Il oppose un récit matérialiste de la nouvelle religion à la mythologie chrétienne et, ce faisant, montre la capacité du marxisme à rendre compte d’un processus historique complexe, en interprétant un phénomène religieux en termes de lutte des classes.
Extrait de la préface :
La détresse religieuse est, pour une part, l’expression de la détresse réelle et, pour une autre, la protestation contre la détresse réelle. La religion est le soupir de la créature opprimée, l’âme d’un monde sans coeur, comme elle est l’esprit de conditions sociales d’où l’esprit est exclu. Elle est l’opium du peuple. La critique de la religion est donc en germe la critique de cette vallée de larmes dont la religion est l’auréole. KARL MARX
L’origine du christianisme de Karl Kautsky est une brillante analyse matérialiste historique et dialectique. Elle est malheureusement trop méconnue.
Publié en 1908, cet essai s’ouvre sur une courte section intitulée « La figure de Jésus », qui est tributaire des sources de l’époque. Lorsque Kautsky a écrit son essai, il n’avait accès à aucune preuve documentaire autre que les quatre Évangiles et les écrits de Flavius Josèphe. Mais au cours des dernières décennies, l’étude du christianisme primitif a été révolutionnée par la découverte des manuscrits de la mer Morte2 et d’autres manuscrits anciens dont la signification n’est que progressivement comprise. Aujourd’hui, grâce à l’archéologie, la figure du Christ et la nature du christianisme primitif peuvent être interprétées sous un jour nouveau et les hypothèses de Kautsky sont devenues éminemment pertinentes pour l’expliquer.
Malgré les parallèles frappants entre la secte chrétienne et la communauté de Qumrân, nulle part les manuscrits ne mentionnent Jésus, Jean-Baptiste ou tout autre personnage du Nouveau Testament. Les parchemins et les fragments de papyrus mettent en lumière le monde dans lequel Jésus était censé avoir vécu et fournissent un puissant soutien à la thèse de Kautsky selon laquelle la figure de Jésus dans les Évangiles ne représente pas un personnage historique, mais une image composite de plusieurs personnages différents. J’y reviendrai plus en détail. Le corps du livre est divisé en trois grandes parties à peu près d’égale longueur : « La société romaine à l’époque impériale », « Le judaïsme » et « Les débuts du christianisme ». Chaque partie est une analyse pénétrante des aspects sociaux, économiques, politiques et culturels des sujets traités. Chacune éclaire de façon remarquable les grandes questions importantes : l’analyse de la montée et du déclin de l’économie politique esclavagiste pour l’Empire romain, la question de la diaspora et du commerce pour les juifs et le communisme confus, mais énergique, des premières communautés chrétiennes pour le christianisme. Mais surtout, c’est une formidable analyse de l’évolution des mentalités. Elle explique les raisons pour lesquelles la secte chrétienne s’est finalement imposée et est devenue une religion « universelle », pourquoi des communautés juives, même celles hors de la Palestine, ont résisté à l’assimilation et quel rôle a joué la déliquescence morale de la société romaine dans le triomphe d’une religion qui promettait le paradis après la mort.
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