Édition du 17 décembre 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

International

D’un pays à l’autre : brève revue de l’actualité internationale

États-Unis, Israël, Sri Lanka

Etats-Unis

1- La guerre : le président américain a réussi, au moins en partie, sa stratégie dans l’organisation de la guerre. Il vient d’associer intimement l’Afghanistan et le Pakistan malgré les énormes différences entre les deux pays. Il étend donc le théâtre militaire officiellement. Avec un président pakistanais très faible et de l’argent à la clé, (1,5 milliard par année pour les 5 prochaines années), c’était un combat quasi gagné d’avance. Sauf si le Congrès refusait de voter en sa faveur…Un mouvement structuré existe en ce moment à l’intérieur de la chambre des représentants pour refuser toute nouvelle demande de financement pour la guerre de la part du président.

Le général McMullen chef des opérations en Afghanistan est limogé : trop attentiste, pas assez agressif, et pas assez inventif dans la conduite de cette guerre. Pour le remplacer, le général McChrystal. Il a une réputation épouvantable dans le public mais est chaudement supporté par les hauts gradés de l’armée, le secrétaire à la défense en tête. Ce général s’est fait valoir en Irak par une stratégie d’actions secrètes dont il était l’officier responsable. Cela comprenait des assassinats, des emprisonnements sans mandat et sans procès, et des razzias dans la population. Il est aussi célèbre pour avoir falsifié le certificat établissant les causes de la mort d’un jeune ranger, Tillman, prétendant qu’il avait été tué par l’ennemi au cours d’un combat. La preuve a été faite depuis que Tillman a été tué par un dit « tir ami » c’est-à-dire par un tir accidentel d’un de ses camarades. C’est l’acharnement des parents du jeune homme qui a fini par dévoiler la vérité. D’autres familles ont des griefs importants contre ce général, mais beaucoup s’inquiètent de la possibilité de perdre le peu de transparence qui a existé dans cette guerre jusqu’à maintenant. M. Obama a sa guerre !!

2- La torture : après avoir autorisé la publication de quatre mémos de conseillers juridiques de l’administration Bush, autorisant des pratiques d’interrogatoire « robustes », autrement dit des tortures, le président Obama refuse maintenant que des photos illustrant les tortures utilisées dans les prisons d’Irak, dont la célèbre Abu Grahib, soient rendues publiques. Il invoque qu’elles n’apportent rien de nouveau et ne feraient que rendre les soldats sur les terrains au Proche-Orient plus vulnérables face à un ennemi plus féroce. La « American Civils Liberties Union », une association pour la défense des droits civiques réclame cette publication comme pièce à l’appui dans la lutte pour arriver à ce que les anciens responsables de ces activités dans l’administration précédente, Ms Bush et Cheney en tête, soient poursuivis et jugés pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Or, M. Obama s’y refuse absolument même si sa base et des couches de plus en plus larges de la population font pression en faveur de poursuites. Il est probable que l’ACLU portera la cause devant la cour suprême. Dans ce cas, le jugement devrait arriver au milieu de l’automne prochain.

Obama se distance de plus en plus de larges fractions de la population et même d’une partie significative de son propre parti sur ce point de politique. Ses explications ne font plus le poids. Par ailleurs, il vient aussi d’annoncer la remise sur pied des tribunaux d’exception pour certains prisonniers de Guantanamo. Une centaine environ. Les cadres d’intervention sont quelque peu changés (améliorés ?) mais pas question que ces personnes soient jugées dans les cours régulières américaines alors qu’il serait tout à fait possible de le faire. Ici aussi, reprise de la stratégie de M. Bush. Il semble clair que les états majors des armées et la direction du Pentagone, la communauté du renseignement, peut-être même le complexe militaro-industriel sont plus influents que la base électorale de ce président. Dans ce domaine et dans la conduite de la guerre

