Owen Shalk, Canadian Dimension, 25 octobre 2023
Traduction, Alexandra Cyr
La situation à Gaza est inimaginable. Depuis qu’Israël y a commencé ses bombardements il y a trois semaines, le nombre de décès avoisine les 7,000 dont 3,000 enfants.
L’UNICEF qualifie cette masse de décès chez les enfants de « tout simplement ahurissant (qui) laissera une tache sur nos consciences ».
Et le système de services de santé est complètement à l’arrêt à cause des bombardements et de la rétention du matériel essentiel. Les 17,000 blessés.es ne peuvent absolument pas s’y faire soigner. La population est traumatisée, déplacée et souffre du manque mortel des éléments de base à la vie : l’eau, la nourriture et les médicaments.
Dans Jewish Currents, l’universitaire génocidaire, Raz Segal décrit l’attaque contre les Palestiniens.nes de Gaza comme : « un cas d’école d’un génocide qui se déroule sous nos yeux ».
Malgré la rage qui monte dans le monde contre les atrocités israéliennes, les États-Unis et leurs alliés ne reculent en rien dans leur soutien au gouvernement Netanyahu. (Aux États-Unis), on observe une fissure dans le consensus envers l’appui inconditionnel du gouvernement à Israël. Un sondage CBS-YouGov montre que la majorité désapprouve la façon dont l’administration Biden se conduit dans cette guerre et 53% des Démocrates s’opposent à des envois supplémentaires d’armes à Israël. 57% de l’ensemble de l’électorat veut que l’administration envoie plutôt de l’aide humanitaire dans la zone.
Mais, ces opinions majoritaires n’ont pas empêché l’administration Biden de soutenir sans réserve les bombardements israéliens. Très récemment, le porte-parole américain de la sécurité nationale a complètement fait fi du nombre qui donne froid dans le dos de Gazaouis tués.es en déclarant : « C’est la guerre. C’est le combat. C’est sanglant. Et ça va être chaotique, sale et d’autres civils.es innocents.es vont encore être affectés.es à l’avenir ».
Et les États-Unis ont opposé leur veto à une résolution appelant à un cessez-le-feu au Conseil de sécurité des Nations Unies. L’administration Biden a averti des diplomates de ne pas parler de « désescalade », de « cessez-le-feu » ou de « fin du bain de sang » à Gaza. Un.e porte-parole du gouvernement américain a rejeté (une proposition) d’investigation internationale sur le massacre à l’hôpital al-Ahli.
Malgré les efforts du Président Biden pour diviser le monde entre démocraties et autocraties, son administration ne tient aucun compte de la majorité des opinions dans le pays et dans le monde en regard de son appui au bain de sang qu’Israël a lancé sur Gaza. Le Canada s’est joint à cette politique. Le gouvernement Trudeau proclame qu’Israël « a le droit de se défendre » et refuse de réclamer un cessez-le-feu.
Les atrocités s’accumulent à Gaza. On n’entend aucune négation de l’échelle de violence ou de la rhétorique génocidaire que le gouvernement israélien utilise pour justifier son action. Les États-Unis, l’Europe et le Canada autant que leur appareil médiatique, soutiennent clairement cette tuerie. Les impacts de la guerre sur les civils.es leur importent peu ; leur plus grand souci est de contrôler le discours autour de cette guerre pour qu’il excuse continuellement les actions israéliennes. Cela implique de punir ceux et celles qui ne suivent pas la ligne, qui refusent de criminaliser les protestations contre l’assaut israélien contre Gaza et de renforcer le « droit d’Israël à se défendre » au milieu des condamnations de ce qu’on qualifie de barbarie sans comparaison de la part du Hamas. De toute évidence le gouvernement israélien ment, que ce soit à propos des bébés décapités ou du manuel de construction d’armes chimiques, mais les médias occidentaux n’en disent rien.
Comme Noah Kulwin écrit : « Israël et les pouvoirs occidentaux vont plutôt mener une bataille d’arrière garde contre les médias plutôt que de se confronter au mécontentement qui progresse au Proche-Orient et dans le monde ».
Malheureusement c’est aussi ce que fait le NPD.
Bien sûr, il a appelé à un cessez-le-feu humanitaire à la Chambre des communes, mais il condamne toute expression de solidarité avec les Palestiniens.nes et d’opposition à ce qui est en voie de devenir un génocide à Gaza.
