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LGBT

La vie après le diagnostic

Même si les données sont encourageantes, il y a encore des personnes qui sont infectées par le virus du VIH/Sida. Comment prendre dans sa tête ce virage après un tel diagnostic ? C’est le cas de Marcarcand (nom fictif) qui en 2017 a reçu le verdict alors que rien ne le laissait présager. Pour le jeune homme de 30 ans, qui se faisait régulièrement tester, utilisait le condom, l’annonce a eu l’effet d’une bombe.

Publié le 20 novembre 2019 Denis-Daniel Boullé
tiré de : Une nouvelle essentielle De Infolettre de fugues, Décorhomme et MonZip

C’est avec aisance et sincérité que Marcarcand raconte son chemin de croix. « Tout s’est écroulé le jour du diagnostic, au point où je ne voyais aucun espoir, je me condamnais moi-même nous confie Marcarcand, et mon entourage me renvoyait cette image négative de moi-même ». En premier lieu, son conjoint de l’époque. « Les premiers mois, j’ai eu du mal à m’adapter à la médication, j’étais malade, je vomissais souvent, j’avais de fortes migraines et mon niveau d’anxiété était au plus haut, et les antidépresseurs ne fonctionnaient pas, je ne pouvais même plus travailler, et bien entendu je n’avais pas envie de sexe, continue Marcarcand, mon conjoint m’a demandé de quitter l’appartement que nous partagions me disant qu’il ne voulait pas vivre avec quelqu’un de malade ». Seul, il décide de se tourner vers sa famille, son père et sa belle-mère, ses frères et sœurs, mais il se rend compte rapidement qu’ils ont leur vie et n’ont pas le goût de s’occuper de lui. « Quand j’en ai parlé à une de mes sœurs, c’est moi qui ai dû la rassurer sur le VIH, alors que c’était moi qui avait envie d’être rassuré, entouré », se souvient le jeune homme.

Angoissé par son état, sans travail, peu entouré, commence alors une longue descente aux enfers. « Je n’avais plus d’appartement, plus de travail, plus d’appui, tout mon monde s’était écroulé, ajoute Marcarcand, j’ai changé de région, puis j’ai fini par aboutir à Montréal, où je traînais sans savoir où j’allais dormir le soir, ma vie n’avait pas plus aucune valeur, j’ai traîné comme cela pendant trois mois sans savoir comment me gérer ».

Suivi par la clinique l’Actuel pour la médication, c’est une travailleuse sociale qui va lui envoyer une première bouée de sauvetage. « C’est elle qui voyant ma situation et mon état psychologique se dégrader m’a parlé des organismes communautaires où je pourrais trouver de l’aide, dont la Maison Plein Cœur. Mais cela m’a pris du temps avant de faire les premiers pas. Je ne voyais aucune solution à ma situation ». Poussé par la travailleuse sociale, il fera ses premières approches à la Maison Plein Cœur, où il sera hébergé pendant plusieurs mois, une véritable renaissance pour lui avec beaucoup de travail à faire sur lui-même, comme reprendre confiance en lui, mieux vivre avec le virus, retrouver des intérêts.

« Sans la Maison Plein Cœur, je ne suis pas sûr que j’aurais pu m’en sortir affirme Marcarcand, d’une part, j’avais de nouveau un endroit où dormir, mais surtout j’ai rencontré des gens qui étaient là pour m’aider et qui ne m’ont jamais jugé, aussi bien dans les groupes de discussions avec les pairs que de la part des intervenants ». Mais cela ne s’est pas fait en claquant dans les doigts, comme le précise Marcarcand : « Ça été un très long processus, de comprendre que j’étais dans l’autodestruction pour redevenir celui que j’étais avant le diagnostic de séropositivité, de comprendre que j’avais de la valeur, et je n’aurais pas pu le faire sans aide, sans la Maison Plein Cœur ».

Aujourd’hui, Marcarcand est rempli d’espoir, et de projets. « Je vais dans quelques jours prendre un appartement, j’ai un nouveau copain qui m’accepte comme je suis, je travaille pour la Maison Plein-Cœur et je veux retourner aux études dans les prochains mois, se félicite-t-il, je ne pense plus au virus continuellement comme je le faisais ».

Mieux armé, mieux outillé pour continuer à vivre normalement, Marcarcand est un exemple de ce que peuvent vivre encore de nombreuses personnes frappées par le virus, d’où la nécessité de continuer à faire circuler l’information des lieux de solidarité, pour briser l’isolement, la solitude, le rejet, pour qu’il y ait une vie au-delà diagnostic.

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