Sans armes sophistiquées permettant de massacrer en gardant ses mains propres, mais imbibés de la même barbarie morbide de la toute-puissance, ces Frankenstein, s’appuyant sur la dévastation du Moyen-Orient et de l’Afrique par le néolibéralisme guerrier — ces parties du monde n’ont même pas eu droit au « cheap labor » de l’Asie du sud et de l’est et de l’Amérique latine — vont jusqu’à utiliser le corps de leur jeunesse, y compris des femmes, comme armes de destruction massive à petite échelle. Par là, ils réussissent à porter la guerre à l’intérieur du camp ennemi même si jusqu’ici ils n’ont pas été en mesure d’attaquer les directions impérialistes et leurs forces armées directement chez elles. Et, une fois passés le coup fourré d’utiliser ses avions civils en 2001, ils n’ont plus été capables d’attaquer à l’intérieur de ses frontières le chef du camp impérialiste et son proche allié et voisin canadien.
Le territoire de l’impérialisme européen, pour des raisons de faiblesse relative de son appareil sécuritaire, de liens historiques passablement antagoniques avec le Moyen-Orient et l’Afrique depuis les croisades et la traite des esclaves et s’étant envenimés lors de la période de l’impérialisme colonisateur, de sa proximité géographique le rendant plus accessible et de ses relativement importantes communautés arabo-musulmanes et africaines en son sein, s’est révélé plus facile à pénétrer. Du lot ressort le semi-autonome impérialisme français particulièrement agressif avec ses bases militaires en France-Afrique, sa force de frappe nucléaire made in France, son commerce d’armement entreprenant, particulièrement au Moyen-Orient, sa propension à y jouer les matamores parfois davantage que les ÉU, son comportement très discriminatoire envers sa nombreuse population arabo-musulmane refoulée dans les banlieues sans travail et sans transport collectif adéquat. Cette baveuse grenouille qui donne l’impression de devenir aussi grosse que le bœuf se présente comme une cible de choix, ce qu’elle est devenue depuis janvier dernier.
Comme on pouvait s’y attendre, l’émotion populaire se cristallisant dans des rassemblements d’humanité sert de prétexte à une réaffirmation belliciste de la part des partis gouvernementaux et de leurs oppositions officielles, va-t’en-guerre fidèlement relayé par les monopoles médiatiques. En France, l’état d’urgence, qui n’avait pas été décrété depuis plus 50 ans, interdit les manifestations et confèrent à la police des pouvoirs supplémentaires comme si elle en avait besoin. La tâche urgente de la gauche est d’expliquer les fondements impérialistes de ce massacre afin d’empêcher un nouvel escalade guerrier.
Le nouveau gouvernement Libéral canadien doit au moins maintenir sa décision de cesser les bombardements en Irak et en Syrie. En sus, il faut réclamer le retour du contingent canadien. L’épargne en résultant, et au-delà, devrait servir non seulement en aide humanitaire supplémentaire de toute sorte mais en soutien en armement aux courageuses forces armées kurdes qui arrivent à reprendre des villes à l’État islamique et à celles syriennes telle l’ALS non compromises ni avec le régime Assad, massacreur de son propre peuple, ni avec le fondamentalisme. Quant à l’accueil de 25 000 réfugiées, elle est une goutte d’eau dans la mer. On se dit qu’une manifestation de solidarité avec le peuple syrien, telles celles avec le peuple français hier et aujourd’hui à Montréal, serait la bienvenue. On rêve que Québec solidaire contacte les représentations des communautés arabo-musulmanes pour l’organiser.
Marc Bonhomme, 14 novembre 2015
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