« Il y a longtemps que nous militons pour une révision complète de ce programme bancal, et les mesures annoncées aujourd’hui par le ministre Kenney ne suffisent pas à réparer les dégâts qu’il a causés », a déclaré le directeur national du Syndicat des Métallos, Ken Neumann.
« Nous nous réjouissons du fait que le travail accompli par notre syndicat sur cette question force le gouvernement à agir, mais celui-ci n’apporte pas les améliorations significatives nécessaires pour corriger ce programme une fois pour toutes », d’ajouter M. Neumann.
« Le gouvernement prévoit réduire le nombre de travailleurs à faible revenu, mais il ne s’attaque pas aux causes de leur vulnérabilité », poursuit-il. « Aucune des dispositions annoncées aujourd’hui ne libère de leurs attaches à un seul employeur les travailleurs à faible revenu qui viennent au Canada ni ne facilite leur cheminement vers la citoyenneté.
« S’il est condamnable de traiter 30 000 travailleurs comme des serviteurs liés par contrat, ce n’est pas en diminuant de moitié le nombre de travailleurs qu’on rectifie la situation. Le cheminement des travailleurs à faible niveau de compétences devrait être éliminé du programme, et les travailleurs qui s’y trouvent actuellement devraient être libérés de l’emprise d’un employeur unique et se voir offrir un cheminement vers la citoyenneté. M. Harper continue de dire à un groupe de travailleurs qu’ils sont assez bons pour travailler ici, mais pas assez pour vivre ici. Et cela, c’est condamnable. »
Les Canadiens ne devraient aucunement ajouter foi aux mesures d’application annoncées aujourd’hui par le gouvernement conservateur, a déclaré de son côté Stephen Hunt, directeur du Syndicat des Métallos pour l’Ouest du Canada.
« Nous avons déjà entendu le gouvernement dire qu’il s’attaquerait aux employeurs qui abusent du programme, mais nous n’avons vu aucun signe de financement ni de dotation en personnel en vue de renforcer les mesures d’application. Tant que les ressources suffisantes ne sont pas engagées, les mesures d’application demeurent essentiellement inefficaces », a déclaré M. Hunt.
« En fait, aujourd’hui, le gouvernement fait de nouveau voir son incapacité - sinon son incompétence absolue - à faire appliquer les règles et à protéger les travailleurs », a ajouté M. Hunt.
Des reportages diffusés aujourd’hui confirment que le gouvernement n’a toujours pas posé de gestes quant aux nouveaux pouvoirs qu’il s’est donnés l’an dernier en matière d’inspection des lieux de travail afin de s’assurer que les employeurs respectent les règles du PTET.
« Aujourd’hui, le jour même où le gouvernement fait de nouvelles promesses, nous apprenons qu’il n’a pas inspecté un seul lieu de travail où des travailleurs étrangers temporaires sont employés - où que ce soit au Canada », a souligné M. Hunt.
« Il y a près de 400 000 travailleurs étrangers temporaires au Canada, mais le gouvernement ne s’est pas donné la peine d’inspecter ne serait-ce qu’un seul lieu de travail pour voir comment les travailleurs sont traités et si les règles sont respectées. C’est intolérable. »
Le Syndicat des Métallos, qui a milité pour une meilleure transparence du PTET, entend rappeler au gouvernement sa promesse de rendre publics les noms des employeurs autorisés à embaucher des travailleurs étrangers temporaires.
« Le manque d’ouverture et de responsabilisation du gouvernement a contribué aux nombreux abus auxquels le programme a donné lieu », a déclaré M. Neumann. « Nous allons continuer d’exiger une révision plus globale et plus significative que celle qui est actuellement mise en œuvre. »
Le Syndicat des Métallos a été le premier à révéler comment le PTET avait servi de prétexte pour priver des Canadiens d’un emploi chez HD Mining à Tumbler Ridge (Colombie-Britannique), et la première organisation à offrir un soutien aux employés de la Banque RBC à qui on demandait de former les travailleurs étrangers qui allaient faire leur travail à leur place. Le Syndicat des Métallos a également aidé des travailleurs temporaires qui s’étaient plaints d’abus subis aux mains d’employeurs dans des franchises Tim Hortons et Subway en Colombie-Britannique.