Celle-ci est loin d’être terrassée. Marine Le Pen a attiré 10,6 millions de voix, soit 4 millions de plus qu’au premier tour. Elle gagne même dans deux départements, l’Aisne et le Pas-de-Calais (où elle réalise plus de 52%). Elle fait plus que doubler le score de son père en 2002. Le FN est désormais en mesure d’envoyer plusieurs dizaines de députés à l’Assemblée nationale, le 18 juin. Quel cuisant échec supplémentaire pour celles et ceux qui ont gouverné pendant ces cinq dernières années ! En cas de renoncement, « une victoire de la gauche dans quinze jours ne sera qu’une parenthèse dans la lente montée d’une droite de plus en plus dure, de plus en plus rigide », écrivions-nous après l’élection de... François Hollande.
Record d’abstentions et de votes blancs et nuls
Le prince n’apparaît pas comme si charmant pour nombre de citoyens. Emmanuel Macron a rallié les suffrages de 43,6% des inscrits (20,7 millions de voix) face à l’extrême-droite. Il fait, en théorie, mieux que François Hollande en 2012 (39% des inscrits) et engrange deux millions de voix supplémentaires que son prédécesseur, mais ce dernier n’affrontait pas le FN au second tour. Dans la même situation quinze ans plus tôt, Jacques Chirac mobilisait 62% des inscrits ! Surtout, une grande proportion de l’électorat a voté Macron par opposition à Marine Le Pen et non par adhésion à son programme ou pour le renouvellement qu’il incarne : ils sont 43% dans ce cas, selon l’étude réalisée par Ipsos, soit 9 millions d’électeurs. Ajoutez-y les 4 millions de votes blancs et nuls – un record depuis un demi-siècle – et les 12,1 millions d’abstentionnistes (encore un record !), principalement motivés par le refus de choisir entre les deux programmes proposés, et le conte de fées prend des airs de scénario noir pour les cinq années à venir. D’autant que, jusqu’à preuve du contraire, le plus jeune président de l’histoire de la 5ème République ne s’apprête pas à mener une politique bien différente de celle de ses prédécesseurs. Avec les résultats que l’on sait.
Pour les électeurs et électrices qui ne souhaitent ni l’extrême droite, ni le maintien de l’ordre existant par des politiques d’austérité menées avec plus ou moins de brutalité, leur préférant de véritables perspectives de changements sociaux et écologiques, l’histoire est loin d’être terminée. Le « 3ème tour » de cette longue campagne électorale se déroulera les 11 et 18 juin, afin d’élire l’Assemblée nationale. A la gauche, dans sa diversité et malgré ses désaccords, de prendre ses responsabilités. Car dans cinq ans plus aucun conte, aucune saga, aucune fresque, aussi bien écrits et mis en scène soient-ils, ne résistera aux incendies. Ceux-ci, on l’a vu, risquent bien alors de mener au pire.
Ivan du Roy
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