Pas assez pour freiner l’appauvrissement
L’inflation qui touche actuellement le pays est la plus élevée enregistrée depuis 1991. L’impact de cette hausse majeure des prix, 6,9% selon Statistique Canada, a un impact particulièrement sévère sur les personnes en situation précaire. Malgré les mesures de soutien à une partie des aînées annoncées hier par le ministre Girard, qui sont bien accueillies, l’inquiétude demeure entière pour plusieurs catégories de personnes. Le premier ministre a d’ailleurs fermé la porte à une bonification du salaire minimum, qui ne permet pas de vivre au-dessus du seuil de pauvreté. Les personnes qui survivent grâce à l’aide sociale passent elles aussi encore une fois au dernier rang des priorités du gouvernement. L’indexation des prestations ne suffira évidemment pas à combler l’écart qui s’est creusé durant la pandémie.
Évidemment, l’inflation touche beaucoup d’autres secteurs, comme celui du logement. Pourtant, les 3000 nouvelles unités mentionnées dans la mise à jour économique n’amènent rien de plus que ce qui avait déjà été promis au printemps dernier et qui était déjà qualifié de goutte d’eau dans l’océan. Alors, la crise du logement s’étire elle aussi : des milliers de personnes sont forcées d’occuper un logement qui ne correspond ni à leurs moyens ni à leur besoin. « Sans un réel contrôle des prix des loyers, il y a de plus en plus de personnes qui ne trouvent tout simplement plus de solutions et qui sont poussées à la rue », déplore Jonathan Carmichael du Bureau d’animation et d’information logement.
La faim et le froid s’installent dans la région
Depuis un an seulement, le prix du panier d’épicerie aurait augmenté de 11%. Cette hausse est catastrophique pour les personnes et les familles qui avaient déjà de la difficulté à répondre à ce besoin de base. Il y a quelques semaines, les ressources d’aide alimentaire tiraient déjà la sonnette d’alarme. Selon Moisson Québec, 1 adulte sur 4 serait désormais forcé de recourir au soutien des banques alimentaires. « 25% des adultes qui ont recours aux banques alimentaires, c’est énorme ! On s’explique mal pourquoi le gouvernement n’a rien prévu dans la mise à jour économique pour aider ces organismes à remplir leur réserve alors que la période des fêtes approche et que les collectes de fonds et de denrées sont plus difficiles qu’à l’habitude », s’insurge Vania Wright-Larin, porte-parole du RÉPAC 03-12. L’impact se fait également sentir chez les groupes qui travaillent avec les personnes en situation d’itinérance, qui se demandent carrément comment les gens vont pouvoir traverser l’hiver. La fin des mesures d’urgence liées à la pandémie a créé un manque criant de ressources au centre-ville, manque qui n’a toujours pas été comblé alors que le froid s’installe pour de bon.
Un bouclier anti-précarité, est-ce trop demander ?
Alors que les chèques promis en campagne électorale sont envoyés aux ménages, nul besoin de savants calculs pour comprendre que le prétendu bouclier anti-inflation du gouvernement ne fera pas long feu pour une mère monoparentale aux prises avec 11% d’augmentation du panier d’épicerie, tandis que pour d’autres - qui n’en ont pas besoin - il servira à nourrir artificiellement l’inflation. « Cette promesse électoraliste du gouvernement laisse des milliers de personnes dans l’attente de vraies mesures pour voir leurs conditions de vie s’améliorer. Serait-ce trop demander qu’au lieu de soudoyer des ménages bien nantis à coup de milliards, le gouvernement répare les trous qui se sont formés dans notre filet social qui est le seul véritable bouclier contre la précarité ? », a martelé Selma Lavoie d’Action-Chômage Québec.
Les groupes mobilisés espèrent que leur appel à l’aide sera entendu et que des mesures additionnelles seront déployées pour aider les différents organismes qui sont confrontés à une explosion des demandes de soutien dans à peu près tous les secteurs d’intervention. « Si le gouvernement refuse de prendre les choses en main, qu’il ait au moins la décence de donner les moyens nécessaires aux différents groupes communautaires qui viennent en aide aux personnes, dont la situation se dégrade vraiment rapidement », conclut Vania Wright-Larin, porte-parole du RÉPAC 03-12.
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