Édition du 17 décembre 2024

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Politique québécoise

Gentilly 2. Un dossier délicat. Un courage peu commun !

Un épisode additionnel s’est ajouté dernièrement à la saga entourant la réfection ou non de la centrale nucléaire Gentilly 2 avec la conférence de presse à grand déploiement tenue par le camp du OUI. Camp auquel s’est associée, par sa présence remarquée à l’événement, la ministre de l’Emploi et de la Solidarité sociale et responsable de la région de la Mauricie, Mme Julie Boulet. Le gouvernement Charest semble vouloir souffler le chaud et le froid dans ce dossier puisque trois semaines auparavant M. Pierre Arcand, son collègue au cabinet, à titre de ministre du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs, était venu affirmer devant les gens d’affaires de la région qu’à Québec « on n’a pas l’intention de poursuivre plus en profondeur dans le domaine nucléaire ».

De toute évidence le gouvernement ne sait plus trop comment se dépêtrer d’un engagement pris en 2008 et à l’égard duquel ses alliés habituels, élus et gens d’affaires, soutenus dans les circonstances par les employés concernés, le pressent d’aller de l’avant. L’importance des retombées économiques et du nombre d’emplois de qualité qu’engendre la présence de la centrale le justifient amplement affirment-ils. Il y a là effectivement des enjeux déchirants où s’entremêlent des considérations d’emplois, d’économie, d’environnement, de santé, de sécurité publique et, au final, de visions d’avenir.

D’un autre côté, tout gouvernement responsable ne peut faire fi des solides arguments avancés par les partisans du déclassement de la centrale, ne serait-ce que la question des coûts faramineux de l’opération, 1,9 milliard $ au bas mot. Mais il y a plus.

L’apport tout à fait résiduel de l’électricité générée, la disponibilité d’autres sources d’énergie et leur potentiel d’emploi, les risques, si minimes soient-ils, d’un accident aux conséquences incalculables pour la région et sa population, la disposition des tonnes de déchets radioactifs générés par la centrale et dont on ne sait quoi faire sinon que de les léguer en héritage aux générations futures, ce sont là également des considérations que le gouvernement ne peut rejeter du revers de la main. D’autant plus, soutiennent les tenants du déclassement, que la mise au rancart de Gentilly 2 serait l’occasion idéale pour développer une nouvelle et précieuse expertise en matière de démantèlement de centrales nucléaires. Expertise d’avenir hautement exportable puisque dans plusieurs pays un nombre important de réacteurs arrivent à leur fin de vie utile.

Cette argumentation est documentée, rigoureuse et cohérente. Elle est d’ailleurs portée avec un courage peu commun par le député de l’endroit, M. Jean-Martin Aussant. L’attitude d’honnêteté et de franchise politique adoptée par M. Aussant dans ce dossier est exemplaire. Questionné au lendemain de la mobilisation d’éclat organisée par le camp du OUI, Jean-Martin Aussant persiste et signe : il faut déclasser Gentilly 2. L’homme n’est pas sans savoir qu’en s’exprimant ainsi il risque de prêter flanc à des attaques sournoises de ses adversaires et d’en payer le prix politique auprès d’un segment significatif de son électorat.

Une telle position, même si elle n’a pas l’heur de plaire à plusieurs « décideurs », gens d’affaires comme élus, et aux employés de la centrale, appelle le respect puisque c’est ce qu’on attend de nos élus : probité, honnêteté et courage de dire les choses comme elles doivent être dites. Si les convictions et points de vue défendus par M. Jean-Martin Aussant peuvent parfois contrarier certains de ses électeurs, ceux-ci ne pourront pas, à tout le moins, lui reprocher de faire de la « petite politique ».

D’autres gagneraient à suivre son exemple.

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