Édition du 17 décembre 2024

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Europe

Etat espagnol. « Podemos réinvente l’acclamation spartiate via Internet »

Pablo Iglesias est un fan de la série télé Game of Thrones. La figure du mouvement Podemos s’apprête à publier ces jours-ci à Madrid un livre qu’il a coordonné sur les « leçons politiques » à tirer de cette saga produite par HBO [Home Box Office], récit de guerres civiles moyenâgeuses sous forte influence shakespearienne. Avec une certaine dose de provocation, le titre de l’ouvrage reflète assez bien l’état d’esprit qui règne parmi les « meneurs » de Podemos en cette fin d’année : Gagner ou mourir (éditions Akal).

Gagner ou mourir ? Appliquée au contexte espagnol très tendu, l’alternative devient : remporter les élections générales de novembre 2015, ou laisser s’effondrer le pays, ravagé par les politiques de la « caste » au pouvoir. « Nous vivons des temps de réorganisation systémique (…) et si nous voulons livrer la bataille idéologique nécessaire pour aller jusqu’à gouverner, il faut miser sur le rajeunissement, la radicalisation et l’habileté à communiquer », écrit Iglesias, 36 ans, dans un essai publié à la fin de l’été (Disputar la democracia, éditions Akal). Surgi en janvier dernier, Podemos (« Nous pouvons ») est devenu, à la surprise quasi générale, la quatrième force politique du pays, aux européennes de mai (1,2 million des voix, 8 % des suffrages, cinq eurodéputés). Depuis, la dynamique est de leur côté. Iglesias et ses lieutenants sont des invités réguliers des plateaux télé, où ils tempêtent contre la « caste » des vieux partis qu’ils jugent corrompus et responsables des 24% de chômeurs et chômeuses dans le pays dans le pays.

Des sondages les donnent désormais au coude à coude avec le parti socialiste (PSOE, opposition), pour la deuxième place, devant les écolo-communistes d’Izquierda Unida (IU), mais derrière le parti populaire (PP, droite au pouvoir). Le mouvement, qui veut « convertir l’indignation en changement politique », vient de franchir une étape clé. Au terme d’un congrès mouvementé, où deux projets se sont opposés, il s’est doté d’une organisation stable. Plus de 80 % des 112’000 Espagnols qui ont voté sur le site de Podemos, pendant la semaine qu’a duré la consultation, ont soutenu la résolution défendue par Iglesias et son équipe, selon les résultats dévoilés lundi 27 octobre 2014.

C’est un succès majeur pour le professeur de science politique de l’université de Madrid, qui a fait ses gammes tout au long des années 2000 au sein de La Tuerka [émission de débat politique diffusée par Publico TV], « sa » chaîne de télé indépendante diffusée sur internet, spécialisée dans les débats politiques. Iglesias devrait être élu haut la main, en novembre 2014, pour devenir le secrétaire général de Podemos, conformément à l’organigramme qu’il a lui-même mis au point. Mais l’homme a aussi pris un risque majeur : banaliser un mouvement dont l’ADN est celui de la démocratie directe, au nom de l’« efficacité politique ».

Son projet met sur pied un « conseil citoyen », censé exprimer la voix des « cercles », ces centaines d’assemblées qui forment la colonne vertébrale du mouvement, mais surtout un « conseil de coordination » – un bureau d’une dizaine de personnes toutes désignées par le secrétaire général. Pendant le congrès, nombre d’activistes de base de Podemos ont critiqué une organisation trop verticale, qui donnera presque tous les pouvoirs à un seul homme et ses proches.

« Le projet d’Iglesias fait un peu trop “vieille politique”, avec ce leader unique du parti, qui va pouvoir désigner ses conseillers à sa guise », commente Victor Alonso Rocafort, un sociologue passé par la Complutense de Madrid, qui suit Podemos depuis ses débuts. « Ils sont en train d’inventer une Sparte numérique. A Sparte, les dirigeants fixaient l’agenda, et les citoyens décidaient par acclamation. [1] Podemos réinvente l’acclamation via internet. Mais il n’y aura pas de dialogue, de prise en compte au quotidien de l’avis de tous ces gens qui forment les “cercles” de Podemos. » L’universitaire redoute qu’une nouvelle « oligarchie » se forme, par-delà les discours sur la démocratie retrouvée.

