C’est particulièrement le cas avec sa décision, annoncée en décembre 2011, de modifier la façon de calculer les transferts aux provinces pour le financement des soins de santé. Grosso modo, le ministre des Finances, Jim Flaherty, a fait savoir qu’à compter de 2018, son gouvernement à l’intention de plafonner les investissements en santé au niveau de la croissance du produit intérieur brut (PIB). Un niveau inférieur à la croissance des coûts de santé.
La décision unilatérale d’Ottawa devrait faire perdre 21 milliards de dollars aux provinces entre 2016 et 2024. Donc, un manque de revenus important pour le Québec, ce qui viendra fragiliser encore plus l’état des finances publiques. Depuis hier et aujourd’hui, le premier ministre Jean Charest rencontre d’ailleurs ses homologues provinciaux à Victoria, en Colombie-Britannique, afin de faire le point sur le dossier.
Un gouvernement sans moyens par sa propre faute
Le plus choquant dans cette décision prise unilatéralement par Stephen Harper est la raison invoquée pour la justifier. Le gouvernement conservateur n’aurait tout simplement plus les moyens de « dépenser de l’argent qu’il n’a pas ». Et pourquoi ce pauvre gouvernement se retrouve-t-il dans pareille situation ? Par sa propre faute.
Depuis son arrivée au pouvoir en 2006, Stephen Harper a lui-même réduit les revenus de son propre gouvernement en diminuant, année après année, le taux d’imposition des entreprises. Et c’est ce premier ministre qui ose nous demander de vivre selon nos moyens alors qu’il nous prive lui-même d’une bonne part de ces moyens pour en faire cadeau aux entreprises, notamment les pétrolières et les banques que l’on sait proches de son gouvernement.
Des cadeaux aux entreprises sur le dos des soins de santé
Ces généreuses baisses d’impôts représentent un manque à gagner d’au moins 6 milliards de dollars par année pour le gouvernement fédéral. Pas surprenant qu’il découvre tout d’un coup qu’il n’est plus capable de maintenir ses contributions en santé à la même hauteur. Entre investir pour soutenir les soins de santé au pays dans l’intérêt de l’ensemble de la population ou investir pour accorder de généreuses baisses d’impôts aux entreprises, Harper a fait son choix.
Et ce n’est pas fini puisque pendant que les provinces, dont le Québec, se creuseront la tête pour trouver quelque part les milliards manquants d’Ottawa, les entreprises verront encore une fois cette année leur taux d’imposition passer de 16,5 % à 15 %. Le gouvernement Harper appauvrit lui-même l’État fédéral et, par la bande, les provinces, dont le Québec, comme s’il s’était donné pour mission de saborder cet État dont il a le mandat de conduire les destinées.
Les conséquences pour le Québec
Malheureusement, les Québécoises et les Québécois feront eux aussi les frais des généreux cadeaux de Stephen Harper aux entreprises. Le gouvernement Charest devra bien trouver l’argent manquant quelque part, soit en diminuant les services en santé, ou bien en réduisant les transferts, notamment en enseignement postsecondaire.
Et dire que ce gouvernement conservateur, qui décide de son propre chef et sans consultation de priver le Québec de centaines de millions de dollars en revenus, continue d’encaisser autant d’impôts venant de la population québécoise...