Avant d’avancer dans notre analyse, il est important de s’arrêter sur ce qu’est le NED et ce qu’il n’est pas. Premièrement il n’a rien à faire avec la démocratie comme on nous l’enseigne à l’école c’est-à-dire, une personne un vote et tout le monde a son mot à dire dans les décisions, etc. etc. Cette version est souvent appelée, « la démocratie d’en bas ». Le NED s’oppose à cette conception de la démocratie. Il défend la démocratie du haut vers le bas, qui est limitée aux élites, la démocratie « patriarcale ». Dans cette version, les élites choisissent les candidatEs et les questions qu’il est intéressant de proposer au peuple, toujours en limitant les choix à ceux qui les satisfont. Quand elles ont fait leurs choix définitifs, elles le présentent au peuple. Le NED, continue pourtant son bla-bla sur sa mission de « promotion de la démocratie dans le monde ». C’est une des manières les plus cyniques d’utiliser la démocratie. C’est remarquable, même dans ce que mon ami Dave Lippmann appelle la « supercherie de Washington ».
L’autre caractéristique du NED c’est qu’il n’est pas du tout indépendant comme il le répète ad nauseam. C’est une créature du Congrès établit par une loi du Président Reagan, grand défenseur de la démocratie(!) et son financement lui est fourni chaque année par le gouvernement américain. De plus, son bureau de direction est composé de personnes du cercle politique ; messieurs H, Kissinger, Z .Brzeinski, F. Carlucci, P. Wolfowitz, Mme M. Albright et le Général Wesley K. Clark en ont fait parti. Dans le groupe actuel, M. Elliot Abrams est le plus connu, issu de l’administration Reagani.
En réalité, cette organisation fait parti des outils de l’Empire américain. Elle n’est indépendante qu’au sens ou aucune administration présidentielle ne peut y intervenir directement pour contrer sa composition, ses activités même si elle le voulait.
Son tout premier directeur, le professeur A. Weinstein de l’université Georgetown, admettait dans le Washington Post, en 1996, que beaucoup de ce que fait le NED était exécuté antérieurement par la CIA.
Dans son livre, Promoting Polyarchy, le Professeur William Robinson soutient que la création du NED provient d’un virage dans la politique extérieure américaine : « elle est passée des stratégies qui utilisaient le contrôle des appareils d’État et de gouvernement pour contenir les mobilisations politiques et sociales à celles qui privilégient la promotion de la démocratie. Dans cette configuration, les élites locales et américaines s’unissent et pénètrent profondément la société civile. À partir de ce point d’assise, elles assurent le contrôle des mobilisations populaires et des mouvements de masse ».
J’ai analysé cette situation dans mon livre AFL-CIO’s Secret War Against Developing Country Workers : Solidarity or Sabotage ? Ainsi, au lieu d’attendre qu’un gouvernement ami soit menacé par son peuple et doive se défendre, la politique extérieure américaine intervient en amont dans la société civile selon ses propres buts politiques avant que le mouvement populaire ne puisse se développer significativement ; elle soutient certains groupes et politiciens et oriente la mobilisation dans le sens que cherche le gouvernement américain. Il est bien entendu que cela veut aussi dire que les organisations de la société civile peuvent également être utilisées contre les partis et organisations auxquels le gouvernement américain s’oppose. Par exemple, le NED a financé toutes les révolutions « colorées » en Europe de l’est et je soupçonne que c’est le cas actuellement en Ukraine et ailleurs.
Comment cela marche-t-il ? Ils travaillent à travers quatre « instituts » : l’International Republican Institute (qui est dirigé par le sénateur J. McCain en ce moment), le National Democratic Institute for International Affairs (dirigé en ce moment par Mme M. Albright qui a été secrétaire d’État), le Center for International Private Entreprise, c’est-à-dire l’aile américaine de la Chambre de commerce internationale et l’American Center for International Labor Solidarity, l’aile de la politique extérieure de l’AFL-CIO que dirige R. Trumka le président de son comité de direction. J’ai exposé dans mon livre le rôle de cette dernière organisation qui a été impliquée dans la tentative de coup d’État de 2002 au Venezuela. Elle a participé à des réunions avec des leaders qui ont ensuite été impliqué dans cette tentative de coup. Elle a nié l’implication de ces leaders syndicaux de droite, le CTV qui est affilié à l’AFL-CIO. Nous savons de façon sure que le NED est actif au Venezuela depuis 1997.
Il continue à financer des projets dans ce pays en ce moment. Son rapport annuel de 2012, le dernier accessible, nous montre qu’il a donné 1,338,331.00$ à des organisations et des projets vénézuéliens l’an dernier. (…) En plus, il a aussi financé, sur son site une page pour l’Amérique Latine et les Caraïbes et il a accordé un fond de 465,000$ à l’American Center for International Solidarity pour qu’il poursuive ses objectifs de développement de la « liberté d’association » dans la région et un autre fond de 380,000$ pour agir au Venezuela et en Colombie. L’international Republican Institute et le National Democratic Institute for International Affairs avaient déjà contribué de leur côté plus 1,300 millions de dollars.
L’idée de travailler à la « liberté d’association » au Venezela a quelque chose d’ironique. C’est là qu’on trouve un des plus haut taux de participation politique publique et un niveau de liberté de la presse les plus élevé également. Malgré l’implication massive des médias privés dans la tentative de coup de 2002 le gouvernement ne leur a pas retiré leurs droits de diffusion.
Autrement dit, le NED et ses instituts ne travaillent pas au Venezuela à la promotion de la démocratie comme ils veulent bien nous le faire croire. Ils travaillent à la contrer et mettent leurs efforts à restaurer le pouvoir des élites et leur démocratie verticale, du haut vers le bas. Ils veulent tous, tant qu’ils sont, venir à bout de ces abominables Chavistes et montrer qui est le patron dans l’Empire américain. Je parie qu’ils vont échouer.