Le projet concurrent à celui de Pablo Iglesias, rejeté par la majorité des votants, prévoyait une structure plus souple, avec trois porte-parole, et surtout une meilleure prise en compte des « cercles » dans les processus de décision. Il imaginait même l’introduction du tirage au sort, pour désigner une partie d’un « conseil citoyen ». Iglesias et ses alliés ont bataillé ferme contre ce projet, au nom d’un certain réalisme politique, pour gagner en « efficacité » d’ici aux élections de l’an prochain. En ouverture du congrès à Madrid, Iglesias eut cette formule définitive, qui a dû bousculer plus d’un « indigné » dans la salle : « Ce n’est pas par consensus que l’on s’empare du ciel. On le prend d’assaut. » Le message lyrique – une référence à Marx – était limpide : impossible, selon Iglesias, de remporter les élections de 2015, en continuant à pratiquer le « consensus », cette marque de fabrique des assemblées « indignées » de 2011, qui prend du temps et affadit parfois les positions les plus offensives.

Le combat du « peuple » contre la « caste »

Au fil des mois, Podemos s’est transformé en un objet politique étrange, pétri des contradictions qui affleuraient déjà sur les places d’Espagne il y a trois ans. Le mouvement défend l’« horizontalisme » des assemblées mais recourt à un leader très médiatisé et tout-puissant. Son programme est ancré à gauche (Podemos appartient au groupe de la GUE au parlement européen, le même que celui du Front de gauche et du PCF comme de Izquierda Unida-IU), mais le collectif se considère « ni de droite ni de gauche ». C’est un mouvement très identifié à une poignée d’universitaires à Madrid, mais il a fait son meilleur score électoral, en mai… dans les Asturies, une province du nord-ouest (13,6 %). Il est facile de se perdre, tant les fausses pistes sont nombreuses. « Podemos rassemble des gens venus d’horizons très divers, qui partagent au moins trois convictions : le rejet absolu de la corruption, la nécessité d’appliquer d’autres politiques économiques à celles en place aujourd’hui, et le besoin de récupérer la politique pour les citoyens, alors qu’elle est aujourd’hui confisquée par une élite », clarifie Cesar Castañon Ares, un historien de 27 ans, membre intégrant du « cercle » Podemos de Barcelone.

S’ils se gardent de la formuler haut et fort, Iglesias et ses proches ont une intuition : l’important n’est pas tant d’accompagner les mouvements sociaux qui secouent toute l’Espagne (ils ont déjà leur soutien), que d’aller séduire des classes populaires les plus dépolitisées du pays – ce vivier d’électeurs frappés par la crise, dégoûtés par la politique – et que Podemos estime être le seul capable de « récupérer ». C’est ici, selon eux, que se situe la majorité électorale, celle qui leur permettra de passer devant le PP et le PSOE d’ici un an. De cette intuition découle une rhétorique musclée, qui renforce encore le leadership d’Iglesias. Il n’est plus question d’un clivage gauche/droite, mais bien du « peuple » contre la « caste » (un face-à-face qui rappelle le slogan « 99 % » contre « 1 % » d’Occupy Wall Street). Les expressions de « crise de régime » ou de « néolibéralisme », qu’Iglesias et ses proches ont théorisées à longueur d’émissions de La Tuerka [émission de télévision politique sur Publico TV], sont désormais bannies, jugées trop « académiques » : elles sont laissées aux écolo-communistes d’IU. A l’inverse, Iglesias parle de plus en plus souvent de la « patrie espagnole », qu’il lie à la défense des services publics et à la souveraineté économique qu’il faudrait reconquérir. « Cela ne veut pas dire que le clivage droite-gauche n’existe plus. Mais le système d’opposition traditionnel droite-gauche issu de la transition (après la mort de Franco en 1975) a volé en éclats. Pendant des décennies, être de gauche, c’était voter pour le PSOE. Etre de droite, c’était voter pour le PP. On est en train de dépasser cela », estime Cesar Castañon Ares.