3- La réforme de l’assurance maladie : il s’agit d’un des engagements les plus importants du président Obama : que plus personne, à moyen terme, ne soit sans assurance maladie. Actuellement environ 46 millions en sont totalement privées. Mais, son plan exclut explicitement toute organisation centralisée et étatisée de l’assurance maladie appelée là-bas « single payer insurance ». Des débats très vifs ont lieu dans le public à ce sujet et toute une portion de la population dont des médecins, des infirmières et d’autres professionnels de la santé refusent que cette solution soit rejetée d’emblée. Et ils se font entendre. Cette semaine, lors d’auditions dans un comité du Congrès, après que le président eut bien spécifié que la possibilité d’un système centralisé d’assurance n’était pas à l’ordre du jour, une quinzaine de médecins et infirmières sont intervenus à tout de rôle depuis la salle pour plaider pour cette formule. Ils et elles ont été évacuéEs de la salle, arrêtéEs et….incarcéréEs. Le président se serait engagé, semble-t-il à ce que les compagnies d’assurance ne perdent pas leur marché. On se souviendra qu’il s’opposait vigoureusement à Mme Clinton sur ce sujet au cours de la campagne électorale l’an dernier. La droite a d’ailleurs cru bon de plaider, par des publicités télévisées, contre la solution étatique. Leur exemple ? Le Canada où l’accès à tous les soins serait compromis ou de mauvaise qualité. L’ancien président de l’association médicale canadienne y intervient pour soutenir ce point de vue. On se rappellera qu’il avait mené campagne pour la privatisation de la médecine canadienne durant son mandat au début des années 2000.

Israël

Les récentes élections y ont donné le pouvoir à une coalition de droite qui comprend des éléments non négligeables d’extrême droite. Un certain M. Liberman y est maintenant ministre des affaires extérieures. Le sort des Palestiniens est loin de devoir s’améliorer avec un tel occupant. Mais, ce qui s’installe dangereusement, c’est une détérioration marquée du statut et des conditions des Palestiniens de l’intérieur, ceux qui sont restés en Israël après la fondation du pays. Ils ont toujours été traités comme des citoyens de seconde classe, privés de bien des droits. Mais depuis la guerre de Gaza et ces élections, ils sont de plus en plus visés par toutes sortes de vexations et brimades qui leur rendent la vie encore plus pénible. Et c’est sans compter avec une dégradation du climat général qui les entoure. On les traite de cinquième colonne, on leur dit de sortir du pays, de partir vers les territoires. Il se développe autour d’eux un climat de rejet qui n’est pas sans rappeler celui qui s’est installé en Allemagne à l’égard des Juifs après la prise du pouvoir par les nazis. On n’en est pas encore tout à fait là, mais ….D’ailleurs les partis d’extrême droite membres du gouvernement, M. Liberman en tête, demandent leur renvoi du pays !

Par ailleurs, le gouvernement israélien n’accepte pas que le président américain veuille entreprendre un rapprochement avec l’Iran. Pour Israël il s’agit là de son ennemi principal et le plus dangereux pour la région. Il fait donc pression sur la Maison Blanche pour un retournement de politique et prévient que si tel n’était pas le cas, il se réserve le droit d’attaquer l’Iran seul s’il juge que c’est nécessaire pour sa protection. L’AIPAC, l’association qui pilote la politique israélienne dans tous les lieux de pouvoir aux Etats-Unis, mène une puissante bataille à ce sujet. M. Nétanyaou, nouveau premier ministre israélien doit rencontrer le président Obama prochainement. Il se fait fort de le faire changer de stratégie.

Sri-Lanka

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Mots-clés : International
Alexandra Cyr

Retraitée. Ex-intervenante sociale principalement en milieu hospitalier et psychiatrie. Ex-militante syndicale, (CSN). Ex militante M.L. Actuellement : membre de Q.S., des Amis du Monde diplomatique (groupe de Montréal), animatrice avec Lire et faire lire, participante à l’établissement d’une coop. d’habitation inter-générationnelle dans Rosemont-Petite-Patrie à Montréal. Membre de la Banque d’échange communautaire de services (BECS) à Montréal.

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