Le tracé final de l’oléoduc sur le territoire lavallois n’est toujours pas connu, mais les plans à l’étude prévoient que l’ouvrage traversera l’île Jésus dans sa partie est. L’oléoduc franchirait donc les deux rivières qui bordent Laval - des Mille Îles et des Prairies -, la zone agricole et deux quartiers résidentiels, l’un au nord et l’autre au sud.
Les autorités lavalloises ont rencontré les représentants de la société TransCanada au cours du mois d’août à ce sujet, mais ces derniers n’ont pas été en mesure de répondre aux questions de la Ville.
« Notre principal souci, c’est la sécurité de nos citoyens et la protection de l’environnement, et plus particulièrement en ce qui concerne les risques de déversement dans nos cours d’eau », a déclaré le maire Demers.
De récents événements démontrent en effet que malgré les promesses et les engagements des entreprises exploitantes, des accidents liés aux oléoducs se produisent fréquemment et causent des sinistres humains et environnementaux dont les impacts sont majeurs. Marc Demers précise : « Des problèmes graves se produisent par centaines sur les oléoducs existants. Devant de tels risques, il s’avère injustifiable de permettre ce projet. La sécurité des personnes prime sur le reste et nous ne permettrons pas de mettre la santé et la vie de nos citoyens en danger. »
Dans son mémoire, la Ville de Laval fait aussi état d’une préoccupation plus large entourant l’implantation d’oléoducs. Pour Laval, de telles infrastructures s’inscrivent dans un modèle économique auquel Laval n’adhère pas puisqu’il prône l’utilisation des combustibles fossiles, donc non renouvelables. Marc Demers explique : « Notre philosophie de développement est connue, nous y croyons, et elle ne va pas dans la direction des énergies fossiles ».
Il rappelle que la Ville de Laval préconise plutôt une vision basée sur le développement durable, la diminution des gaz à effets de serre, la réduction de la dépendance à l’automobile, particulièrement en mode solo, la mobilité active des citoyens, l’électrification des transports, la mise en place de mesures efficaces d’économie d’énergie et le développement des énergies vertes renouvelables.
Présent aux côtés du maire Demers, Steven Guilbeault, membre fondateur et directeur principal d’Équiterre, s’est réjoui de cette position. « Je tiens à saluer le leadership du maire Demers qui, à l’aube de la Conférence de Paris sur le climat, reconnaît que notre développement ne passe plus par les combustibles fossiles », a-t-il déclaré. « Nous nous réjouissons de cette position de la Ville de Laval et nous souhaitons qu’encore plus de municipalités touchées emboîtent le pas », a ajouté M. Guilbeault.
Le maire Demers a aussi fait appel au monde municipal, aux citoyens et à tous les regroupements qui s’objectent à ce projet. « Ensemble, nous avons le pouvoir de changer les choses. Même s’il s’agit d’un projet qui dépasse les limites de notre municipalité, je suis persuadé que c’est possible d’influencer les décisions », a affirmé le maire de la 3e ville en importance au Québec.
Le maire de Laval a d’ailleurs invité tous les opposants au projet Énergie Est à adhérer au mouvement lancé par Laval en manifestant leur intérêt par courriel à nonaloleoduc@laval.ca.
Au cours des prochaines semaines, la Ville de Laval compte entreprendre avec ses alliés un plan d’actions pour freiner le projet d’oléoduc. Le maire de Laval espère notamment convaincre les autres municipalités de lui emboîter le pas.