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États-Unis

La tuerie homophobe d'Orlando bouleverse un pays en pleine campagne

Plus de 50 personnes ont trouvé la mort dans une boîte de nuit gay à Orlando en Floride, aux États-Unis, dans la nuit de samedi à dimanche. L’attaque a été revendiquée par l’État islamique.

13 juin 2016 | tiré du site mediapart.fr Iris Deroeux

New York (États-Unis), de notre correspondante.- Cinquante personnes ont été tuées et 53 autres blessées par un homme qui a ouvert le feu dans une boîte de nuit gay d’Orlando, en Floride, dans la nuit de samedi à dimanche. Cette nouvelle tuerie de masse, la plus meurtrière jamais survenue aux États-Unis, a été qualifiée de crime de haine mais également d’acte terroriste par Barack Obama. L’attaque a été revendiquée par l’organisation de l’État islamique dimanche après-midi.

À ce stade de l’enquête, les mobiles du tueur restent encore confus, et la lecture des événements incertaine (lire ci-dessous). Mais l’attaque s’est invitée dans la campagne pour l’élection présidentielle. Le camp républicain insiste sur le climat d’insécurité aux États-Unis et la faiblesse de l’administration Obama, tandis que les démocrates mettent l’accent sur le risque terroriste, la lutte contre la radicalisation, mais aussi sur la nécessité de mieux contrôler les armes à feu.

Donald Trump, qui a notamment proposé au cours de sa campagne d’interdire aux musulmans d’entrer aux États-Unis « jusqu’à nouvel ordre » afin de lutter contre le terrorisme, a enchaîné les déclarations sur Twitter. « J’apprécie les félicitations [de ses millions d’abonnés – ndlr] pour avoir eu raison au sujet du terrorisme islamiste radical. Je ne veux pas de félicitations, je veux de la force et de la vigilance », a-t-il réagi. Il a encore demandé à Barack Obama de démissionner et à Hillary Clinton d’abandonner la course « si, après cette attaque, elle est encore incapable de prononcer les mots “islam radical” ».

Hillary Clinton s’est fendue d’un communiqué : « Ce que nous pouvons dire dès maintenant, c’est que nous devons redoubler d’efforts pour défendre notre pays contre des menaces venant de l’intérieur ou de l’étranger. Cela signifie qu’il faut combattre les groupes terroristes internationaux (…). Cela signifie aussi que nous devons rester fidèles à nos valeurs. C’était aussi un crime de haine (…). À la communauté LGBT : sachez que vous avez des millions d’alliés dans le pays (…) », y lit-on.

Que sait-on du tueur présumé et de son mode opératoire ?

Il a été identifié par les autorités comme étant Omar Mateen, 29 ans, citoyen américain né à New York de parents originaires d’Afghanistan, employé d’une société de gardiennage et sécurité à Fort Pierce en Floride.

Vers 2 heures du matin (8 heures en France), il a ouvert le feu au Pulse, boîte de nuit d’Orlando où étaient réunies plus de 300 personnes. Vers 5 heures, il a été abattu par les forces de police lors de l’assaut. Avant cela, pendant près de trois heures, la police aurait tenté de négocier avec le tireur gardant des personnes en otages à l’intérieur de la salle. Omar Mateen a alors indiqué, par téléphone, prêter allégeance à l’organisation de l’État islamique. Dimanche, l’organisation terroriste a revendiqué l’attaque dans un communiqué présentant le tireur comme « un soldat du Califat ». Mais nous ne savons pas pour le moment si le tireur a été aidé par l’EI ni s’il a bénéficié d’une quelconque aide extérieure.

Au fil de la journée, le portrait d’un homme instable ayant déjà été repéré par le FBI a commencé à se dessiner. À deux reprises, en 2013 et 2014, des agents du bureau du FBI d’Orlando ont en effet enquêté sur Omar Mateen et l’ont interrogé, alertés par certains de ses collègues le soupçonnant de liens avec la mouvance islamiste. Rien n’a alors permis d’établir l’existence d’une menace, a indiqué le FBI, dimanche.

Son ex-femme a raconté au Washington Post qu’Omar Mateen l’avait battue régulièrement pendant leur mariage – de 2009 à 2011 – et l’a présenté comme « une personne instable ». L’imam de la mosquée qu’Omar Mateen fréquentait depuis son enfance à Fort Pierce l’a encore décrit comme un jeune homme s’étant renfermé, devenant de plus en plus silencieux. L’un de ses anciens collègues, un ancien policier ayant travaillé dans la même entreprise de gardiennage en 2014-2015, l’a enfin présenté comme un homme « constamment en colère », « parlant fréquemment de tuer les gens ». Il a ajouté qu’il n’avait « pas été surpris » en apprenant ce qui s’était passé à Orlando (ici dans Florida Today).

Qu’est-ce qui a déclenché son passage à l’acte et pourquoi s’est-il attaqué à cette boîte de nuit ?

Ces questions restent pour le moment sans réponse. On sait seulement qu’il a pu s’armer de manière légale quelques jours avant l’attaque. Il est entré au Pulse équipé d’au moins deux armes à feu : un pistolet 9 mm et un fusil d’assaut de type AR-15.

Il s’agit donc du même fusil que celui utilisé à San Bernardino en décembre dernier par un couple de sympathisants de l’EI qui a abattu 14 personnes, mais aussi dans un cinéma d’Aurora dans le Colorado en 2012 (12 morts et 58 blessés), ou encore à Newtown dans le Connecticut la même année. Un jeune homme entrait alors dans une école primaire de la ville et tuait 26 personnes dont 20 enfants avec ce fusil, une arme de guerre créée précisément pour tuer un maximum de gens en un minimum de temps.

Cette arme disponible à la vente chez des armuriers et surtout sur le marché de l’occasion (encore moins contrôlé) est donc au cœur du débat sur les armes à feu depuis plusieurs années. D’autant qu’elle a été provisoirement interdite sous l’administration Clinton, en 1994, avant d’être à nouveau autorisée sous George W. Bush en 2004 (nous en parlions ici, dans une enquête sur les raisons de l’impasse américaine en matière de contrôle des armes à feu). Aujourd’hui, on estime à 3 millions le nombre de fusils d’assaut en circulation aux États-Unis. Les ventes augmentent systématiquement après chaque nouvelle tuerie, les acheteurs craignant un durcissement des lois.

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