Tiré d’El Watan.
Une frappe sur une maison du camp de Nusseirat, dans le centre de l’enclave palestinienne, a fait 6 morts, et une autre en a fait 3 dans la ville de Ghaza, selon le personnel médical palestinien cité par l’agence de presse. Alors que 2 enfants ont été tués par un missile tiré sur un camp de tentes à Khan Younès, dans le sud de la bande de Ghaza, 4 autres personnes sont mortes dans un bombardement à Rafah, près de la frontière avec l’Egypte.
D’après des habitants, l’armée israélienne a fait exploser des blocs de maisons dans les secteurs de Djabaliya, Beit Lahya et Beit Hanoun, dans le nord de la bande de Ghaza, où l’armée mène, depuis début octobre, des bombardements intenses et ordonne des évacuations forcées, tout en privant la zone d’aide humanitaire.
Dans la nuit de vendredi à samedi, des frappes israéliennes ont tué aussi au moins 32 personnes à Ghaza, selon l’agence Reuters citant des sources médicales. Le ministère de la Santé a annoncé, hier, un nouveau bilan de 44 429 morts dans le territoire palestinien depuis octobre 2023. Au moins 47 personnes ont été tuées au cours des dernières vingt-quatre heures, a-t-il indiqué dans un communiqué.
L’UNRWA suspend la livraison d’aide…
L’Agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) a annoncé, hier, suspendre la livraison d’aide dans la bande de Ghaza depuis un point de passage clé avec Israël, l’acheminement étant devenue « impossible ». « Nous suspendons l’acheminement de l’aide par Kerem Shalom, le principal point de passage de l’aide humanitaire à Ghaza. » « C’est une décision difficile (...) alors que la faim s’aggrave rapidement », a indiqué, sur X, le chef de l’Unrwa, Philippe Lazzarini. La plupart des camions contenant de l’aide humanitaire entrent par le point de passage de Kerem Shalom à la frontière entre Israël et le sud de la bande de Ghaza. Or, « la route qui sort de ce point de passage n’est pas sûre depuis des mois.
Le 16 novembre, un important convoi de camions d’aide a été volé par des bandes armées », a ajouté Philippe Lazzarini. « Nous avons essayé d’acheminer quelques camions de nourritures sur cette même route. Ils ont tous été pris », a-t-il écrit. « L’opération humanitaire est devenue impossible », en cause notamment, selon Lazzarini, le « siège en cours, les obstacles posés par les autorités israéliennes » et le « manque de sécurité » sur les itinéraires. « La responsabilité de la protection des travailleurs humanitaires et du matériel incombe à l’Etat d’Israël en tant que puissance occupante.
Il doit veiller à ce que l’aide parvienne à Ghaza en toute sécurité et s’abstenir d’attaquer les travailleurs humanitaires », a estimé le chef de l’Unrwa, qui appelle à un cessez-le-feu. La bande de Ghaza a sombré dans l’anarchie, avec une hausse de la famine, des pillages généralisés et des viols de plus en plus fréquents dans les camps de réfugiés, alors que l’ordre public s’est effondré, alertaient, vendredi dernier, des responsables onusiens. La plupart des camions entrent par Kerem Shalom avant d’être contrôlés pour des raisons de sécurité. Ces contrôles sont l’une des raisons de la lenteur des livraisons, selon des ONG, mais les autorités israéliennes évoquent l’incapacité de ces organisations à prendre en charge les quantités d’aide.
La pénurie de carburant pour les camions, le mauvais état des routes et les combats dans des zones très denses ajoutent à la complexité des opérations. L’arrêt temporaire des livraisons par l’Unrwa est donc de « très mauvais augure » et « dramatique dans un contexte qui l’était déjà » a réagi Jean-François Corty, président de Médecins du monde, selon lequel « les indicateurs de mortalité sont exponentiels et hallucinants », du fait notamment du manque de nourriture, de médicaments et d’accès à l’eau. Pour Claire Nicolet, chef de mission pour Médecins sans frontières, c’est « catastrophique ». Les livraisons « commerciales ont été arrêtées, il n’y a plus de boulangerie, et l’agence onusienne est la colonne vertébrale de l’aide pour l’approvisionnement en nourriture et matériel », et une partie du médical.
Efforts pour un cessez-le-feu
Sur le front diplomatique, les Etats-Unis « travaillent activement » à un cessez-le-feu entre Israël et le Hamas à Ghaza, mais « nous n’y sommes pas encore », a déclaré Jake Sullivan, le conseiller à la Sécurité nationale de la Maison-Blanche. « Il y aura d’autres discussions et consultations, et nous espérons pouvoir conclure un cessez-le-feu avec un accord sur les otages, mais nous n’y sommes pas encore », a déclaré ce conseiller du président américain Joe Biden, sur NBC, selon une retranscription de l’entretien publiée par la chaîne. « Nous travaillons activement pour que cela se produise. Nous sommes très impliqués auprès des acteurs clés dans la région, et il y a de l’activité même aujourd’hui », a-t-il encore déclaré.
