29 avril 2024
Ces chiffres, aussi tristes qu’ils soient, permettent à la commission d’observer une baisse importante des lésions professionnelles (11,782) en comparaison avec 2019. Quant aux décès dûs au travail, il y a eu une augmentation de 20 par rapport à 2019, mais une baisse de 6 par rapport 2022 [2].
On pourrait donc penser peut-être que La loi modernisant le régime de santé et de sécurité du travail, adoptée en 2021, a déjà eu un effet positif, notamment grâce à l’extension, déjà dans le régime intérimaire, à tous les secteurs économiques des droits des travailleurs et travailleuses de participer en prévention (cela même si ces droits sont fortement réduits par rapport à la lettre de l’ancienne loi, qui elle n’a jamais été appliquée dans la majorité des secteurs de l’économie pendant ses quatre décennies d’existence.)
Mais cela n’est vraiment pas le cas. Cela pour deux raisons.
D’abord, la majorité des travailleurs et des travailleuses, notamment les non syndiqué.e.s, n’ont pu en pratique faire usage de leurs droits formels de participation à la prévention. C’est le cas parce que le règlement provisoire régissant leur participation était parfaitement inapplicable. [3] C’est la raison pourquoi les organisations qui défendent les non-syndiqué.e.s (le CTTI, l’UTTAM, le RATTMAC et le CIAFT) exigent que le gouvernement finance une organisme consacré à la formation et au soutien des non-syndiqué.e.s en prévention.
L’autre raison est que la CNÉEST a décidé arbitrairement d’exclure de son calcul pour 2023 les 18,662 lésions attribuables à la COVID-19, ce qu’elle n’a pas fait pour les années 2020, 2021 et 2022. La CNÉEST n’a pas cherché à expliquer cette décision, qui nous semble plus que douteuse, puisque la COVID en 2023 était une vraie lésion professionnelle, tout comme en 2020, 2021 et 2022. Pourquoi alors cette décision arbitraire de ne plus la compter ?
Voici donc les chiffres des lésions (accidents et maladies) depuis 2014 :
2014 – 88 046
2015 – 87 618
2016 – 90 414
2017 – 96 135
2018 – 103 406
2019 – 107 465
2020 – 104 732 (incluant Covid)
2021 – 105 692 (incluant Covid)
2022 – 161 962 (incluant Covid)
2023 – 114 345 (incluant Covid)
En somme, 2023 était le 2e pire année des dix dernières années en termes du nombre de lésions !
Quant au nombre de décès au travail, 2023 a été la deuxième année la pire des 5 dernières années, avec 20 décès liés au travail de plus qu’en 2019.
2019 – 190 décès
2020 – 173 décès
2021 – 207 décès
2022 – 216 décès
2023 – 210 décès
Il n’y a donc vraiment pas de quoi se vanter !
Et notons que les chiffres de la CNÉEST n’incluent que les lésions acceptées et indemnisées, ce qui est loin du véritable nombre de lésion, grâce en partie à la pratique de contestation du patronat. [4]
Une recherche faite en Ontario estime que le nombre réel de travailleurs et de travailleuses qui sont mort.e.s en 2022 à cause de leur travail était dix fois plus élevé que le chiffre officiel. [5] C’est le cas parce que relativement peu de maladies professionnelles sont rapportées ou reconnues, selon le Centre de santé et sécurité des travailleurs de l’Ontario. C’est particulièrement le cas du cancer, des maladies pulmonaires et d’autres maladies chroniques avec de longues périodes de latence entre l’exposition sur le lieu de travail et l’apparition de la maladie. Selon certain.e.s, la situation est pire quant aux lésions non-mortelles. [6]
Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d’avoir accès aux articles publiés chaque semaine.
Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d’avoir accès à ces articles.
Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :
Un message, un commentaire ?