Tiré du site Europe Solidaire Sans Frontières, 17 mai 2020
vendredi 8 mai 2020, par Courrier International
"L’homosexualité n’est pas une maladie, nous ne voulons pas de ce genre de choses dans ce pays." Le ministre fédéral de la Santé allemand a été entendu. Le Bundestag a voté, jeudi 7 mai, l’interdiction des prétendues "thérapies de conversion" à destination des personnes homosexuelles de moins de 18 ans, rapporte la Deutsche Welle. Pour décrire les méthodes employées, comme l’hypnose et les chocs électriques, "le terme de thérapie est déjà trompeur", a ajouté Jens Spahn, membre de la CDU et lui-même ouvertement homosexuel.
En vertu de la nouvelle loi, toute personne proposant ou faisant la publicité de ces pratiques s’exposera à 30 000 euros d’amende ou à une peine d’un an de prison. "Les parents ou les tuteurs légaux qui forceraient leurs enfants à se soumettre à ces programmes pourront aussi être poursuivis pour manquement à leur devoir de protection", précise le site en langue anglaise de la radio allemande.
1 000 jeunes allemands soumis à ces programmes chaque année
"Cette loi est un signal fort, souligne Der Tagesspiel. Seuls très peu de gens savent que de telles pratiques sont employées encore au XXIè siècle – même en Allemagne, surtout dans les milieux très religieux." Pourtant, chaque année, quelque 1 000 jeunes allemands sont soumis aux "thérapies de conversion" à l’hétérosexualité dans le pays. "Rien ne prouve qu’elles marchent, poursuit le journal berlinois. Pire, certains en ressortent avec des séquelles physiques et psychologiques."
Si les députés chrétiens démocrates (CDU) d’Angela Merkel et leurs partenaires de coalition sociaux-démocrates (SPD) ont voté pour la loi, le parti d’extrême droite AfD s’est quant à lui abstenu. Les Verts ainsi que Die Linke, à gauche, se sont également abstenus, regrettant que le texte ne protège pas les jeunes adultes jusqu’à 26 ou 27 ans. Une réserve partagée par l’association allemande de défense des droits gays et lesbiens LSVD.
Sur la question de la limite d’âge, Jens Spahn s’est défendu, expliquant avoir voulu une loi qui ne puisse être contestée devant la justice. "Le droit allemand protège plus facilement les mineurs, contextualise Deutsche Welle. Lorsqu’on prend en compte les lois sur la liberté d’expression et de conscience, on entre dans une zone grise pour ce qui concerne les adultes."
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