Édition du 24 septembre 2024

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Québec

Le Congrès de Qs sur les statuts

QS tiendra fin novembre un Congrès sur ses statuts. Pour présenter les propositions en vue de cette instance un webinaire a été tenu le 25 octobre. Un tour d’horizon des principaux changements ont été expliqué aux personnes participantes. Nous aimerions revenir sur cette synthèse.


Un prélude difficile

Toute la démarche sur le renouvellement des statuts s’est basée, nous a-t-on dit, sur une grande consultation (plus de 700 personnes y auraient participé) auprès des membres de QS. Quoi de plus démocratique et de plus ouvert pour construire la structure du parti.

Mais regardons de plus près cette démarche démocratique.

Une consultation large de toutes les personnes membres donne une photographique plurielle de plusieurs visions idéologiques. Il y a une diversité de processus de politisation dans QS auxquels s’ajoutent des facteurs sociaux et générationels. Le programme et les valeurs de Qs ne sont pas partagés de la même façon par tout le monde.

Alors comment unifier le parti face à cette diversité d’opinons ? 700 réponses est-ce suffisant ?

Aller chercher l’opinion des membres ou voir où en est QS dans son fonctionnement.

Pour voir autrement disons que les statuts se fondent sur une vision de QS et c’est à partir d’une analyse claire de l’état actuel de QS que la démarche aurait pu démarrer.

Quelle vision a-t-on du parti ? On y parle beaucoup de Parti de la rue et Parti des urnes mais tout est centré sur les élections. Et bien entendu un ou une nouvelle membre qui adhère à QS vient à un parti politique pour faire de la politique partidaire donc s’impliquer dans les élections faute de savoir clairement comment combiner son implication dans la rue et dans les urnes. Les urnes apparaissent comme priorité alors qu’à l’origine les urnes n’étaient que le porte voix de la rue.

Ce processus pose donc beaucoup de questions sur les objectifs des nouvelles propositions de restructuration du parti : faire de QS un parti militant qui veut se lier aux mouvements sociaux ou approfondir la démarche purement électoraliste.

La question du chef

Il y aura d’abord élections des deux porte parole, puis élection du chef, puis élection du leader parlementaire, puis de la personne au débat des chefs puis au poste de premier ministre mais pour ces trois derniers votes il faudrait que ce soit la même personne élue. Tout ce processus compliqué pourquoi ? Aller chercher de l’argent.

Voilà un bel exemple d’une approche purement électoraliste pour construire rapidement un parti autour d’une personnalité et aller chercher des votes alors que la création de deux porte parole à l’origine se voulait une démarche féministe pour briser le peu de place des femmes en politique.

Est-ce que la place des femmes à l’Assemblée nationale est si paritaire que nous n’avons plus à nous en soucier ? Est-ce que les femmes sont si reconnues en politique que nous n’avons plus à mettre de l’avant nos valeurs féministes ? Pourtant le caucus de Qs n’est pas paritaire même si la parité des candidatures étayait la liste de QS.

Nous vivons dans une société capitaliste et patriarcale. La notion du chef politique est plus qu’une image, c’est la structuration politique du patriarcat autour du leader fort mâle, blanc, jeune et si possible homme d’affaires. Pourquoi jouer sur ce terrain ? Pour avoir la possibilité de faire des dons de 500 $ au prix de renoncer à nos valeurs féministes ?

C’est là que l’on voit que la formation politique de Qs a des ratés quand un des enjeux de base de ses valeurs féministes est remis en question.

La question du pouvoir et les remarques des militants et militantes

La restructuration de Qs passe aussi à côté de mieux équilibré les pouvoirs dans QS.

Le premier pouvoir remis en question nombre de fois par les personnes militantes c’est celui des communications. Comment les statuts écoutent ces remarques ? En séparant communications externes et internes et en créant un poste aux communications internes. Rien, absolument rien, sur les pouvoirs d’enlignement du service des communications. Oh la responsable a bien sûr démissionné de son poste. Serait-elle responsable des problèmes de com ? La seule responsable ? Non, il faut voir les coms comme un silo de pouvoir dans Qs dont les personnes militantes ont peu accès et qui a causé un hola de critiques lors du bilan des dernières élections. Il y a de quoi décevoir les personnes militantes

Autre zone de pouvoir, le caucus de l’Assemblée nationale. Résultat les personnes déléguées auront à voter si le caucus envoie une délégation au Congrès ou si les personnes députées vont devoir passer par leur asso. Mais rien, absolument rien, sur le droit du caucus de prendre des positions publiques sans discussion dans Qs. Oups, les militants et militantes apprennent en lisant les journaux que QS est pour la filière es batteries de Nortvolt ou pour des quotas en immigration ou encore que Qs n’a rien dit sur tel ou tel sujet. Et le programme dans tout cela, est-il toujours respecté ?

Le pouvoir dans Qs s’est donc hiérarchisé au fil des ans. Il est devenu de plus en plus centralisé à Montréal avec une vision montréalo-centriste du Parti et une équipe bien rodée de permanence. Pas étonnant qu’aux deux derniers conseils nationaux, les régions se sont fait entendre. Mais le départ de Émilie a tout remis en question tout en mettant sur la table le pouvoir de centralisation dans les mains d’une petite équipe. Ce que Catherine Dorin avait déjà dénoncé. Les statuts pour corriger ces disfonctionnements abolissent les assemblées régionales et permettent à plusieurs territoires de se former en circonscriptions multi-associations. Le parti devient un parti d’assos centralisé à Montréal. Les assemblées en région, si elle avaient eu plus de soutien et plus d’enlignements clairs, auraient pu devenir des lieux de discussions politiques et de réflexions sur les disparités régionales. Les militants et militantes des régions ont-ils-elles été consulté.s ? Ils-elles ont de quoi être déçu.es.

Maintenant les réseaux militant et les collectifs. Pour les collectifs, il est proposé soit de les maintenir ou de les abolir. Pour justifier l’abolition les arguments mentionnent que les collectifs ont peu de droits et qu’un groupe fracebook peut réaliser les mêmes objectifs. Est-ce que les collectifs ont été consultés ? Quant aux réseaux militants il est proposé de les fusionner avec les commissions politiques pour devenir des comités d’actions politiques symbolisant le parti des urnes et de la rue : la réflexion et l’action. Mais l’ensemble des réseaux ont exprimé ne pas vouloir ce type de fusion. Est-ce que les réseaux ont été écouté dans cette restructuration ?

Hiérarchisation, concentration, simplification des structures mais aussi beaucoup individualisation des personnes militantes qui voient leurs champs d’implication de plus en plus restreint. Cet exercice pose donc une solidification du pouvoir centralisateur de QS.

En conclusion

QS récolte donc le fait que le membership n’a pas eu de réelle formation sur le programme et n’a pas eu des lieux de discussions approfondies sur la conjoncture sociale et politique.

Il y a des tentatives d’écouter le membership. Des consultations, des sondage et même des référendums sont ou seront organisés. Mais écoute-t-on réellement les militantes et les militants qui, a tout les jours, font vivre QS tout en tenant compte du contexte politique ?
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Certes, ce n’est pas facile de construire un parti politique sur des bases de gauche progressiste. Il y a et aura toujours des erreurs, des ambiguïtés et des tâtonnements. Mais il y a toujours des possibilités de réajustements à condition que les militantes et militants soient écouté.es dans leurs demandes et que les silos de pouvoir soient démantelés. Avec les propositions de statuts actuels, ce ne sera pas le cas.

ginette lewis

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