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Tant pis si l’exploitation de nos ressources naturelles, comme les sables bitumineux de l’Alberta, contribue au réchauffement de la planète et menace l’environnement. Tant pis s’il faut recourir à la guerre, de préférence « préventive », question de sauver la face, quitte à inventer des menaces potentielles pour justifier de débarquer, aux côtés des USA, avec notre artillerie lourde dans des pays riches en ressources convoitées pour y imposer nos règles du jeu et les exploiter à notre avantage. Tant pis si l’enrichissement des uns (environ 1%) passe par l’appauvrissement des autres (99 %). Tant pis si la situation sociale se dégrade, que les jeunes se désespèrent, qu’augmentent les actes de rébellion et de délinquance ; suffit de resserrer les règles du système judiciaire, d’augmenter la sévérité des peines, et du coup, de construire de nouvelles prisons. Tant pis s’il faut couper le financement d’organismes fauteurs de troubles qui véhiculent des valeurs socialisantes de gauche, et pourquoi pas aussi dans la culture, alliée naturelle, pour imposer de force la paix sociale ? Tant pis pour tous ceux qu’il faut tasser et écraser, les petits, les pauvres, les sans-paroles, les Amérindiens qui manquent de tout mais ne rapportent rien. Tant pis ! Tant pis ! Tant pis !
Mais peut-être que tout cela vous a échappé, monsieur Harper, car je comprendrais mal qu’un homme tel que vous, qui respecte la vie au point de pencher en faveur de la reconnaissance des droits du foetus, puisse la bafouer et la menacer de la sorte, avec légèreté et insouciance. Avant de trancher sur cette question, je vous suggère toutefois de vérifier avec eux (les foetus, bien sûr) s’ils souhaitent vivre dans le monde que vous leur préparez. Ce n’est qu’une suggestion, cela va de soi.
Andrée Laberge, écrivaine et indignée