Ce débrayage a pour but de faire avancer la négociation et de dénoncer l’immobilisme de l’employeur dans un processus qui perdure depuis maintenant dix-huit mois. Il vise également à protester contre le projet de loi 15 qui scinde l’unité d’accréditation et prive un groupe de 300 salariés du droit de s’affilier à une centrale syndicale.
« Cela n’a pas de bon sens. Alors que les négociations sont en pratique terminées pour à peu près l’ensemble des syndicats des secteurs public, parapublic et péripublic, nos membres de la CCQ sont toujours dans l’expectative et espèrent obtenir un règlement dans les plus brefs délais. C’est l’employeur qui est en demande, notamment sur le régime de retraite, mais il refuse de s’asseoir à la table de négo. C’est le monde à l’envers », a souligné Daniel Gamelin, président de la section locale 573 du SEPB-Québec.
La cerise sur le gâteau
Pour Serge Cadieux, la présentation du projet de loi 15 concernant la corruption dans l’industrie de la construction est la goutte qui a fait déborder le vase. Les travailleurs visés, les techniciens, les inspecteurs et les coordonnateurs, sont les principaux concernés par l’unité permanente anticorruption (UPAC).
« Comment pouvez-vous croire que ces travailleurs et travailleuses vont collaborer à l’UPAC, alors qu’on leur enlève un droit démocratique fondamental. Selon la lettre d’entente à leur convention, cette collaboration est possible sur une base volontaire. À l’instar des procureurs de la Couronne qui boudent l’UPAC depuis que le gouvernement a décidé de leur imposer un retour au travail, les salariés de la CCQ n’hésiteront pas à faire de même.
Je crois fermement que le gouvernement est en train de se tirer dans le pied. Son projet de loi anticorruption est peut-être beau sur papier, mais il sera incapable, à toutes fins pratiques, de mettre en place les dispositions pour le faire fonctionner. Je suis de plus en plus persuadé que ce scénario a été imaginé pour éviter une commission d’enquête dans l’industrie de la construction, mais il sera inopérant. On finira bien par juger l’arbre à ses fruits », a dit Serge Cadieux.
Le travail des députés
Pour le dirigeant syndical, il y a un parallèle à faire avec la présentation du projet de loi 204 sur l’entente entre Labeaume et Péladeau.
« Il y a une incohérence certaine chez nos députés. Alors que le Québec est une société de droit, on prive ses citoyens de leur droit de contester une entente qui pourrait par ailleurs être douteuse et dans la même vague, on met à mal le droit à la liberté d’association d’un groupe de travailleurs. En fin de compte, à quoi servent nos élus ? » a conclu Serge Cadieux.
Le SEPB-Québec suit l’évolution des travaux de l’Assemblée nationale en vue de l’adoption du projet de loi 15 et examine la possibilité d’entamer un recours juridique et d’en contester la constitutionnalité, le cas échéant.