Édition du 19 novembre 2024

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Europe

L’Italie au défi de l’antifascisme et de l’antiracisme

Après la folie assassine de Macerata, il faut se rassembler tous sous une seule bannière, celle de l’antifascisme et de l’antiracisme, sans aucune équivoque ni édulcorations.

Tiré du blogue de l’auteur.

Un “nazi-fasciste”, candidat de la Ligue du Nord aux élections communales de l’année dernière, se lance pistolet à la main, avec sa voiture, dans une ratonnade ; comme un terroriste de l’Etat islamique, il blesse 11 immigrés, se fait arrêter, place sur ses épaules le drapeau tricolore italien et déclare qu’il a agi pour venger une femme assassinée, paraît-il par un Nigérien. Tout de suite, Berlusconi et Salvini (le chef de la Ligue, connu pour ses habituels propos racistes et fascistes), cherchent à renverser l’évidente accusation d’avoir instigué la folie assassine : ils se mettent à crier que ce fait arrive parce qu’il y a trop d’immigrés “clandestins”.

Pour sa part, le ministre de l’intérieur, Minniti, célèbre pour son pacte pourri avec les gangs libyens, affirme qu’effectivement des cas de ce genre se peuvent vérifier. Le leader du M5S souscrit lui aussi aux discours de ses adversaires politiques sauf que, profitant de sa virginité par rapport à la participation au pouvoir, il accuse les droites et le PD d’avoir conduit l’Italie sous la menace de ce que Berlusconi appelle la « bombe sociale de l’immigration clandestine ».

Rappelons que tout a commencé bien avant de la campagne électorale ; Minniti avait promis de fermer les portes de l’Italie aux immigrés, et en même temps un durcissement des contrôles policiers style « tolérance zéro » depuis longtemps chérie par des leaders de l’ex-gauche italienne.

En effet, le premier objectif de Minniti était la protection des installations de l’ENI-Agip en Libye, mais aussi le blocage des migrants, laissés aux gangs qui en font commerce d’esclaves. A cela, Minniti a ajouté l’ignoble attaque contre les ONG qui cherchent à sauver les vies des migrants. Ainsi, Minniti a conquis la sympathie des fascistes et racistes, comme on le voit dans la vidéo où il participe au festival de l’un des groupes de la coalition des droites. La plupart des camerati de cette organisation ont dit haut et fort que Minniti serait leur ministre de l’intérieur idéal (mais probablement lui vise à dépasser Renzi et Gentiloni pour arriver à un gouvernement avec toutes les droites). Et Salvini aussi a rappelé que Minniti a bien géré le ministère parce qu’il a suivi ce que lui dit depuis longtemps.

La tragédie (des migrants) et la comédie misérable entre politiciens alliés ou en compétition le 4 février a donné des scènes particulièrement excitées ; presque des discours feux d’artifice de chiffres et petites phrases – de toute évidence, des boutades dignes du fasciste et raciste de la rue. A commencer par Berlusconi qui, après des chiffres d’il y a 15 jours maintenant, les a arrondi : il y aurait 600 000 immigrés illégaux qui pour vivre doivent commettre des délits et même des crimes graves. Il faut donc les expulser tout de suite. Peu après, Salvini a monté la mise : ils sont 800 000 criminels et c’est la faute de la gauche. Il y a plusieurs mois, Renzi avait déjà dit qu’il fallait aider les immigrés chez eux, phrase habituelle de Salvini. Voilà donc comment s’installe la circularité des discours anti-immigrés de la droite fasciste.

Le pseudo-paradoxe de cette tragédie n’est pas tout à fait visible et il est ignoré par nombre de gens y compris antiracistes et antifascistes.

La présence d’immigré sanspapiers en Italie comme ailleurs n’est que la conséquence de deux principaux fait politique :

1) le prohibitionnisme des migrations mis en place par l’Union européenne depuis 1990 endurci au cours de ces derniers années ; cela rends impossible l’accès régulier au territoire européen. En outre, les lois adoptées par l’Italie et les autres pays concernant le renouvèlement des papiers sont un dispositif de reproduction de l’irrégularité. Autrement dit, la majorité des immigrés dit sans papiers est en réalité connue par la police parce que pendant quelques périodes ils ont été en règle ou en tout cas fichés lors de leur arrivée.

