Édition du 19 novembre 2024

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Europe

Ecosse : voter « Oui » et faire campagne pour une Assemblée constituante

NdT : Cet article a été publié par le site de Socialist Resitance (section britannique de la IV° Internationale, partie prenante de Left Unity)

Traduction : François Coustal

Le peuple écossais devrait voter « Oui » lors du prochain référendum sur l’indépendance del’Ecosse car c’est une option en faveur d’un changement progressiste. Un vote « Oui » nedéboucherait pas seulement sur un réalignement complet des forces politiques en Ecosse, maissur une marginalisation potentielle de la droite, aussi bien des Conservateurs que de l’UKIP.

Les critiques de gauche de l’indépendance assurent qu’un vote « Oui » est un vote pour leSNP et, donc, un vote pour sa politique telle qu’elle est déclinée dans leur Livre Blanc durl’Indépendance. Ce n’est pas le cas : lors de l’élection du Parlement écossais en 2011, lesélecteurs écossais ont donné mandat au SNP d’organiser un référendum sur l’indépendance ;ils ne lui ont pas donné mandat pour ses options politiques ou pour négocier les temes del’indépendance avec le reste du « Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord ».

Au cours des 18 derniers mois, nous avons analysé les raccourcis politiques du SNP et de sespartisans nationalistes de gauche, et proposé des orientations alternatives radicales. Celatouche à de nombreux domaines comme la monarchie, l’OTAN, l’Union européenne, lesquestions sociales ou encore le système économique et financier. Mais, à l’occasion de ceréférendum, personne ne va voter sur ces questions. Mais seulement décider que ce sontl’Ecosse et le peuple écossais qui vont décider comment gérer ces questions !

Le SNP s’affaire pour éviter tout débat démocratique sur ces questions. Il a affirmer sonintention, en cas de vote « Oui » le 18 septembre 2014, d’entamer dès le lendemain desnégociations sur les termes de l’indépendance avec le gouvernement de Westminster, eninvitant les députés travaillistes du Parlement écossais à faire partir de son équipe denégociateurs.

Nous affirmons que le SNP et le Parti travailliste n’ont aucun mandat pour accomplir cestâches. Les termes de l’indépendance, une nouvelle Constitution pour l’Ecosse, l’organisationde l’économie et du système financier, les orientations sociales ou en matière de politiqueétrangère doivent être décidées par le peuple écossais, à travers un débat démocratique et unvote.

Le meilleur mécanisme pour y parvenir est la convocation d’une assemblée constituante dontles membres seraient élus par le peuple écossais. Cela permettrait aux partis politiques, auxcoalitions, aux mouvements et aux individus de se présenter sur la base de plateformesprécisant leurs propositions politiques pour l’indépendance. Les élections pour l’Assembléeconstituante pourraient se tenir plusieurs mois après le 18 septembre 2014 afin de pouvoirdisposer d’un délai suffisant pour un débat démocratique et participatif, traitant de ce à quoipourrait ressembler une Ecosse indépendante. Les tâches de cette Assemblée seraientd’élaborer une Constitution, ainsi que les bases d’une négociation sur les termes del’indépendance et les principes de base d’une nouvelle politique en matière sociale,économique, financière et étrangère.

Il est vital que les partisans de gauche de l’indépendance ne mènent pas seulement campagneen faveur du vote « Oui », mais aussi pour cette Assemblée constituante. Et, en même temps,revendiquent que, dans une Ecosse indépendante, un coup d’arrêt soit mis aux « réformes » dela protection sociale, l’austérité soit immédiatement stoppée et que les coupes budgétaires quiont été mises en oeuvre soient annulées. C’est ce qu’avancent des militants de la RadicalIndependence Campaign.

En même temps qu’elles mènent campagne pour le « Oui », la Gauche et les forcesprogressistes doivent commencer à mettre en avant activement des alternatives au SNP, afinde montrer cedernier n’a pas le monopole de l’anticipation de ce à quoi pourrait ressemblerune Ecosse future. Ces propositions alternatives comprennent notamment :

. La fin des discriminations contre les femmes, les minorités, les LGBT. Le retrait des alliances militaires, comme l’OTAN. L’accroissement démocratique et participatif des prérogatives du Parlement écossais et la finde la monarchie. La réduction des inégalités en Ecosse grâce à un impôt sur la fortune et à un impôt sur lerevenu progressif. Le rétablissement à 30% de l’impôt sur les sociétés
 . L’élimination des exonérations fiscales. La mise de nos ressources naturelles sous contrôle, appropriation et gestion publiques etdémocratiques-. La mise des services publics clés (comme les transports, les services, la Poste) sous contrôle,appropriation et gestion publiques et démocratiques.-. La création d’un système bancaire public au service de la population et de l’investissement :

 . La création d’une banque centrale qui utilise la part écossaise des réserves de la Banqued’Angleterre
 . Une monnaie propre qui ne soit soumise ni au contrôle de la Banque d’Angleterre ni à celuide l’Union européenne.
 . Un système de pensions de retraite qui garantit à tous un niveau de vie décent au moment dela retraite
 . Un programme de construction de logements sociaux pour mettre fin à la crise du logement. - Des investissements dans une industrie publique des biens renouvelables, afin de créer desemplois et de sortir l’économie des énergies fossiles.
 . L’attribution à l’Ecosse d’une part équitable de la dette du Royaume-Uni. Dette qui, commela réduction des déficits, serait payée par les riches, les détenteurs de patrimoines importants,les banquiers et les grandes entreprises, et non par les autres peuples du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord.

Il est probable que la revendication d’une Assemblée constituante ne sera pas satisfaite et queles négociations seront menées par le SNP et quelques personnalités travaillistes. Cela nesignifie pas que la campagne pour une Assemblée constituante et les interpellations du SNPsont des activités futiles. Une telle campagne contribue à l’élévation du niveau de consciencedes Ecossais et aide à la reconfiguration de la gauche en une nouvelle force politique quicontinue à mener campagne sur ces questions jusqu’aux élections écossaises de 2016. Noussavons que le SNP et le Parti travailliste ne seront pas capables de tenir leurs promesses. C’estbien la raison pour laquelle non seulement un message alternatif peut être entendu, maisencore une force politique alternative peut se constituer pour tenir ces promesses. Nousentrons dans une période de changement dynamique de la politique écossaise. La gauche aune opportunité unique de façonner ce changement en l’orientant dans une direction radicale.

Traduction : François Coustal

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