« La loi est censée protéger les locataires des abus, mais les tricheurs de l’immobilier ont trouvé une façon d’en abuser : ils évincent des locataires qui n’ont rien à se reprocher sous prétexte de faire des rénovations », a expliqué Mme Ghazal. « Sur le Plateau-Mont-Royal, c’est rendu plus facile d’évincer son bloc appartement et d’augmenter les loyers que de dénicher un logement abordable. C’est le monde à l’envers ! » a dénoncé la députée de Mercier.
Andrés Fontecilla s’inquiète du nombre croissant d’appels à l’aide qui parviennent aux comités logement comme aux bureaux des députés solidaires de la région de Montréal. Depuis avril 2019, le comité logement du Plateau-Mont-Royal a reçu 154 demandes en lien avec une éviction, soit trois fois plus qu’à la même période en 2017.
« En matière d’évictions abusives, l’année 2019 s’annonce déjà comme l’année de tous les records, et nous sommes en saison basse. Si rien n’est fait, rendu Noël, on aura droit à une pluie d’avis d’évictions pour le 1er juillet prochain », s’est indigné le responsable solidaire en matière de logement. « Les gens les plus à risque sont les gens les plus vulnérables de notre société : familles précaires, gens seuls, personnes âgées. Ils sont chez eux dans nos quartiers et ils ont le droit d’y rester ! »
Vicky Langevin, organisatrice communautaire au Comité logement du Plateau Mont-Royal, est alarmée par l’augmentation du nombre d’évictions dans l’arrondissement : « les locataires de longue date vivent une grande pression, les spéculateurs immobiliers sont prêts à tout pour parvenir à leurs fins. Nous arrivons à un point de non-retour dans le processus de gentrification, il est urgent d’agir ! »
Quant à lui, le porte-parole du RCLALQ, Maxime Roy-Allard, a affirmé que « les évictions de locataires sont un réel fléau dans plusieurs régions du Québec, et avec la crise du logement qui sévit actuellement, les propriétaires sont encore plus enclins à évincer les locataires dans le but d’augmenter leur profit. Il est urgent de mieux protéger les droits des locataires. »
La ministre Laforest doit faire ses devoirs
Québec solidaire demande à la ministre de l’Habitation, Andrée Laforest, de poser trois gestes urgents en faveur des locataires touchés par les rénovictions.
– Mettre sur pied un comité d’urgence interministériel pour aider les locataires déjà victimes d’une rénoviction à se trouver un toit.
– Décréter un moratoire sur les évictions pour motif d’agrandissement, de subdivision ou de changement d’affectation, et ce, partout où le taux d’inoccupation des logements se situe en bas de 3%.
– Amender le Code civil pour resserrer le cadre législatif qui protège les locataires d’une éviction abusive.
Les visages de la rénoviction
La « rénoviction » est le nom donné à une éviction pour motif d’agrandissement, de subdivision ou de changement d’affectation d’un logement, dans le but de hausser le loyer au-delà des limites permises autrement ou de transformer le logement en Airbnb.
– Annie, 53 ans, paie un loyer de 700$ sur le Plateau-Mont-Royal. Elle est harcelée par son propriétaire depuis plus d’un an, qui lui a dit vouloir « des nouveaux riches ». Elle habite dans son logement depuis 11 ans.
– Michel, 70 ans, habite son logement depuis 8 ans. Pour le pousser à partir, son propriétaire a défoncé le plafond de sa salle de bain et donné des coups de pied à son chat. Son voisin d’en haut paie maintenant un loyer de 1200$.
– Andréanne est la dernière survivante d’une éviction de masse d’un immeuble de 14 logements. Son propriétaire lui a dit qu’elle paierait le double de son loyer actuel après les rénovations, et qu’il divisera l’appartement si elle refuse de partir.
– Michelle a accepté la compensation offerte par son propriétaire pour quitter son logement. Elle vit maintenant dans un 2 et demi. Son ancien logement, situé sur Clark, a été converti en Airbnb.
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