Telle est la réaction de la présidente de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), Sonia Ethier, à la nouvelle parue ce matin dans le journal La Presse affirmant que le Conseil du trésor a passé la commande d’imposer de nouvelles compressions en santé.
« Même si nous reconnaissons qu’il y a lieu d’améliorer l’efficacité de certains programmes, dont la gestion des médicaments, le gouvernement caquiste poursuit malheureusement une gestion de notre réseau public inspirée des méthodes comptables du secteur privé. Le réseau a plutôt besoin avant tout qu’on lui redonne les moyens de fonctionner avec plus d’humanité », explique Sonia Ethier.
Un aveuglement volontaire
Cette dernière s’interroge particulièrement sur la volonté du gouvernement d’améliorer la présence au travail et de contrer l’absentéisme tout en souhaitant faire des économies en ne remplaçant pas les postes devenus vacants.
« Le gouvernement veut diminuer l’absentéisme au travail, mais s’entête à ne pas reconnaître les causes fondamentales de cette situation, c’est-à-dire les problèmes criants d’organisation du travail et les modes de gestion inhumaine du personnel. Pire encore, alors qu’il reconnaît qu’il manque sérieusement de travailleuses et de travailleurs, qu’il faut stabiliser les postes et les équipes de travail, il n’apporte aucune solution pour régler le problème à la source », dénonce la présidente de la CSQ.
Quand on veut noyer son chien…
Autre incongruité soulevée par Sonia Ethier : la critique à l’égard du manque d’efficacité des blocs opératoires.
« Comment le gouvernement peut-il mettre en doute l’efficacité de nos blocs opératoires dans notre réseau public alors qu’il continue de faire la promotion du projet pilote de chirurgies en cliniques privées qui draine justement nos ressources publiques vers le réseau privé ? Quand on veut noyer son chien, on l’accuse d’avoir la rage », ironise la leader syndicale.
Pour mettre réellement fin au gaspillage
Pour ce qui est de la question du coût des médicaments, Sonia Ethier constate que le gouvernement reconnaît enfin la nécessité d’agir.
« Le Québec dépense près de 9 milliards de dollars par année en médicaments prescrits. Il est plus que temps que ce gouvernement, qui prétend vouloir lutter contre le gaspillage de fonds publics, redonne à l’État la capacité de contrôler réellement la hausse des coûts en intégrant la gestion du médicament au système public de santé. La mise en place d’un véritable régime d’assurance médicaments public et universel au Québec presse plus que jamais », plaide Sonia Ethier.
Le devoir d’un vrai chef d’État
Elle invite de plus le premier ministre François Legault à se comporter en chef d’État responsable en se donnant une vision globale des problématiques qui affectent notre système public de santé afin d’y apporter des solutions publiques vraiment durables.
« Le devoir du premier ministre n’est pas de faire la promotion du secteur privé en santé, mais bien plutôt de préserver un réseau public de santé qui est le seul à pouvoir garantir à toutes et tous l’accès à des services et soins de santé de qualité. Si ces compressions de 300 millions de dollars se confirment, de même que la volonté de gérer nos activités et programmes sur la seule base de l’efficience et de la performance comptable, il est à craindre que le bris de confiance entre le personnel et le gouvernement perdure et s’amplifie. C’est extrêmement malheureux », conclut la présidente de la CSQ.
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