En quoi le modèle nordique s’avère-t-il efficace pour combattre la prostitution, une industrie basée sur l’inégalité sociale, raciale et de sexe ? Depuis le 19e siècle, le mouvement féministe lutte pour l’abolition de la prostitution parce qu’elle est une institution qui pérennise l’ordre sexuel patriarcal. Ce livre brosse un portrait vivant de cette lutte dans les pays nordiques. En Suède, en Norvège et en Islande, les féministes ont réussi à faire adopter des lois pénalisant l’achat de services sexuels et le proxénétisme tout en décriminalisant les personnes prostituées. Le modèle nordique reconnaît que ceux qui payent pour du sexe – les prostitueurs – sont responsables de l’existence et du développement de ce qui est devenu une véritable industrie mondialisée. Ce modèle est actuellement étudié et discuté dans le monde entier. À quoi bon multiplier les objectifs de lutte contre les violences masculines ou le sexisme dans nos sociétés si le droit de les fouler au pied reste préservé dans la prostitution ? Comment ne pas interroger, après le droit de cuissage et le harcèlement sexuel (accès sexuel obtenu par le pouvoir), après le viol (obtenu par la force), la prostitution comme droit obtenu par l’argent ? Dans le modèle nordique, le corps n’est pas une marchandise et la prostitution constitue une atteinte à la dignité humaine.
Les lois criminalisant les prostitueurs ne sont pas tombées du ciel : elles sont le résultat de décennies de lutte de la part des féministes des pays nordiques. Dans ce livre, des militantes font état de leur combat pour abolir la prostitution. Elles nous expliquent en quoi consiste cette lutte et nous fournissent des indications précieuses sur les stratégies adoptées par leur mouvement, les alliances qu’elles ont tissées et les adversaires qu’elles ont dû combattre. Elles y dévoilent en particulier le rôle et la fonction du lobby favorable à la prostitution d’autrui et déconstruisent la légende selon laquelle le modèle nordique porterait préjudice aux personnes prostituées.
SOMMAIRE
Préface, Julie Miville-Dechêne
Introduction, Trine Rogg Korsvik et Ane Stø
La loi suédoise Kvinnofrid : ce que l’on sait de la violence masculine contre les femmes, Anna Jutterdal
Récit d’une lutte populaire, AstaHåland et Ane Stø«
Les choses ne sont pas toujours ce qu’elles paraissent » – rhétorique et politique dans le débat sur la prostitution, Anne Kalvig
Michetons et militantes dans la région same, Marit Smuk Solbakk
Les « féministes radicales » et le différend sur la prostitution, Tove Smaadahl
La lutte dans le parti gouvernemental pour la pénalisation des prostitueurs, Kirsti Bergstø
Une saga islandaise : la lutte pour criminaliser l’achat de services sexuels, Kolbrun Halldórsdóttir
Prends position, mec !, Hanne Helth
Prostitution et valeur commerciale des jeunes, Rachel Moran
La croisade du lobby pro-prostitution, Ane Støet Asta Håland
Appendice, Témoignage, Rebecca Mott
Postface, Claudine Legardinier
LES CODIRECTRICES
Trine Rogg Korsvik est une historienne norvégienne spécialisée dans l’histoire des mouvements de femmes. Sociologue, Ane Stø est la directrice du Groupe féministe norvégien
Kvinnegruppa Ottar (Groupe des femmes Ottar).
Julie Miville-Dechêne, la présidente du Conseil du statut de la femme du Québec, signe la préface, et la journaliste Claudine Legardinier la postface.
Traduit de l’anglais par Martin Dufresne
Coédition avec Syllepse (Paris)
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Personne ressource : Richard Poulin
Elles ont fait reculer l’industrie du sexe
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