Cet ouvrage est important tant pour le mouvement indépendantiste que pour le mouvement féministe. Les femmes ont peu parlé du pays, de l’indépendance et des luttes féministes. Longtemps le mouvement indépendantiste avait comme stratégie (et certaines personnes la défendent encore) de d’abord réaliser l’indépendance et ensuite de réaliser les autres revendications des mouvements sociaux. Mais après quarante ans de vie politique du PQ et deux référendums où le oui a été rejeté, les mouvements sociaux montrent de l’impatience et développent de nouvelles stratégies. De nouveaux partis indépendantistes sont apparus. C’est dans ce contexte que la notion d’assemblée constituante a pris forme et est devenue un projet social rassembleur. Le livre aborde ces sujets.
Le mouvement des femmes est aux premières loges pour mettre de l’avant l’importance du féminisme dans la construction d’un Québec indépendant. C’est ce sur quoi l’ensemble des articles de ce livre insiste soit en se référant à l’histoire du mouvement des femmes ou au mouvement des arts et de la culture ou soit à partir de l’expérience dans le mouvement syndical.
Les exemples du mouvement syndical sont ici importants car ils démontrent très bien les interventions du gouvernement fédéral brimant la vie des femmes. L’équité salariale, les droits de la famille et la justice pénale pour les personnes ados ainsi que les services de garde et congés parentaux sont bien détaillés. L’assurance chômage y est présentée dans ses aspects les plus contraignants pour les femmes les plus bas salariées, à salaire minimum et à travail précaire et partiel. En plus, un article porte entièrement sur les régimes de retraite qui démontrent bien que les femmes aînées sont appauvries et ne bénéficient pas des mêmes revenus à la retraite que les hommes.
Mais où le livre innove, c’est en faisant parler les femmes autochtones sur comment elles voient le féminisme et l’indépendantisme. Pour elles le féminisme ne se définit pas de la même façon que pour les Québécoises. Leur vie en communauté ne développe pas les mêmes relations hommes et femmes même si les attitudes patriarcales sont de plus en plus dénoncées par les femmes autochtones. Quant à l’indépendantisme, pour les femmes autochtones ce qui compte c’est la lutte contre le colonialisme, les génocides et les féminicides.
Le livre s’achève sur un postface : « Articuler indépendantisme et féminisme : la position du Réci ». Ce texte est presque un manifeste proclamant l’indépendance pour réaliser certaines aspirations du féminisme. Les deux mouvements doivent se lier parce qu’ils ont des points communs dont un en particulier : ils se renforcent l’un et l’autre. Le texte explique aussi ce qu’est une indépendance conditionnelle qui ajoute au projet de pays des réformes des politiques publiques. Mais dans le développement du texte, les auteures précisent que lier indépendance et féminisme n’est pas le développement de l’indépendance conditionnelle mais la construction du projet de l’indépendance elle même. Et que cette combinaison va permettre aux femmes d’être au premier rang pour le Québec pays.
À dévorer en prenant votre café
ginette lewis
Un message, un commentaire ?