Bien qu’au Québec il y ait moins de tolérance à l’égard de certaines formes de violences sexuelles, beaucoup de chemin reste à parcourir pour mieux faire comprendre la notion de consentement, pour qu’on cesse de rendre les victimes responsables de ce qu’elles ont subi, et ultimement, pour contrer ce fléau en amont, selon la FAE.
« Bien sûr, nous saluons des initiatives comme la tournée régionale de consultations sur les violences sexuelles dans les universités de la ministre de l’Éducation supérieure, Hélène David, ou encore les enquêtes fédérale et provinciale sur les femmes autochtones. Par contre, dans les faits, une fois l’attention médiatique passée, il existe une banalisation des délits sexuels à l’égard des femmes : à peine 0,3 % des agressions sexuelles au Canada résultent en une condamnation, d’autant plus que le processus judiciaire s’avère peu empathique envers les victimes. Il faut donc faire plus que se donner bonne conscience, une fois ces crimes commis, et miser sur la prévention des violences sexuelles. À cet égard, l’éducation nous apparaît comme la solution durable », pointe Joanne Bertrand, vice-présidente au secrétariat et à la trésorerie et responsable de la condition des femmes à la FAE.
Par ailleurs, elle souligne que les écoles primaires et secondaires, ainsi que les centres de formation professionnelle et d’éducation des adultes du Québec, ne sont pas exempts de violences à caractère sexuel. « D’où l’importance d’offrir aux élèves du Québec, jeunes et adultes, plus que quelques apprentissages saupoudrés ici et là, comme c’est actuellement le cas avec les projets pilotes du gouvernement se terminant à la fin de l’année scolaire. Il est clair que la situation exige plutôt un réel cours d’éducation à la sexualité, avec un véritable programme, de la maternelle à la fin du secondaire », précise-t-elle.
Afin de démontrer que les autorités gouvernementales prennent véritablement ces enjeux au sérieux, la FAE prône également une formation rigoureuse aux personnes qui dispenseront ce cours. Pour ce faire, il y a nécessité de revoir la formation initiale donnée aux enseignantes et enseignants ainsi que les curriculums afin de donner à ce cours la place qu’il mérite. « Compte tenu du caractère particulier de ce cours, il faut également prévoir que les enseignantes et enseignants puissent être soutenus par des professionnelles et professionnels présents dans les écoles », précise Mme Bertrand.
Dans cet esprit, la FAE demande au ministre de l’Éducation, Sébastien Proulx, de confirmer dans les meilleurs délais le retour de l’éducation à la sexualité dans les écoles du Québec, mais surtout d’en faire un véritable cours dans la grille-matière. « Nous espérons que le gouvernement de Philippe Couillard comprendra qu’un sujet aussi important se doit d’être traité sérieusement », conclut Mme Bertrand.