipal. On en appelle à l’État dirigé par les Libéraux. Mais c’est le voleur lui-même qui crie au loup. Les Libéraux ne se font pas prier. Leur penchant en faveur du néolibéralisme les place comme alliés naturels des maires tout aussi Libéraux et de connivence avec le gouvernement.

Ensemble, ils ne conçoivent pas que des salariés et leurs syndicats soient devenus des agents puissants de progrès social qui exigerait que les ponctions en taxes soient soutirées à ceux qui ont les moyens de fournir à la caisse commune, soit les riches exploitants des ressources municipales qui se retrouvent dans leurs parcs industriels. S’ils manquent de pouvoir pour le faire, ce ne devraient pas être les salariés qui écopent. Ils devraient plutôt se tourner vers les pouvoirs supérieurs, non comme maintenant pour obtenir des ressources sur le dos des salariés, mais pour que ces moyens ou des pouvoirs soient mieux partagés.

Les détracteurs des fonds de pensions des salariés du municipal sont les premiers à bénéficier des progrès de société qui ont été réclamés puis obtenus par ces syndiqués : un système d’éducation moderne où ils ont puisé l’apprentissage de leur métier de journalistes, un système de santé promu par le communiste Norman Béthune dans les années trente, des infrastructures et des villes fonctionnelles dont ils ne cessent de dénigrer, en plus, l’entretien et le manque de moyens par les fonctionnaires municipaux, … Sont-ils donc aveugles qu’ils ne voient rien de tout ce qu’ils doivent, comme contribution à leur mode de vie, aux employés des villes.

On a poussé les hauts cris à la suite de l’intervention des salariés et de leurs syndicats auprès des jeunes participants aux Jeux du Québec. Ce serait pervertir la jeunesse que de lui expliquer d’où viennent les institutions et les organisations qui leur permettent de s’épanouir au cœur de leurs villes. Qui fournit les services publics dévoués à un sort plus attentif aux apprentissages de ces jeunes ?

L’État et les patrons en général voudraient bien nous confisquer l’avenir de nos rapports avec la jeunesse. C’est une stratégie cynique qui va à l’encontre d’un célèbre mot de la gauche : « L’avenir est à nous ! ».

Dès aujourd’hui, les syndicats du secteur public posent ce problème à la jeunesse de la solidarité avec les plus âgés au lieu de lui inculquer, comme les chroniqueurs, une sorte de méfiance face à ce qui pourrait constituer une merveilleuse source d’apprentissage sur leur condition et comment elle leur est arrivé d’un passé de luttes et de conquêtes démocratique comme celles des infrastructures municipales à leur service.

En fait, ce sont les politiques néolibérales qui n’ont pas d’avenir sérieux. La jeunesse québécoise, qui se voit offrir des institutions sur lesquelles ont reproche aux syndicats de vouloirs influer comme les Jeux du Québec, a besoin de fonctionnaires municipaux dont les droits sont reconnus et qui restent dévoués à leur travail parce qu’ils auront eux-mêmes une retraite descente. Ce qui est gagné aux fils des combats syndicaux maintenant est souvent associé plus tard à des progrès de société dont les plus jeunes auront le loisir de jouir. Il ne faut pas sous-estimer la capacité des syndicats, non pas de « léguer une dette aux générations futures », mais de leur assurer un avenir prometteur.

Les Jeux du Québec ont été créés par Claude Charron à la suite de l’élection d’un gouvernement du Pati Québécois. Ce gouvernement, au nom « d’un préjugé favorable aux travailleurs », avait légué aux jeunes québécois cette institution qui a permis à beaucoup d’entre eux d’exceller dans leur sport. Mais est-ce qu’il ne tiendra pas de l’élémentaire reconnaissance que d’attribuer aux fonctionnaires municipaux une capacité logistique dans l’organisation de ces Jeux au lieu de leur reprocher la main tendue aux jeunes participants à ces Jeux ?

Le silence des administrateurs municipaux, et de leurs alliés dans les médias traditionnels, sur les congés de cotisations est éloquent sur la manœuvre politique qu’ils veulent imposer aux syndiqués comme des charges de leur mauvaise administration passée. Il est si facile de faire reporter sur d’autres épaules les responsabilités mal assumées de ce passé.

Est-ce que le socialisme, qui ouvrirait aux salariés ces institutions de pouvoir, ne serait pas une solution aux confrontations régulières qui se manifestent toutes les fins de contrats ? Pour nous, un pouvoir ouvrier ne réglera sans doute pas tout, mais il aurait l’avantage de retirer aux carriéristes, comme Labeaume et Coderre, l’aspiration à la gouverne de villes dont ils se font l’ambition d’une gestion irresponsable pleine de ce genre de magouilles ?

Guy Roy

Guy Roy

l’auteur est membre du collectif PCQ de Québec solidaire à Lévis.

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