Le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar, a estimé qu’il y avait des « indications » que des progrès pourraient être faits vers un accord. « Ce que je peux dire, c’est qu’il y a des signes qu’on pourrait voir à un plus grand degré de flexibilité de la part du Hamas en raison des circonstances, dont l’accord au Liban, mais pas seulement », a-t-il dit lors d’une conférence de presse. Le gouvernement israélien « a la volonté d’avancer à ce sujet », a ajouté le ministre.
De son côté, l’émir du Koweït a appelé à un cessez-le-feu immédiat dans la bande de Ghaza lors d’un sommet du Conseil de coopération du Golfe (CCG). « Nous appelons à un cessez-le-feu immédiat (à Ghaza), à fournir une protection internationale pour les civils innocents et à garantir l’ouverture de corridors sûrs et l’arrivée d’une aide humanitaire urgente » a déclaré l’émir du Koweït, Michal Al Ahmad Al Sabah, aux six membres du Conseil des Etats du Golfe réunis dans son pays. L’émir du Koweït a critiqué une politique de « deux poids, deux mesures dans l’application des lois, chartes et résolutions internationales » ayant « entraîné l’extension de l’occupation israélienne et la déstabilisation » de la région. Pour sa part, le Hamas est « prêt » à discuter « toute proposition » de trêve dans la bande de Ghaza, a assuré, avant-hier, un responsable du groupe palestinien, alors qu’une délégation se trouvait au Caire pour rencontrer des médiateurs égyptiens.
La Maison-Blanche a annoncé, mercredi dernier, un nouvel effort diplomatique des Etats-Unis, avec l’aide de la Turquie, du Qatar et de l’Égypte, en vue d’arracher un accord portant sur un cessez-le-feu à Ghaza et la libération des otages qui y sont retenus. Depuis le début de l’année, une médiation menée par Washington, Doha et Le Caire a multiplié les efforts en vue d’un nouvel accord de trêve et de libération d’otages, mais jusque-là en vain.
« Nettoyage ethnique »
Dans un rare témoignage, l’ancien ministre de la Défense israélien, Moshé Yaalon, a affirmé que l’armée israélienne menait un « nettoyage ethnique » dans la bande de Ghaza, provoquant un tollé au sein de la classe politique. « La route sur laquelle on est entraînés, c’est la conquête, l’annexion et le nettoyage ethnique », a déclaré Yaalon lors d’une interview sur la chaîne privée DemocratTV.
Relancée par la journaliste qui lui a demandé s’il pensait qu’Israël se dirigeait vers un « nettoyage ethnique », Yaalon a répondu : « Que se passe-t-il là-bas ? Il n’y a plus de Beit Lahia, plus de Beit Hanoun, l’armée intervient à Jabaliya et en réalité on nettoie le terrain des Arabes. »
Les réactions n’ont pas manqué de fuser, le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, qualifiant de « honte » le fait qu’Israël ait eu « un tel personnage comme chef de l’armée et ministre de la Défense ». Le Likoud, le parti du Premier ministre, Benyamin Netanyahu, a réagi dans un communiqué fustigeant Yaalon « dont les propos (…) mensongers sont un cadeau à la CPI et au camp des ennemis d’Israël ».
Moshé Yaalon a été le chef de l’armée israélienne entre 2002 et 2005, juste avant le retrait unilatéral d’Israël de la bande de Ghaza. Entré au Likoud, le parti du Premier ministre Benjamin Netanyahu, il a été ministre de la Défense et vice-Premier ministre, avant de démissionner en 2016, à la suite de différends avec Netanyahu.
Israël n’a « aucune excuse » sur l’aide humanitaire, selon Berlin
Israël n’a « aucune excuse » pour empêcher l’acheminement de l’aide humanitaire vers la bande de Ghaza, a affirmé, hier, un haut représentant de la diplomatie allemande, à la veille d’une conférence sur le sujet au Caire. Israël doit « tenir enfin ses promesses de fluidifier l’aide humanitaire vers Ghaza et d’accorder un accès humanitaire suffisant à tout moment », a demandé Tobias Lindner, le ministre adjoint aux Affaires étrangères, dans un communiqué publié en amont de son déplacement en Egypte. « Il n’y a aucune excuse pour cela. Le droit d’Israël à la légitime défense trouve ses limites dans le droit international humanitaire », a-t-il souligné. La ministre des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, avait tenu des propos similaires début novembre, reprochant à Israël d’échapper « constamment » à ses engagements. L’Agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) a annoncé, hier, suspendre la livraison d’aide dans la bande de Ghaza depuis un point de passage clé avec Israël, l’acheminement étant devenu « impossible ». R. I."
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