La Commission a été mise sur pied dans le sillage de la réforme de l’assurance-emploi du gouvernement Harper, décriée par une large coalition de syndicats et d’organismes. Cette réforme accentuera l’insécurité et la précarité sur le marché du travail, en plus de frapper de plein fouet certaines industries.
Lanaudière touchée de plein fouet
« Ici, dans Lanaudière, on retrouve de grandes disparités entre les MRC du nord et du sud de la région, notamment en ce qui concerne le taux d’occupation du territoire, le développement économique et la proportion de ménages à faibles revenus. Alors que certaines MRC connaissent un développement économique intéressant, d’autres ont malheureusement entamé un processus de dévitalisation que la réforme va grandement accélérer », a souligné Francine Ranger, présidente du Conseil central de Lanaudière - CSN.
« Les emplois saisonniers ne seront plus comblés avec les nouvelles conditions imposées par Ottawa, qui sont complètement déconnectées de nos réalités. Cette conséquence va non seulement affecter les travailleuses et travailleurs qui occupent ces emplois, mais toute l’activité économique de ces MRC. Le cercle vicieux de l’exode vers les grands centres urbains va s’accentuer, tout comme la perte d’emplois et de services », a précisé Francine Ranger.
Il convient de rappeler qu’en 1989, 83,8 % des chômeuses et chômeurs avaient accès à des prestations régulières, ce taux est passé à 43,9 % en 1997, soit une baisse de 39,9 points de pourcentage. Depuis cette période, la couverture n’est pas allée en s’améliorant. En 2011, le pourcentage des personnes admissibles est passé à 41,3 %, atteignant ainsi son plus bas niveau depuis la fin des années 1990.
« Dans le domaine de l’enseignement primaire et secondaire, les contrats à temps partiel et la suppléance sont chose courante. Un pourcentage important des personnes œuvrant dans ce domaine est donc à statut précaire et les modifications au régime viennent les fragiliser davantage. Dans les commissions scolaires, plusieurs postes ne deviennent disponibles qu’en cours d’année. Si une personne se fait offrir un emploi jugé convenable dans un autre domaine, elle pourrait devoir l’accepter sous peine de perdre son droit aux prestations. Ainsi, elle ne sera plus disponible pour les suppléances occasionnelles et les contrats à temps partiel. Ceci a pour effet de priver le domaine de l’enseignement d’une relève compétente », a déclaré François Breault, président du Syndicat de l’enseignement de Lanaudière (CSQ).
« Dans la construction, le tourisme, l’industrie forestière, le transport scolaire et le milieu scolaire, pour ne nommer que ces secteurs où se retrouvent des salarié-es occasionnels et à contrat, les travailleurs doivent parfois avoir recours à l’assurance-emploi. Si la réforme est maintenue, il sera très difficile d’y recruter ou d’y garder la main-d’œuvre », d’ajouter Sylvain Gendron du Syndicat de la fonction publique du Québec.
« Avec l’application des nouvelles balises contenues dans la dernière réforme de l’assurance-emploi, les travailleuses et travailleurs des organismes communautaires sont particulièrement à risque de vivre une précarisation de leur situation financière et professionnelle. De plus, à cause des risques de se voir couper leurs prestations ou de devoir accepter un autre travail à des conditions salariales encore moins avantageuses, ces personnes risquent de plus en plus de se chercher un emploi dans un autre secteur qui serait en mesure de leur garantir un revenu plus stable. Or, si ces travailleuses et travailleurs quittent ainsi définitivement leur emploi au sein de l’organisme sous-financé, c’est l’organisme lui-même et, par conséquent, toute la communauté qui perd cette expertise au service des citoyennes et des citoyens ». de conclure Johanne St-Denis, porte-parole de Action populaire des Moulins.
« Perdre son emploi est déjà extrêmement douloureux, en raison de la précarité qui touche non seulement les travailleurs, mais leur famille. En plus, cette réforme qui les incite fortement à se déraciner a des conséquences néfastes sur le dynamisme économique et social de tout un coin de pays », a pour sa part commenté Réal Richard, président de la FTQ pour les régions de Laurentides-Lanaudière.
Le gouvernement doit contribuer
La Coalition régionale de Lanaudière contre la réforme de l’assurance emploi a conclu sa présentation en informant les membres de la Commission qu’elle adhère pleinement au mémoire déposé nationalement par les quatre organisations syndicales CSN-CSD-CSQ-FTQ et a finalement enjoint le gouvernement à prendre ses responsabilités en ce qui a trait au mode de financement du régime, auquel seuls les travailleuses, les travailleurs et les employeurs sont appelés à participer à l’heure actuelle.
« En 1990, malgré une vaste opposition, le gouvernement canadien a cessé de participer financièrement au régime. Nous avons toujours dénoncé ce désengagement de l’État et exhortons le gouvernement à assumer de nouveau la part des dépenses qui lui revient », ont finalement déclaré les représentants de la coalition en concluant :
« Si le gouvernement fédéral persiste et signe dans son entreprise de réduction des droits des chômeuses et des chômeurs et refuse de bonifier le régime d’assurance-emploi dans le sens de nos propositions, nous serons favorables à la création d’un régime québécois d’assurance-chômage, dans la mesure où les paramètres de ce nouveau régime en matière de couverture, de financement et de gouvernance répondent aux revendications de nos organisations. »
Rappelons que la coalition régionale de Lanaudière contre la réforme de l’assurance-emploi est composée des organisations suivantes : la Confédération des Syndicats Nationaux (CSN), la Centrale des Syndicats du Québec (CSQ), la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ), le Syndicat de la Fonction publique du Québec (SFPQ), l’Association des travailleurs et travailleuses accidentés du Matawin (ATTAM), Action Dignité Lanaudière (ADL) et par Action populaire des Moulins (APM).