M. Khadir dénonce l’attitude passive du ministère des Ressources naturelles face à ce conflit d’intérêts et demande le retrait de Genivar du dossier.
Le Devoir a révélé ce matin que Genivar, la firme d’ingénierie qui réalise l’EES pour le compte du gouvernement, a récemment investi dans l’industrie pétrolière en Alberta. Genivar a acquis une entreprise spécialisée dans la conception et la gestion d’installations pétrolières et gazières.
« Même si ses intérêts pétroliers ne sont pas directement dans le Golfe, Genivar est maintenant un joueur dans cette industrie, estime Amir Khadir. Genivar est, selon moi, en conflit d’intérêts, car elle n’a aucun intérêt à être perçue par ses éventuels clients comme une entreprise qui met des bâtons dans les roues au développement pétrolier. Je suis sans mot pour décrire l’attitude passive du ministère des Ressources naturelles qui ne s’inquiète pas de cette situation. »
Le député solidaire juge que Genivar ne peut continuer à mener ce dossier pour le compte de Québec. Il demande au gouvernement de s’inspirer des demandes émanant du Forum sur les hydrocarbures, tenu aux Îles-de-la-Madeleine, au début du mois d’avril, qui a réuni des participants-es provenant de cinq provinces autour des enjeux liés à l’exploration dans le Golfe et à l’exploitation éventuelle du gisement Old Harry. Ils ont réclamé la tenue d’une commission d’examen fédérale sur le projet, l’équivalent de la tenue d’un Bureau d’audiences publiques sur l’environnement. Pour M. Khadir, une telle commission aurait l’avantage de traiter en toute indépendance la problématique dans son ensemble et de tenir compte des intérêts des communautés côtières de toutes les provinces touchées.
Une pétition pour l’abandon des projets
Le député de Québec solidaire, déposera également aujourd’hui à l’Assemblée nationale, la version papier d’une pétition demandant l’abandon des projets d’exploration et d’exploitation pétrolière dans le golfe du Saint-Laurent.
La pétition est une initiative de Sophie Robitaille, une élève fréquentant le Collège de Champigny, à Québec. Sa pétition a recueilli 7 181 signatures pour sa version électronique, déposée en décembre 2010, et 509 pour sa version papier. C’est donc un total de 7 690 signataires qui demandent « à l’Assemblée nationale d’exiger du gouvernement du Québec d’abandonner les projets d’exploration et d’exploitation pétrolière dans les bassins de l’estuaire et du nord-ouest du golfe, de la baie des Chaleurs, d’Anticosti et de la Madeleine. »
Les signataires invoquent, notamment, que :
* l’estuaire du Saint-Laurent est un écosystème fragile et unique et qu’un accident tel que la marée noire du golfe du Mexique pourrait avoir des conséquences désastreuses ;
* l’exploitation entraîne des fuites de pétrole, 110 millions de litres de pétrole s’échappant chaque année des puits, des pipelines et autres infrastructures de l’industrie pétrolière américaine ;
* même traitées, les boues de forage contiennent beaucoup de métaux lourds et d’hydrocarbure qui se déposent sur les fonds marins ;
* des torchères brûlent l’excédent de gaz, émettant ainsi des hydrocarbures et des contaminants atmosphériques qui s’immiscent dans l’écosystème avoisinant les plates-formes.
Rappelons que lors de son récent congrès, au mois de mars, Québec solidaire a résolu de « mettre fin à toute recherche et mise en exploitation d’énergie fossile telle que le pétrole dans le golfe du St-Laurent, les gaz de schiste et les ports méthaniers. »