Dans les discours de ses dirigeants, Podemos se risque à une alliance étonnante, entre un populisme assumé, venu des gauches latino-américaines, et des références issues des débuts de la social-démocratie européenne – en particulier sur le front économique. Ces croisements viennent de loin : ils ont été imaginés par plusieurs proches d’Iglesias, tous passés par l’Amérique latine, qui forment le noyau dur du mouvement. Juan Carlos Monedero est l’une des figures les plus influentes du collectif. A 51 ans, le « Mick Jagger de la science politique », comme il se fait appeler dans les émissions décontractées de la Tuerka, est le maître à penser d’Iglesias. Il a conseillé au début des années 2000 le patron des écolo-communistes (IU), Gaspar Llamazares, a donné des cours dans de nombreux pays d’Amérique latine et rêve aujourd’hui de s’emparer de la mairie de Madrid aux municipales de 2015, en surfant sur le succès de Podemos.

Son dernier essai, Leçon de politique dans l’urgence, à l’usage de gens décents (2013), en est à sa dixième édition. C’est un texte lyrique et foisonnant de références (Gramsci, Debord, Semprun, Harvey…) qui se présente comme une « boîte à outils subversive ». Monedero y passe surtout son temps à trucider la « vieille politique » espagnole, responsable d’avoir fait basculer le régime issu de la transition [de 1975 à 1978 ou 1982, selon les analyses] dans une forme de fascisme social » (« Les démocraties de basse intensité sont des régimes démocratiques, d’un point de vue formel, mais fascistes, d’un point de vue social »).

L’autre très proche d’Iglesias est l’un de ses meilleurs amis (encore un homme) : Iñigo Errejon, 32 ans. Iglesias et Errejon ont partagé, durant leurs études madrilènes, le même directeur de thèse. Errejon a consacré ses recherches au MAS, le parti socialiste créé par Evo Morales en Bolivie, et a vécu un temps à La Paz. Il travaillait comme politologue au Venezuela quand l’aventure Podemos l’a convaincu de revenir en Espagne. Il fut le concepteur de la campagne (à succès) des européennes de mai 2014.

Quelles propositions concrètes ?

C’est lui, Errejon, qui tire le parti vers une forme de péronisme adapté à l’Espagne. Sa référence principale n’est autre qu’Ernesto Laclau, intellectuel argentin contesté, théoricien subtil d’un « populisme » qui n’aurait rien de péjoratif ou d’irrationnel, et qui pourrait même être mobilisé au service d’idéologies progressistes., c’est à la condition d’appliquer des politiques progressistes et radicales que l’on peut parvenir à former un « peuple ». A la mort de Laclau, au printemps 2014, Errejon s’est fendu de plusieurs hommages dans la presse espagnole). Ce jeune universitaire fait de l’Europe du Sud, frappée par la crise, l’arène d’une politique européenne en voie de « latino-américanisation », « non pas pour copier, sinon pour traduire, reformuler, s’emparer d’une batterie de concepts et d’exemples », écrit-il. Avant d’affirmer, en référence à Podemos : « Ce n’est un secret pour personne qu’une initiative politique récente dans notre pays n’aurait pas été possible, sans la contamination intellectuelle, et l’apprentissage des processus de changement en cours en Amérique latine. » Cette mainmise d’une poignée d’universitaires sur la stratégie de Podemos ne se fait pas sans heurts. Teresa Rodriguez [enseignantes du secondaire], l’une des cinq eurodéputés du mouvement, s’est moquée, en douceur, de cette stratégie des « cerveaux » de la Complutense de Madrid, efficace sur le papier, mais qu’il reste à concrétiser : « Podemos n’est pas une expérience universitaire », a-t-elle mis en garde lors du congrès d’octobre.