2) Comme a été montré dans quelques recherches publiés, la reproduction de main-d’œuvre sans papiers répond à la demande de travailleurs au noir ou néo-esclave ou “use-et-jette”, c.-à-d. la main d’oeuvre indispensable pour les économies souterraines dont se nourrit l’économie légale de tous les pays et en particulier l’Italie. C’est précisément dans le nord de l’Italie que se concentre la majorité des immigrés sans papiers contraints à travailler au noir ou comme esclaves. Et voilà qu’on découvre là que les caporaux et petits patrons de ce monde illicite n’est que l’électorat de la Ligue Nord et des droites mais aussi de la coalition di PD. Mais dans la pleine du Po (Lombardie et Vénétie) ce sont toujours Berlusconi e la Ligue Nord qui ont gouverné tandis que dans le centre de l’Italie ce son le PD et ses alliés. Or ce n’est pas un hasard que personne ose dire que le problème est d’assainir les économies souterraines ; mais pour ce faire il faudrait : mettre en règle les travailleurs, faire payer les cotisations sociales et les impôts. Aucun parti osera dire cela car c’est la l’illégalisme toléré de la part des autorités, pour mieux couvrir l’illégalisme et la criminalité des cols blanc. Mais crier contre les immigré ça rapporte : on légitime ainsi le principe que ces gens ne doivent jamais avoir les mêmes droit des italiens et donc ils pourront toujours être traité comme des esclaves use-et-jette.

Ça fait 30 ans que ce système fonctionne avec la complicité tacite ou même explicite de tous les autorités locales et nationales, des polices comme des agences de prévention et contrôle. Le réseau de complicités est vaste et très dense. Il suffit voir dans n’importe quelle ville le matin très tot il y a des places de recrutement des travailleurs au noir pour les chantiers, les entreprises de nettoyage, les transports, les petites usines et aussi les particuliers qui ont besoin d’une aide familiale. Dans ces place on peut voir des agents de polices avec quelques caporal o petit patrons qui prennent le café ; en revanche quand il y a des agents des polices ou des agences de prévention et contrôle qui n’acceptent pas la corruption alors ils font tout de suite l’objet de mobbying voir de véritable persécution.

Salvini & se camerati crient contre les immigrés espérant de les terroriser pour les rendre encore plus esclaves qui travaillent se se cachent comme dans une sorte de replay du monde souterrain des métropoles du XIXe s. Mais rien exclut que cette génie de fascistes et racistes sera traitée comme le mérite, c.-à-d. comme les Résistants ont traité les ancêtres de cette droite.

Juste le 3 février on a eu un très belle expérience à Genova : une manifestation antifasciste et antiraciste avec plus de cinq mille personnes, surtout des jeunes, des ouvriers, des employés et enseignants et immigrés ... une manif construite pendant une année à partir d’un petit cercle de camarades d’un quartier périphérique qui porte le nom "30 juin 1960" ; c’est la date de l’insurrection de Gênes contre l’arrivée des fasciste au gouvernement avec la DC ; là il y avait encore tous les survivants de la Résistance qui a Gênes a été une guerre de peuple extraordinaire ; cette insurrection de 1960 a gagné faisant tomber le gouvernement DC soutenu par les fascistes ... Voilà que maintenant les jeunes ont repris à se mobiliser dans une ville qui pendant presque 40 ans a été horriblement trahie par ceux qui ont prise en main la gauche traditionnelle pour se plonger dans la corruption et le compromis permanent avec l’Opus dei (très fort dans cette ville) et la maçonnerie de droite et de "gauche”. Au dernières élections régionales et communales c’est la droite qui a gagné profitant de l’abstention de la majorité des électeurs de gauche dégouté par la leadership des D’Alema, Veltroni, Renzi, Minniti etc. Cette droite a donné aux petits groupes nazifascistes la possibilité d’arriver à s’installer à Gênes où jamais des fascistes et racistes avaient pu mettre pied.

Probablement ce ne sera pas ni lors ces prochaines élections ni pour les futures à courte échéance qu’il y aura un changement favorable à une véritable gauche qui doit se construire ex-novo. Mais l’exemple de Gênes le montre : il faut se mettre tous sous une seule bannière, celle de l’antifascisme et de l’antiracisme sans aucune équivoque ni édulcorations. Basta avec les petit groupuscules et les gens qui ne pensent qu’à gagner la place d’élu. Il faut construire ex-novo de manière à ne pas être phagocyté par la corruption de toute sorte ; cela vaut pour la nouvelle coopération, pour le commonfare, pour le commun et le secours mutuel.

Salvatore Palidda

professeur de sociologie à l’université de Gênes (Italie)

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