Pour que les relations humaines avec les écosystèmes dans lesquels nous vivons soient repensées et transformées, la nécessité d’un changement en profondeur de nos rapports de production et de consommation s’impose.
1) Les scientifiques sonnent l’alarme depuis des décennies (Sommet de la Terre de Rio de Janeiro en 1992). Les récents rapports du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) nous indiquent plus que jamais l’urgence de réduire les émissions de GES afin d’atténuer et de réduire le réchauffement climatique et les dérèglements qu’il entraîne. Notamment : l’augmentation de la fréquence et de l’intensité des catastrophes naturelles (inondations, sécheresses, ouragans, feux de forêts) et le déclin sans précédent de la biodiversité. Dans une perspective de justice climatique, soulignons que ces impacts frappent davantage les plus appauvri.es et les plus vulnérables d’entre nous.
Selon ces rapports, les sociétés humaines doivent donner un sérieux coup de barre et réduire leurs émissions de GES de 50% d’ici 2030 pour atteindre zéro émissions en 2050. Sinon, l’augmentation de la température mondiale de deux degrés Celsius entrainerait une suite de transformations catastrophiques à la puissance de destruction exponentielle. Pensons à la fonte du pergélisol et des calottes glaciaires au Nord et à la montée des océans. Nous avons déjà atteint une augmentation d’un degré et nous assistons à d’importantes et rapides transformations qui chamboulent la vie sur Terre.
Les principaux secteurs responsables de l’émission des GES sont la production d’énergie électrique, le transport sous toutes ses formes, la production industrielle et son application à l’agriculture notamment dans l’élevage d’animaux pour la consommation humaine. Selon l’ONG internationale Carbon Disclosure Project, plus de 70% des émissions de GES depuis 1988 proviennent de seulement 100 compagnies à l’échelle mondiale ! En 2015, un rapport du FMI indiquait que les subventions publiques allouées aux énergies fossiles représentaient 4740 milliards d’euros pour une seule année. Davantage que les budgets des programmes de santé publique de tous les pays de la planète !
L’emploi d’énergies renouvelables pour la production électrique et des mesures d’économie d’énergie, notamment dans la construction et la rénovation de nos bâtiments, sont des mesures qui doivent être mises de l’avant rapidement et massivement. Afin d’en finir avec les hydrocarbures (pétrole, gaz, charbon), mais aussi avec le nucléaire dont les déchets et les risques sécuritaires sont très négatifs à long terme.
Nos modes de transport doivent changer et favoriser le transport en commun public de qualité, électrique et accessible y compris dans les villes moyennes, au sein des régions et entre les régions. L’automobile individuelle pourrait être revue vers des parcs communs locatifs avec alimentation électrique. Les déplacements actifs doivent être facilités et sécuritaires. Pour les gens en ayant la capacité cela favorise aussi une bonne santé et réduit le stress loin des embouteillages ! Prioriser le transport des biens et des personnes par trains électriques est une avenue incontournable. Le tourisme de masse et les voyages d’affaires par avion doivent être réduits massivement.
2) Également, au-delà des GES, c’est toute l’agriculture dans sa forme industrielle qui doit être revue. Un aspect majeur c’est la réduction de notre consommation de viande en éliminant la production bovine en particulier pour permettre le reboisement et la reconversion des surfaces immenses et grandissantes consacrées à l’élevage. Pour la surpêche qui s’aggrave il faut cesser la pêche industrielle massive pour que les espèces survivent. La production locale, biologique, la permaculture et l’agriculture urbaine émergent et méritent un soutien public massif en recherche et en développement. Cela augmenterait la santé des sols qui se dégrade notamment avec l’érosion de la matière organique. Personne ne peut nier les graves effets de l’usage des pesticides sur la santé humaine et celle des écosystèmes. Il serait plus que temps que notre santé globale soit une priorité, pas les profits de Monsanto !
Pour ce qui est du nombre de personnes à nourrir à l’échelle mondiale, l’enjeu déterminant est de cesser le gaspillage actuel et de planifier et répartir les aliments selon les besoins. 30% de la production alimentaire est jetée et près d’un milliard de personnes sont gravement sous-alimentées. Ce paradoxe souligne la nécessité de réparer notre dette écologique au lieu de payer des dettes illégitimes à un secteur financier, surtout pour les pays du « Sud ». Favoriser une agriculture vivrière basée sur les connaissances des paysan.nes et un développement autocentré (circuits courts au bénéfice de la majorité) sont des politiques écologiques d’émancipation du néocolonialisme.
Soulignons que ce néocolonialisme pollueur se produit dans le traitement des déchets et des matières recyclables. Plusieurs pays d’Asie en particulier ont cessé de prendre nos rejets du « Nord » et cela nous confronte à revoir nos consommations de marchandises en priorisant une panoplie d’ateliers de réparation et de ravalorisation. Pour cela, il faudra rompre avec la loi de la valeur qui priorise le profit et une rentabilité à courte vue de chaque trimestre.
Nous devons nous s’inspirer de la conception des communautés autochtones qui préservent les territoires et les espèces sur plusieurs générations. Dans une étude internationale menée à l’Université de la Colombie-Britannique (UBC), on apprend que la biodiversité est plus riche dans les territoires autochtones que partout ailleurs et ce dans trois grands pays (Canada, Australie, Brésil). En Bolivie et en Équateur, le Bien Vivre est un objectif et plusieurs défendent le Plus Être favorisant un épanouissement individuel et collectif. En réduisant le temps de travail, en valorisant les activités culturelles et nos interactions avec les milieux naturels. À nous de tout changer !
Un message, un commentaire ?