Pour le sociologue Victor Alonso Rocafort, la volonté des « meneurs » de Podemos de ne pas s’enfermer sous l’étiquette, trop étriquée à leurs yeux, de la « gauche critique » pose d’autres problèmes. « Podemos s’est montré très discret, pendant la campagne des européennes, sur le projet de loi qui devait durcir l’accès à l’avortement dans le pays [le texte a depuis été retiré par le ministre de la Justice Alberto Ruiz-Gallardón, démissionnaire le 23 septembre 2014 ; Rajoy a été sensible aux réactions dans une partie de son électorat et de certaines femmes du gouvernement – réd. A l’Encontre] Même chose sur l’immigration aujourd’hui. Ils évitent de monter au créneau sur ces sujets qui divisent la société espagnole. Sur le fond, Podemos est opposé à ce texte de loi anti-avortement, et défend une politique migratoire différente de ce qui se pratique aujourd’hui. Mais ils ont choisi de ne pas le dire. C’est un choix dangereux. Ce sont des sujets délicats sur lesquels il me semble important de faire de la pédagogie, si l’on prétend gouverner. C’est bien de vouloir gagner les élections, mais encore faut-il les gagner correctement. »

Au-delà de ces débats sur la stratégie électorale, qui ont beaucoup occupé les esprits des responsables de Podemos cet automne, d’autres s’inquiètent des flous et des manquements béants de leur programme. « Les Podemos ont tout misé sur la crise de régime, sur les questions de représentation politique, sur la dénonciation de la « caste » des politiques », constate Florent Marcellesi, un membre du parti écolo EQUO, qui sera eurodéputé à partir de 2017. « A nos yeux, c’est nécessaire, mais ce n’est pas suffisant. La crise n’est pas seulement liée aux failles du système politique, c’est une crise de civilisation qui est devant nous. Il faut sortir du modèle productiviste. »

Mais que défend Podemos, au juste ? Le mouvement est jeune et l’élaboration d’un programme prend du temps. Dix mois après la naissance, les contours restent flous. A l’occasion de son congrès, Podemos a soumis aux votes des internautes inscrits sur le site 97 propositions qui sont remontées des « cercles », partout en Espagne. Au terme de trois jours de consultation sur internet, le collectif a adopté les cinq résolutions les plus recommandées. Les voici, par ordre décroissant de soutien :
1° La défense de l’éducation publique, en soutien aux mouvements des « marées » contre les coupes budgétaires dans le secteur éducatif (17’289 votes, 45 %).
2° La lutte contre la corruption avec, notamment, un durcissement des peines pour les cas de corruption d’agents publics, et la suppression des privilèges de juridiction pour les élus (16’186 votes).

3° L’interdiction des expulsions immobilières « sans alternative » et la reconnaissance du droit au logement social (14’889 votes).

4°La défense de la santé publique – y compris pour les migrants sans papiers – qui prévoit, par exemple, la suspension des règlements qui autorisent certaines communautés autonomes à privatiser certains hôpitaux publics (12’129 votes).
5° Un audit citoyen de la dette (981 votes) pour identifier les dettes « illégitimes » et « restructurer » la dette globale de l’Espagne, en fonction des résultats (c’est-à-dire en supprimant la part de dette « illégitimement » contractée).

En vrac, d’autres résolutions proposaient le blocage du projet de traité de libre-échange avec les États-Unis, l’aide aux migrants, le renforcement des droits des animaux, le recours régulier aux référendums. Mais elles n’ont pas obtenu de scores suffisants pour être retenues

Vers une « social-démocratisation » de Podemos ?

Lors des dernières semaines, Pablo Iglesias s’est aussi prononcé pour le « droit à décider » des Catalans (c’est-à-dire pour la tenue d’un référendum sur l’indépendance, ce que refusent PP et PSOE), même s’il reconnaît, à titre personnel, ne pas souhaiter l’indépendance de la Catalogne. Idem pour les Canaries : Podemos soutient, tout comme les autorités locales et les écologistes, la tenue d’un référendum sur les prospections pétrolières au large de l’archipel ­– ce que refuse le gouvernement de Mariano Rajoy, favorable au démarrage du projet.

