Entre 2020 et 2021, le prix des logements à louer a bondi dans l’ensemble des régions du Québec. Pour un logement de 2 chambres à coucher, on note une augmentation de 16 % dans les régions métropolitaines de recensement (RMR) de Sherbrooke et Trois-Rivières, 11 % dans celle de Montréal, 10 % dans la RMR de Saguenay et 7 % à Québec. « Il ne fait plus aucun doute que les règles en place ne fonctionnent pas et contribuent à l’explosion des loyers. Les locataires à la recherche d’un logement à louer doivent débourser des sommes de plus en plus importantes pour se loger, souvent au risque de s’endetter, de couper dans leurs autres besoins essentiels, ou encore, de se retrouver en situation de non-paiement de loyer et d’être évincé. D’autres locataires doivent quitter leur quartier, incapable d’y trouver un logement qui respecte leur budget et doivent trop souvent se résigner à louer un logement insalubre ou trop petit », déplore le porte-parole du RCLALQ, Maxime Roy-Allard.
Tableau 1 - Loyer moyen des logements à louer par région métropolitaine de recensement (RMR) en 2021 et écart avec 2020, par taille de logement
Outre les grands centres urbains, plusieurs villes du Québec sont durement affectées par l’explosion des loyers. En comparant nos données de 2020 et 2021 pour les logements de 2 chambres à coucher, nous notons une augmentation des prix de 22 % à Granby, 16 % à St-Hyacinthe et Victoriaville, 12,5 % à Valleyfield, 11 % à Drummondville, 10 % à Joliette et 5 % à Rimouski. « Ces hausses de loyer vont bien au-delà de l’inflation et des taux d’ajustement suggérés par le TAL. Alors que la plupart de ces villes vivent actuellement une grave pénurie de logements, trouver un logement abordable lorsqu’on est un ménage locataire à revenu modeste devient mission impossible », selon le porte-parole du RCLALQ.
Lorsque comparés aux données de la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL), les résultats de l’enquête du RCLALQ sont tout aussi frappants. Pour la RMR de Montréal, on note un écart de 49 % entre le loyer moyen d’un quatre et demi à louer sur Kijiji (1349 $) et le loyer moyen issu de l’enquête de la SCHL (903 $). Les écarts sont aussi considérables pour les autres RMR, tout particulièrement celle de Sherbrooke (25 %), qui connait une grave pénurie de logements avec un taux d’inoccupation à 1,3 %.
Tableau 2 - Écart en % des loyers des logements à louer moyens Kijiji vs le loyer moyen de la SCHL, par taille de logement
Ces écarts ont tous augmenté par rapport à l’an dernier, ce qui prouve que l’effritement du parc de logements locatifs abordables se poursuit rapidement. Ce phénomène est d’autant plus observable dans les quartiers qui subissent les contrecoups de la gentrification, poussant les locataires de longue date hors de leur milieu de vie afin de laisser place à de nouveaux habitants plus aisés (voir tableaux 4 et 5 dans l’enquête du RCLALQ). Ce phénomène qui ravage les quartiers autrefois populaires est d’une violence inouïe et les évictions qui en résultent chamboulent à jamais des vies.
Contrôle des loyers
Pour le RCLALQ, les solutions pour freiner l’explosion des loyers et garantir l’accès au logement pour l’ensemble des locataires sont simples : instaurer un contrôle obligatoire des loyers et un registre public des loyers. « Le système actuel d’encadrement des loyers est obsolète. Les propriétaires ne respectent pas les taux d’augmentation du Tribunal puisque ceux-ci ne sont pas obligatoires tant que les locataires ne contestent pas leur hausse de loyer. Le gouvernement du Québec doit renverser ce fardeau et les rendre obligatoires afin de protéger les locataires contre les hausses abusives de loyer », clame le porte-parole du RCLALQ.
Le gouvernement Legault doit également instaurer un registre public des loyers pour permettre aux locataires de connaître avec exactitude l’ancien loyer payé. Actuellement, même si cette information doit légalement être inscrite au bail à la section G, de nombreux propriétaires omettent de le faire et, même s’il est inscrit, les locataires n’ont aucune manière de confirmer sa véracité. « La majorité des hausses abusives de loyer surviennent lors de la signature de nouveaux baux, d’où la nécessité d’instaurer un registre pour informer les locataires et ainsi protéger l’accès aux logements abordables », selon M. Roy-Allard.
Consultez l’enquête du RCLALQ « L’explosion des loyers ».
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