Tiré du blogue de l’auteur.
Un petit séisme au pays du Brexit. Pourtant, au regard des revendications des femmes et des hommes en lutte, on ne peut que les soutenir !
Dans un pays qui a érigé en norme le contrat de travail ultra-précaire, les grévistes dénoncent l’utilisation des contrats 0 heure. Un contrat qui fait fureur au pays du libéralisme !
Mais c’est quoi exactement un contrat 0 heure ? Avec ce type de contrat, l’entreprise peut appeler les employés pour travailler uniquement quand elle en a besoin et les payer seulement pour le nombre d’heures effectuées. De plus, avec ces contrats, l’entreprise n’a aucune d’obligation de donner des heures aux salariés !
Bref, le rêve de tout grand patron mais un cauchemar pour les salariés.
Comment organiser sa vie quand il faut rester disponible toute la journée en attendant le coup de fil qui permettra de bosser quelques heures ?
De plus, la flexibilité n’est pas la seule particularité de ce contrat. L’autre grande caractéristiques est l’imprévisible. Jamais avide d’innovation pour généraliser l’exploitation avec le contrat 0 heure, le patron peut informer le salarié de l’annulation de ces heures de travail au tout dernier moment.
Conséquence directe pour le travailleur:un quotidien extrêmement difficile à gérer notamment en cas de présence d’enfants.Nous voilà revenu au temps de l’aliénation !
De leur côté, les patrons expliquent que le salarié est libre car il peut refuser de travailler une heure ou deux. Les chiffres officiels témoignent d’une autre réalité. Jamais personne ne dit non. Le chantage à l’emploi fonctionne à merveille. Tu ne veux pas travailler une heure ou deux ? Ok mais tu n’auras plus de contrat. C’est ainsi que ça se passe sur le terrain. Il n’existe aucune liberté pour le salarié !
Si aujourd’hui la colère explose chez le géant du fast-food, c’est qu’au Royaume-Uni McDonald’s concentre une quantité très forte de contrats 0 heure, environ 90% de ses salariés en possèdent un.
Décidément, McDonald’s est aussi inventif quand il s’agit d’exploiter les salariés que de pratiquer l’évasion fiscale à grande échelle. Pour rappel, l’enseigne américaine est dans le collimateur de la justice européenne qui lui reproche d’avoir fraudé le fisc par un montage financier complexe. Pour éviter l’impôt, Macdo a transféré son siège social européen du Royaume-Uni en Suisse et fait transiter ses revenus liés à la propriété intellectuelle dans une filiale basée au Luxembourg. Montant de l’opération, un taux d’imposition sur les bénéfices qui est passé de 29% à moins de 6%.
En deux mots, McDonald’s est bien le royaume de la mal-bouffe et du mal travail !
C’est vers cette société d’ultraflexibilité que veut nous amener Emmanuel Macron. Le CDI dit "de chantier" est le premier étage de la fusée du projet présidentiel, n’en doutons pas. L’Angleterre au même titre que l’Allemagne sont des modèles dont souhaite s’inspirer le président de la République.
Des modèles où les retraités sont obligés de travailler au regard de la faiblesse de leurs revenus, des pays où les étudiants sont des salariés à part entière, des pays où des hommes et des femmes cumulent plusieurs boulots pour pouvoir se nourrir.
Au Royaume-Uni, selon les derniers chiffres dont nous disposons (juillet 2016), les contrats "zéro heure" concernent 2.9% des actifs soit 900 003 personnes.
Alors oui, les revendications des salariés sont légitimes. Que demandent-ils : être payés 10 livres de l’heure (contre 7 actuellement) et avoir une garantie d’heures de travail pas mois. Rien de bien révolutionnaire, juste un statut décent ce qui semble apparemment trop pour McDonald’s !
Ce mouvement lancé aujourd’hui coïncide avec d’autres grèves en Belgique et aux États-Unis.
Plus que jamais la convergence des luttes demeure une nécessité !
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