1935 Hitler était au pouvoir en Allemagne. La France, qui se voyait à l’époque comme l’armée la plus puissante de l’Europe, ne pouvait s’imaginer susceptible d’être vaincue face à l’Allemagne nazie. On connaît la suite de l’histoire. La plume de Giraudoux n’a pas permis, hélas, d’imprimer un cours différent à la grande souffrance d’une partie de la population européenne et ensuite mondiale. Paul Claudel s’attaquera au pacifisme de Jean Giraudoux. Il aurait même écrit dans son journal au sujet de la pièce La guerre de Troie n’aura pas lieu le commentaire suivant : « Cette apologie de la paix et de la lâcheté est répugnante ». C’est qu’en matière de guerre et de perte inutile de vies humaines, Giraudoux s’y connaît un peu. Il a vécu les tranchées de la Grande Guerre. Il a vu des compagnons d’uniforme mourir à ses côtés. Il importe donc de préciser qu’il y a des moments dans la vie où une personne choisit son camp en toute connaissance de causes. Le pacifisme de Giraudoux a incontestablement un véritable fondement historique.
Une petite influence de Marx dans ce récit théâtral
Nous sommes ici en présence d’une comédie dramatique qui semble avoir également été inspirée par la célèbre boutade de Marx selon laquelle « tous les grands événements et personnages historiques se répètent pour ainsi dire deux fois […] la première fois comme tragédie, la seconde fois comme farce ». La tragédie étant l’Iliade et la farce La guerre de Troie n’aura pas lieu. Il y a en effet dans cette pièce de théâtre des moments comiques.
Pour conclure sur aujourd’hui
En lisant ou en regardant cette pièce, vous vous direz que certains êtres humains sont réellement capables d’inscrire tristement leurs actions dans la voie de la suppression violente de la vie et également de la destruction des plus grandes œuvres créatrices de l’humanité. Dans le contexte actuel du conflit militaire entre la Russie et l’Ukraine, la comédie dramatique de Giraudoux vous amènera à vous poser la question suivante : la guerre, qui se pratique avec des outils fabriqués par les humains, est-ce réellement le seul élément qui distingue les belliqueux des autres animaux ?
Il y a une réplique dans cette pièce qui mérite d’être longuement méditée :
« Hector. – Mon cher Busiris, nous savons tous ici que le droit est la plus puissante des écoles de l’imagination. Jamais poète n’a interprété la nature aussi librement qu’un juriste la réalité. » (p. 79).
Yvan Perrier
15 mai 2022
10h30
yvan_perrier@hotmail.com
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