Christina Vasilaki :Quel est le règlement européen sur lequel pourrait se baser la demande de Syriza d’un audit de la dette ?
Eric Toussaint : En mai 2013 le parlement européen et la Commission ont adopté un règlement concernant tous les pays qui signent un Memorandum – comme c’est le cas de la Grèce, de l’Irlande, du Portugal et de Chypre. L’article 7 de ce règlement stipule que les gouvernements doivent conduire un audit complet de la dette contractée par le pays afin d’identifier d’éventuelles irrégularités. Cet article 7 du règlement permet à un gouvernement mené par SYRIZA de créer, immédiatement, une telle commission.
CV : Un tel audit, que pourrait-il révéler ?
ET : Pour moi il est très clair que la dette contractée par la Grèce auprès de la Troïka, qui représente 80 % de la dette grecque actuellement, est clairement illégitime parce que la Troïka a imposé à la Grèce des politiques qui ont détruit une partie de l’économie de la Grèce et ont détruit les droits sociaux et économiques de la population.
CV : Croyez-vous qu’il est nécessaire d’abolir la dette grecque ? Et quel en serait le résultat en ce concerne l’accès aux marchés internationaux à long terme ?
ET : Comme vous le savez on a vu plus de 600 restructurations de dettes depuis 1950. Beaucoup de pays ont suspendu le remboursement de leur dette. En ce qui concerne la Grèce, si la Grèce réussit à imposer une annulation majeure de sa dette, ce qui est totalement possible, je pense qu’il n’y aura pas de réel problème, après quelques années, pour que la Grèce fasse de nouveau appel aux marchés si elle en a besoin. Mais on pourrait également imaginer une façon alternative de financer le développement grec – la réforme fiscale, la réduction des impôts payés par les plus pauvres et l’augmentation des impôts payés par le 1 % le plus riche de la population et les grandes entreprises privées pourrait permettre au gouvernement de générer suffisamment d’argent pour éviter d’avoir recours aux marchés et de contracter de nouvelles dettes.
CV : La prorogation de la maturité des prêts et la réduction des taux d’intérêt ne pourrait pas être une solution alternative ?
ET : La Grèce a besoin d’une réelle annulation d’une grande partie de la dette. Et pour la partie de la dette qui ne serait pas annulée, abolie, une diminution des taux d’intérêt et une prorogation de la maturité du paiement sont nécessaires aussi, je pense. Mais il ne faut pas voir cela comme une alternative à l’annulation. C’est complémentaire à l’annulation. Les deux sont nécessaires.
Source : CADTM
Traduit de l’anglais par Snake Arbusto