Depuis le début de l’attaques israélienne, le NPD a posé des gestes pour renforcer le discours du gouvernement israélien et diaboliser la solidarité avec les Palestiniens.nes. Jusqu’à son chef, Jagmeet Singh, qui s’est exprimé à une conférence organisée par le très pro-Israël, Israel Centre for Israel and Jewish Affairs (CIJA), aux côté d’un homme qui, en plein assaut contre Gaza, a comparé les Palestiniens.nes à des coquerelles. Pendant ce temps, au Conseil fédéral du parti, les militants.es Palestiniens.nes ont été jetés.es hors de l’édifice par le parti à cause de leur demande de condamnation des crimes de guerre israéliens.
Plus récemment, la Cheffe du NPD de l’Ontario, Mme Marit Stiles, a expulsé la députée d’Hamilton centre, Sarah Jama parce qu’elle condamnait les 75 ans de violence israélienne contre les Palestiniens.nes.
Le dix octobre courant, elle avait publié une déclaration où elle condamnait les politiques israéliennes envers les Palestiniens.nes, les décennies de colonisation et le blocus brutal de Gaza depuis 2006.
(Dans cette déclaration) elle n’endossait pas le Hamas ni ses attaques contre des citoyens.nes israéliens.nes. Au contraire, elle donnait une analyse du contexte pour comprendre comment ces deux entités en sont arrivées à être en guerre en citant même le rapporteur spécial des Nations Unies comme argument.
Elle dénonçait aussi l’usage qu’Israël fait du phosphore blanc à Gaza, « la rétention de l’accès à l’alimentation, au carburant, à l’électricité et à l’eau ainsi que la destruction de la seule sortie de Gaza qui ne soit pas contrôlée par l’État d’Israël ». Elle appelait à un cessez-le-feu immédiat et à la désescalade ».
Les politiques qui soutiennent Israël l’ont vite accusée d’antisémitisme et de soutien au terrorisme. La chef du parti ontarien lui a intimé de retirer sa déclaration. Autant de pression politique l’ont amené à s’excuser mais elle ne s’est pas rétractée officiellement.
Le Premier ministre D. Ford, dont le gouvernement est accusé de corruption dans le scandale de la Ceinture de verdure, a dénigré Mme Jama en l’accusant faussement « d’avoir une longue histoire bien documentée d’antisémitisme (et d’avoir) publiquement soutenu le viol et le meurtre d’innocentes personnes d’Israël ». Les faussetés dans la déclaration du Premier ministre l’ont poussée à le menacer d’une poursuite en diffamation s’il ne retirait pas ses insultes.
Mme Stiles a refusé de soutenir sa députée. Elle a simplement déclaré : « Je suis consciente que Mme Jama se sent diffamée ».
Le 23 octobre courant, le Parlement ontarien a censuré Mme Jama pour avoir condamné la violence israélienne. Même si tous les députés et toutes les députées du NPD se sont opposé à cette motion, le parti a fini par l’expulser du caucus en citant sa position sur la guerre contre Gaza et sa menace de poursuivre le Premier ministre pour libelle diffamatoire.
Au lieu de soutenir sa députée, la direction du NPD ontarien l’a abandonnée et laissée à la merci des attaques inqualifiables de D. Ford. Elle a donc été expulsée pour avoir eu l’audace de se défendre et de défendre ses positions politiques.
L’an dernier, le NPD de Colombie Britannique a rejeté l’opposante progressiste au leadership, Mme Anjali Appadurai malgré sa popularité et a désigné M. David Eby, loyal au Premier ministre en poste, M. Horgan, comme Premier ministre. C’était une manœuvre anti démocratique qui visait à protéger le pouvoir des professionnels.es conservateurs.trices qu’ils détiennent dans le parti. Et maintenant, c’est en Ontario que le parti expulse une de ses députées pour déviation à la ligne de parti.
On ne peut permettre au NPD d’oublier cela : un génocide se dessine à Gaza et il expulse la critique contre la violence israélienne pendant que le chef national s’est exprimé aux côtés d’un homme qui compare les Palestiniens.nes à de coquerelles. Nous devons nous rappeler qu’elle alliances le NPD privilégie et celles qu’il met de côté.
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