Loin d’être une idée issue d’une réelle compréhension des réalités que vivent les membres des Premières Nations victimes de racisme et de discrimination dans les services publics, cet engagement antérieur de la CAQ a plutôt été fait en réaction au décès tragique de Mme Joyce Echaquan et aux plaintes subséquentes d’autres patientes d’origine autochtone à l’hôpital de Joliette. Il s’agissait aussi de l’une des recommandations du rapport de la commission Viens (C.E.R.P.).
Cette mesure législative n’était qu’une bien petite arme pour combattre un aussi grand fléau que celui du racisme dans le système de santé et des services sociaux, voilà maintenant que le Québec fait volte-face et renonce à mettre en place cette timide mesure. Questionné par le Devoir à ce sujet, le ministre des Affaires autochtones, Ian Lafrenière, a mentionné que malgré ce recul, son gouvernement continuait « d’en parler ».
« Pour combattre le racisme systémique envers les Premières Nations, il faudra bien plus que des mots. Le gouvernement de la CAQ préfère s’isoler dans son déni de l’existence même du racisme systémique qui souille le bien-être et la sécurité des populations des Premières Nations. Une réalité pourtant dénoncée sur toutes les tribunes, tant par la population que par les commissions d’enquête et, même par les partis d’opposition. Seul le gouvernement de la CAQ ne voit pas de racisme systémique dans ses services publics. » affirme Ghislain Picard, Chef de l’APNQL.
Toujours dans le Devoir, un second article nous apprenait que la CAQ avait aussi refusé la proposition d’instaurer un poste de protecteur de l’élève autochtone, une idée allant aussi dans le sens des recommandations de la commission Viens. L’argument du ministre à l’appui de cette décision est qu’il y aura un même protecteur pour tous les élèves. Or, ce raisonnement pose problème puisque les inégalités qui existent entre les élèves autochtones et leurs vis-à-vis allochtones nécessitent des mesures adaptées qui permettront d’éliminer ces écarts en matière de réussite scolaire entre ces populations. Notons aussi l’exclusion par le ministre Carman de la recommandation d’instaurer un poste de commissaire adjoint et une équipe consacrée exclusivement aux enjeux entourant les enfants autochtones avec le Commissaire au bien-être et aux droits des enfants proposé dans le cadre de la Commission Laurent. En voulant traiter tout le monde sur un pied d’égalité, le gouvernement va renforcer les iniquités que connaissent trop bien les Premières Nations dans le système d’éducation.
Refus d’inclure la sécurisation culturelle dans une loi, refus de prendre des mesures spécifiques pour sécuriser les Premières Nations dans le système scolaire, refus de reconnaître le racisme systémique, etc. Les Chefs de l’APNQL affirment que le déni systématique de ce gouvernement à l’endroit des réalités propres aux populations des Premières Nations a assez duré. Devant un gouvernement qui se targue d’être dans l’action et de rechercher des solutions concrètes, nous sommes en droit de douter de sa réelle bonne foi.
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