Au-delà de ces prises de position, des débats de fond agitent le mouvement. En particulier sur les orientations économiques. Relance, alternatives à l’austérité, mandat de la BCE, euro, régulation financière… Impossible de mettre en avant des positions officielles et précises sur ce type de sujets. Tout au plus Iglesias a-t-il multiplié les sorties, ces dernières semaines, pour vanter le programme social-démocrate des années 1980, se référant explicitement… au Felipe González [Président du gouvernement de décembre 1982 à mai 1996] de 1982. Extrait de son dernier ouvrage, sorti fin août (Disputar la democracia) : « Parler de réforme fiscale, d’un audit de la dette, de contrôle collectif des secteurs énergétiques, de la défense et de l’amélioration des services publics, de la récupération des attributions de la souveraineté et du tissu industriel, des politiques d’emploi par l’investissement, de favoriser la consommation, de s’assurer que les entités financières publiques protègent les PME et la famille, et bien d’autres choses, c’est ce que n’importe quelle formation sociale-démocrate d’Europe occidentale aurait dit il y a 30 ou 40 ans. »

Iglesias, caricaturé par certains médias comme un dangereux gauchiste adorateur de Chávez, cherche à donner des gages à l’électorat traditionnel du PSOE, pour mieux siphonner les voix du vieux parti social-démocrate. Il dit même désormais vouloir « occuper la « centralité » de l’échiquier politique ». Début octobre 2014, l’universitaire a surpris tout le monde, en annonçant lors d’un entretien télévisé avoir demandé à deux économistes (Vicenç Navarro et Juan Torres) de travailler à un programme de « sauvetage citoyen » qui serait appliqué lors des cent premiers jours suivant l’arrivée de Podemos au pouvoir. L’initiative en a braqué plus d’un, au sein du mouvement. Sur la forme d’abord, elle revient à court-circuiter le travail d’un des « cercles » les plus respectés des Podemos, celui consacré à l’économie et l’énergie, en imposant deux « experts » venus de l’extérieur…

Sur le fond, l’affaire est encore plus délicate : Navarro est un économiste prestigieux né en 1937, ex-conseiller de Salvador Allende au Chili, mais aussi de Bill Clinton dans les années 1990. Certains ont du mal à comprendre comment ce vieil économiste étiqueté « néokeynésien », soucieux du retour de la sacro-sainte « croissance », aurait les réponses à la hauteur de la crise protéiforme des années 2010…

Faut-il voir dans ce passage en force, par-delà les assemblées, un avant-goût de la gestion de Podemos par son futur secrétaire général ? Sans doute. Mais il reste très difficile d’anticiper le reste, d’ici novembre 2015. Un an est une éternité à l’échelle de la crise espagnole, scandée, presque chaque mois, par des nouveaux scandales de corruption [voir la note 1 de l’article de Manuel Gari, publié sur ce site en date du 1er novembre 2014].

Des élections municipales sont prévues en mai (Podemos a décidé de faire l’impasse, pour ne pas se brûler les ailes), couplées, dans certains cas, avec des scrutins régionaux (auxquels Podemos devrait, cette fois, participer), en amont des législatives fin 2015. Iglesias, lui-même, se montre très prudent pour la suite : « Le PSOE peut remonter dans les sondages,avec le nouveau leadership de Pedro Sanchez. Les médias privés, qui ne cessent de parler de nous, et d’inviter nos porte-parole, peuvent nous blacklister si leurs propriétaires le décident. Et nous-mêmes pouvons commettre des erreurs que, pour l’instant, nous n’avons pas commises dans un contexte nouveau et très complexe. Quant au PP, il fait montre d’une grande capacité de résistance électorale, malgré les scandales de corruption et le désastre de sa gestion. » Le scénario espagnol est plus ouvert que jamais. (Article publié par Mediapart, le 30 octobre 2014)

Note

[1] Le grand historien italien de l’Antiquité Luciano Canfora, dans son ouvrage Il presente come storia. Perché il passato ci chiarisce le idee (Ed. Rizzoli, 2014), explique qu’à Sparte les « gérontes » (les « sénateurs ») étaient élus par acclamation. Mais pour faire partie des éligibles, il fallait être membre de certaines grandes familles comme l’indiquent clairement quelques passages du Politique d’Aristote. Ce dernier qualifiait le procédé d’acclamation de puéril. La présentation devant le peuple rassemblé se faisait dans un ordre tiré au sort. (Réd. A l’Encontre)

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