Peut-on répandre de fausses informations et, surtout, laisser courir des sous-entendus qui stigmatisent toute une communauté sans plus de vérifications ni de précisions ? Peut-on le faire quand bien même il ne s’agirait que d’un seul individu ? Cette question se pose quand on sait que Mme Mailloux est à l’origine de ce qui a bien failli devenir « l’affaire » Weinstock.
D’ailleurs, quand on regarde de plus près, Mme Mailloux fait une utilisation fréquente de sous-entendus et multiplie les attaques personnelles, ce qui n’est pas l’honneur de la profession de philosophe.
Déjà, il faut faire beaucoup de raccourcis intellectuels pour prétendre que le député Amir Khadir cautionne la ségrégation entre hommes et femmes. C’est abusif, que l’on partage ou pas son option. Pourtant, Mme Mailloux prétend le plus sérieusement du monde qu’il y a une « infiltration intégriste » dans son parti.
Ensuite, à l’écouter, toutes les femmes portant un foulard qui ont pris la parole dans le débat actuel – Elsie Fneche, Samira Laouni, Dalida Awada, Kathy Malas - sont immanquablement reliées à un quelconque mouvement intégriste. Parfois même à plusieurs, sunnite et chiite à la fois. La spécialité de Mme Mailloux consiste à jeter le soupçon sur ses détracteurs coûte que coûte.
Or, la première personne à faire les frais de cette méthode fut le philosophe Daniel Weinstock. On se rappellera qu’en septembre dernier, un article du Huffington Post lui reprochait de façon calomnieuse de cautionner l’excision symbolique au nom de l’accommodement raisonnable. Le Pr. Weinstock a du rétablir les faits et l’auteur de l’article s’est excusé [1]. Voilà le fruit des méthodes de Mme Mailloux.
L’origine de l’affaire remonte au 26 avril 2012, lors d’un panel organisé par la Coalition Laïcité Québec. Mme Mailloux y accusa le Pr. Weinstock, le citant hors contexte, de traiter l’excision symbolique de jeunes filles comme un accommodement raisonnable. Et d’y être favorable. C’est faux. Mais la rumeur a circulé pendant deux ans. La stratégie est pourtant claire. Il s’agissait de discréditer le Pr. Weinstock et, à travers lui, quiconque défend le point de vue contraire à Mme Mailloux dans ce débat. Entendre : ceux-ci favorisent l’introduction de la pratique de l’excision au pays.
Mme Mailloux n’avait pas seulement préparé le coup en amenant ces extraits soi-disant compromettant. Elle a aussi participé à organiser la suite. Car on retrouve sur son blog le même message qu’a fait circuler la Coalition Laïcité Québec après l’événement :
Point fort de ce panel : est-ce qu’une société laïque "ouverte" aux accommodements religieux diffère d’une société laïque "sans adjectif" lorsqu’il faut faire face à la pratique de l’excision du clitoris chez les fillettes ? [2] Non seulement la conférence est résumée au débat amené par les citations hors contexte de Mme Mailloux. De surcroit, le caractère symbolique du geste en question a disparu. Et plutôt que de mettre en contexte le point de vue du Pr. Weinstock, elle dirige les internautes vers une vidéo qui présente en image les mêmes extraits placés hors contexte [3].
Pourtant, Mme Mailloux avait entendu la réponse du Pr. Weinstock. Celui-ci narrait un propos qu’il n’a jamais partagé, mais plutôt critiqué. Mme Mailloux a sciemment induit les gens en erreur. Qu’est-ce sinon une attaque personnelle ayant pour but de discréditer la personne du Pr. Weinstock et, par association, tous ceux qui défendent des positions plutôt défavorables à l’actuelle charte ?
Jusqu’ici, Mme Mailloux est restée sur ses positions. Pauline Marois l’a cautionné. Mais les électeurs peuvent se demander si le PQ cautionne aussi ce genre de procédés ? Ils peuvent se demander s’il est avisé d’accorder l’immunité parlementaire à des personnes qui, comme Mme Mailloux, usent de telles méthodes ? Et même, se demander ce qu’en pense Pauline Marois ?