Ce Sommet a été présenté aux étudiants et étudiantes comme un grand exercice de réflexion ouverte qui répondrait aux grandes questions soulevées par le printemps étudiant. Un an après le début de la GGI, nous constatons que rien n’est plus faux. Le Sommet cherche à confirmer des choix déjà pris derrière portes closes. Au lieu de laisser place à un vrai débat sur la mission de l’université québécoise, il cherche à dégager des consensus qui suivent la droite ligne de la marchandisation de l’éducation.
Des délégués et déléguées de l’ASSÉ ont rencontré la Première Ministre et le ministre Duchesne à la suite de notre ultimatum. Le message : « cause toujours ». On pourra parler de gratuité scolaire, mais impossible de remettre en question le cadre économique du gouvernement, qui impose une fin de non-recevoir à toute mesure progressiste. Une réduction des frais de scolarité ne sera même pas considérée sérieusement, au même titre qu’un retour de la taxe sur le capital des institutions financières pour la financer. Au contraire, le gouvernement renie l’importance sociale de la gratuité et prépare différentes formes d’indexation : une avenue à 3 voies vers une nouvelle hausse. Ainsi, nous considérons que les revendications émanant du congrès de Saint-Félicien ne sont pas respectées par le gouvernement.
Pour Pauline Marois et Pierre Duchesne, le gel est une indexation. L’indexation est un compromis. Un compromis pour qui ? Pour les grandes entreprises, qui continuerons de profiter de l’endettement étudiant, de la recherche à bon marché et d’un climat fiscal qui n’a jamais été aussi favorable ? L’indexation des frais de scolarité vient enchâsser l’éducation postsecondaire comme un produit dont le prix augmente au même rythme que celui d’une pinte de lait. C’est la mort de l’éducation libre, et une tentative de tuer définitivement le rêve de la gratuité scolaire, de mettre de côté la vision du printemps érable. Le gouvernement n’a rien compris : la gratuité n’est pas un débat de chiffre. Oui, elle permettrait à jusqu’à 26 000 nouveaux étudiants et étudiantes d’accéder à l’université. Oui, elle coûterait 300 millions, ou 700 millions, ou 1,1 milliards. Mais la question va beaucoup plus loin : la gratuité scolaire est un projet politique, qui remet en question toute une conception du rôle de la collectivité au sein du financement des services publics.
Ce sommet suit un modèle éprouvé. Rassembler le plus d’organisations possibles autour d’une même table, écraser les voix dissidentes sous le marteau du consensus, et mettre en place leur plan d’action : réformes néolibérales et coupures sans distinction, au nom du déficit zéro. En 1996, la société civile avait fait un pacte avec le diable et avait accepté de mettre en place des politiques d’austérité, après un sommet socioéconomique du Parti Québécois. La suite : 400 millions de coupures en éducation et une hypothèse de hausse des frais de scolarité. Cette année, la même farce semble se répéter. Le gouvernement péquiste trahit une fois de plus la prémisse progressiste de son élection. Même les apparences d’ouverture s’écroulent comme un château de carte, au même rythme que la crédibilité de ce Sommet improvisé.
Nous ne légitimerons pas cette mascarade. Les étudiants et les étudiantes ne feront pas partie de ce consensus imposé. En 2010, l’ASSÉ avait boycotté la rencontre des partenaires en éducation, qui avait pour but de discuter des détails de la hausse des frais de scolarité. Aujourd’hui, nous sommes plus forts et fortes que jamais. Et nous ne serons pas dupes. Si nous voulons avoir notre voix au chapitre, il faudra faire ce qui a toujours fonctionné pour le mouvement étudiant : continuer à se mobiliser. Ce ne sont pas quelques délégués et déléguées qui vont faire une différence. C’est nous tous et toutes.
Parce qu’on a pas fait 6 mois de grève pour ça, faisons grève et manifestons le 26 février à 14h, au Square-Victoria. Au sommet du PQ, revendiquons une éducation libre, accessible et gratuite, et bloquons l’indexation des frais de scolarité !