De smith Prinvil
Le 25 novembre ramène la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes. C’est aussi à cette date que débutent les 16 jours d’activisme durant lesquels des millions de personnes, de groupes de femmes et d’organisations féministes se mobilisent pour combattre ce phénomène.
Les organisations signataires de cette note sont fortement interpellées par la crise multidimensionnelle qui sévit dans le pays depuis maintenant plusieurs années et qui s’est envenimée avec l‘annonce de l’augmentation des prix des produits pétroliers. Les cris de la population pour forcer le Gouvernement de facto à revenir sur cette décision cruelle n’ont pas été entendus.
Depuis le 12 septembre 2022, aucun effort n’a été fait pour rendre ces produits disponibles dans les stations à essence ; ils sont écoulés sur le marché informel à prix exorbitant. Tous les secteurs d’activités du pays fonctionnent maintenant au rabais. Les barricades dressées lors des mouvements de protestation ont été enlevées mais plusieurs grands axes routiers du pays demeurent impraticables parce que de plus en plus de quartiers sont pris en otage par des bandits armés.
Cette crise donne libre cours aux exécutions sommaires, aux viols collectifs et à toutes sortes de crimes perpétrés en toute impunité. Dans son rapport du 16 août 2022, le Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH) relaye les récits glaçants des femmes victimes de viols collectifs à Cité-Soleil.
Le 7 juillet 2022, une énième guerre entre gangs armés a éclaté dans la zone et fait de nombreuses victimes. Le bilan partiel de ce massacre – à la date de parution du rapport- faisait état de trois-cents (300) personnes assassinées, au moins vingt-deux (22) personnes blessées par balles ou à l’arme blanche et au moins cinquante-deux (52) femmes et filles victimes de viols collectifs.
Il convient aussi de souligner que cette anarchie totale ne fait qu’amplifier la violation systématique des droits humains notamment les droits des femmes, des filles, des femmes à mobilité réduite, celles vivant dans les quartiers marginalisés ; les droits des femmes transgenre et de toute la communauté LGBTQI2S+ ; les droits des personnes, précisément des femmes détenues. En septembre 2022, selon plusieurs journaux haïtiens dont Le Nouvelliste, un nombre considérable de femmes détenues à la prison civile de Cabaret se sont évadées. Le Directeur de l’Administration Pénitentiaire a confirmé les faits au journal le Nouvelliste sans pouvoir indiquer le nombre exacte de prisonnières en cavale.
Aussi, jusqu’à date, les portes des écoles sont encore fermées et c’est d’autant plus grave que la réouverture était initialement fixée au mois de septembre, pour ensuite être reportée au mois d’octobre 2022. Par conséquent, les jeunes filles en âge d’être scolarisées sont contraintes de se confiner dans des quartiers à risque où elles sont constamment exposées aux viols, aux agressions incestueuses, aux attouchements sexuels et aux grossesses précoces. Les Madan Sara, véritables fers de lance du secteur informel, ne peuvent pas correctement vaquer à leurs activités quotidiennes alors qu’elles sont, pour la plupart, enchargées du bien-être de leurs familles. Le pays est scindé en plusieurs parties, les départements sont entrecoupés entre eux non seulement à cause de la coalition des gangs armés mais aussi à cause de la rareté et du coût trop élevé des produits pétroliers sur le marché informel. Les militant.e.s des Organisations Féministes et des Organismes de Défense des Droits Humains s’appliquent à asseoir leurs interventions auprès des groupes les plus vulnérables, à leurs risques et périls. Certain.e.s ont même laissé leur vie dans cette lutte : on se rappelle la triste disparition de Charlot Jeudy, figure de proue de la communauté LGBTQI2S+ en Haïti, retrouvé mort dans son lit en novembre 2019.
Nous, Organisations Féministes Haïtiennes, de droits humains et LGBTQI2S+ dénonçons avec la plus grande véhémence, l’inaction et l’incompétence du Gouvernement de facto en place face à la terreur que vit notre peuple depuis plusieurs années.
Convaincues que la solution à la crise haïtienne doit venir des haïtien.e.s-, nous prenons aussi position contre toute démarche d’intervention étrangère en Haïti.
À l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, nous réitérons notre engagement à nous battre pour une société haïtienne plus juste, plus équitable, plus inclusive, plus respectueuse des droits humains, en particulier des droits des femmes, des filles, des personnes vivant dans les quartiers d’habitats spontanés et défavorisés, des individus en situation de handicap, des détenu.e.s, de la communauté LGBTQI2S+ et de tous les groupes minoritaires.
Pour authentification : Nathalie E. VILGRAIN Coordonnatrice Générale MARIJÀN. Contact : contact@marijanayiti.org |+509 2913 3164.
LES SIGNATAIRES :
1. Organisation féministe MARIJÀN 2. NÈGÈS MAWON3. Organisation Arc-en-ciel d’Haïti (ORAH)4. Rezo Fanm Radyo Kominotè Ayisyen (REFRAKA)5. Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH) 6. Action communautaire pour l’intégration des femmes vulnérables en Haïti 7. Organisation Trans d’Haiti 8. Òganizasyon Feminis Dantò 9. Zantray Fanm Kreyòl10. Initiative pour un Développement Equitable en Haïti (IDEH)11. KOURAJ
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