Toutefois, les solutions qu’il préconise ne vont pas piger dans les poches des plus pauvres. En outre, l’importance qu’il accorde à la dette ne se fait pas au détriment d’autres domaines tout aussi importants, pour le mieux-être des générations futures : l’environnement, la santé, l’éducation, la lutte à la pauvreté. .
2. Ce reportage met davantage en valeur les solutions prônées par les néo-libéraux. Les solutions réalistes tenant compte de la justice sociale sont écartées du revers de la main, comme si c’était des solutions folichonnes :
* Augmentation des impôts : Dans le reportage, ce point est très vite discrédité en mentionnant comment la population va protester. Bien sûr elle va protester, car justement les citoyens paient plus que leur juste part d’impôt. Cependant à nulle part, on a mis l’accent sur le fait que les Cies ne paient pas leur juste part d’impôt. Dans les années 60, ils payaient 40% des impôts et les citoyens 60%. Maintenant ils n’en paient même pas 20% et cela se réduit toujours. Cela n’a aucunement été souligné. En outre la journaliste prenait nettement position : la réponse est claire, la hausse d’impôt n’est pas une option.
* Evasion fiscale : On passe ce point à la vitesse grand V. Bien sûr on ne veut pas réveiller l’attention des citoyens sur les millions non payés à l’impôt avec les abris fiscaux. Le Devoir du 26 février 07 a justement un article là-dessus. On n’a aucunement valorisé les paroles de Louis Gill soulignant le 2 milliards qui s’en va chaque année dans les paradis fiscaux, échappant ainsi au système fiscal. Pourtant, avec ces millions, la dette pourrait se rembourser très facilement…
Bien sûr, le Québec n’a pas le pouvoir, à lui seul, d’abolir les paradis fiscaux. Il peut faire pression sur Ottawa et s’allier à d’autres pays pour dénoncer haut et fort ces endroits anti-démocratique Pourquoi pas la promotion d’un traité international pour l’abolition des paradis fiscaux, traité que tous les pays seraient invités à signer. Avec sanctions commerciales possibles pour les récalcitrants
* Augmentation les taxes à la consommation et autres augmentations de tarifs, dont la hausse d’électricité : ces arguments furent très valorisés. Il va de soi qu’ils pénalisent les plus défavorisés.
* Réduire notre dépendance au pétrole : argument intéressant apporté par M. Pierre Paquette. Pas suffisamment valorisé.
Bien d’autres solutions efficaces existent aussi permettant au gouvernement de se renflouer : :
* Énergie éolienne : Dans le documentaire on a parlé de se servir des profits d’Hydro-Québec comme façon de rembourser la dette. En s’appropriant l’énergie éolienne, que de millions le Québec pourrait récupérer ainsi. Pensons à tous les profits qui s’en vont présentement hors Québec en laissant les Cies contrôler cette ressource. Curieusement, le reportage n’en fait pas mention.
* Énergie géo-thermique, solaire : Si le gouvernement prônait davantage l’utilisation de ces énergies, pas besoin de nouveau barrage sur la Rupert. Les millions ainsi économisés pourraient, en partie, aller au remboursement de la dette.
* Pharma-Québec : Québec solidaire propose ingénieusement un moyen de prendre en main notre santé, en plus de récupérer une bonne partie des millions qui vont enrichir les milliardaires Cie$ pharmaceutiques. Plus d’argent alors, aussi pour la dette.
* Assurance-médicament : Présentement les riches Cies assurent les personnes 0-65 ans, cette clientèle étant plus rentable pour eux. Sachant que les personnes âgées ont plus besoin de médicaments, ils ont laissé cette clientèle au gouvernement. Comme toujours, les profits pour les Cies, les coûts pour le gouvernement. Une assurance-médicament universelle, coûterait moins cher au contribuable, et en plus permettrait au gouvernement d’économiser. Ces économies pourraient, en partie, servir à rembourser la dette.
* Taxation supplémentaire des SUV, gros bateaux à moteur, motos-neige et motos marines : En plus d’amener de l’argent neuf dans les coffres du gouvernement, cela bénéficierait à l’environnement. Deux pierres d’un coup.
Le fait que les soi-disant « lucides » mettent tant d’insistance sur le remboursement de la dette au détriment d’autres valeurs aussi vitales pour la démocratie et pour le mieux-être des citoyens, est extrêmement révélateur. Tout aussi révélatrices les solutions qu’ils préconisent. La dette n’est pas une question de gauche ou de droite disait-on dans le reportage. Évidemment. Les solutions par contre peuvent être de droite ou de gauche : soit favoriser toujours plus le capital ou au contraire favoriser la justice sociale.….
S’ils ont si à cœur le bien-être les générations futures, comme le prétendent ceux qui réclament d’urgence le paiement de la dette, comment se fait-il qu’ils ne fassent pas également campagne :.
* Pour une meilleure répartition des fruits de la croissance. Ils prêchent pour toujours plus de croissance (même si cela est au détriment de l’environnement) agrandir toujours plus la tarte…mais jamais comment mieux la répartir…..
* Pour une limitation des rémunérations éhontées des dirigeants d’entreprise
* Pour l’augmentation du salaire minimum permettant ainsi un revenu plus décent : moins d’enfants alors auraient besoin de la charité des petits-déjeuners
* Pour un juste système fiscal
* Pour l’abolition des paradis fiscaux, sachant comment cela mine la démocratie… Ces « off shore » en plus de favoriser la criminalité, nuisent même à une saine économie.
* Pour une taxation plus importante des SUV, des gros bateaux à moteurs, pour l’élimination des moteurs à deux temps qui polluent tant… afin de réduire les gaz à effets de serre… .
* Pour une exploitation des forêts respectant leur rythme de régénération…
* Etc.
A lui seul, un juste système fiscal suffirait pour diminuer à chaque année, et de façon importante cette dette. Évidemment, l’idéologie néo-libérale prônant sur toutes les tribunes possibles l’urgence d’une réduction d’impôt, n’allait pas faire valoir ce point. Radio-Canada est tombé dans le panneau et a adopté leur point de vue. Certains journalistes sont-ils naïfs au point d’ingurgiter si facilement la propagande des think tank de droite et leur servir de courroie de transmission ?
Avec ce reportage, Radio-Canada n’a pas été à la hauteur de sa réputation. On serait porté à croire qu’il fut réalisé suite aux conseils de l’Institut économique de Mtl. Cet Institut, tout comme l’Institut Fraser, C.D..Howe, sont expressément voués à répandre l’idéologie néo-libérale et ont comme but d’influencer les médias. Qu’ils réussissent avec les médias corporatifs, rien de surprenant. Toutefois, qu’ils influencent à ce point Radio-Canada, notre télévision publique dont la mission principale est, au nom de la démocratie, une juste information, m’inquiète beaucoup.
