Édition du 29 octobre 2024

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Environnement

Fuite de gaz : l’héritage empoisonné des gazières, l’insouciance de nos gouvernements ! (AQLPA)

Ste-Marie-de-Blandford le 30 août 2014-  Plus de 600 forages en lien avec l’exploration et l’exploitation du gaz naturel, du gaz de schiste, du pétrole et de la saumure ont été réalisés dans la vallée du St-Laurent. La très grande majorité des puits et forages ont été abandonnés par les compagnies. Plusieurs fuient mais aucune inspection systématique de ces sites n’a jamais été faite malgré les demandes répétées des citoyens et de l’Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique (AQLPA).

Des citoyens impliqués dans la lutte au gaz de schiste sur le territoire de la Vallée du St-Laurent accompagnés de monsieur Marc Durand, docteur et ingénieur en géologie, et de monsieur André Bélisle, président de l’AQLPA, ont fait la démonstration que des fuites incontrôlées émanaient de deux de ces anciens puits de gaz naturel abandonnés par la SOQUIP dans les années 70 dans la région de Lotbinière. « Nous avons constaté qu’au puits de Ste-Françoise, foré à plus de 2 000 mètres en 1978 et abandonné en 1981, les fuites ont migré hors du coffrage pour s’étendre sur le sol autour de celui-ci. Pourtant un bouchon de ciment y avait été coulé en 1981 » déclare monsieur Serge Fortier, porte parole du Collectif Moratoire Alternatives Vigilance Intervention (CMAVI).
 
Pour monsieur Marc Durand, cela n’est guère surprenant car « les bouchons de béton mis en place pour obturer ces puits montrent des lacunes très importantes et inévitables au fil des années tant aux puits plus anciens fermés et abandonnés depuis des décennies qu’au niveau des nouveaux puits et forages de gaz de schiste lorsqu’ils seront fermés et abandonnés par les compagnies gazières. » Dans le cas des puits de gaz de schiste, sous haute pression, des problèmes beaucoup plus sérieux se poseront lors de l’obturation en raison des failles naturelles amplifiées par la fracturation de la roche mère et des produits chimiques utilisés pour l’effectuer.
 
Les volumes de méthane émis par ces deux puits abandonnés représentent plus de 20,000 m3 par année, de quoi pouvoir chauffer une dizaine de maisons. C’est l’équivalent de 105 cordes de bois de chauffage (chêne sec). C’est l’équivalent de plus de 286 tonnes de CO2[i] dans l’atmosphère pour ces seuls deux puits, alors qu’il y en a plus de 600 dans la Vallée du St-Laurent et de 900 au Québec. « Comme nous avons constaté que du méthane s’échappe aussi du sol et qu’il est impossible d’estimer ces fuites, on peut en déduire que le bilan des émissions de gaz à effet de serre (GES) que les gazières nous laisse en héritage est extrêmement inquiétant », souligne Serge Fortier.
 
« Le Québec n’a pas atteint ses objectifs de réduction des GES. On est encore plus loin des cibles qu’on le pense car l’inventaire ne tient pas compte des émissions fugitives des puits abandonnés. De plus, dans son dernier rapport, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a révisé à la hausse le pouvoir de réchauffement planétaire (PRP) du méthane, le faisant passer de 21 fois à 36 fois celui du CO2. Les données gouvernementales ne reflètent pas encore ce nouveau facteur multiplicateur. Dans le contexte actuel des bouleversements climatiques de plus en plus évidents, le gouvernement du Québec doit rapidement adopter un plan de réduction des GES et ce plan devra notamment comprendre des actions urgentes visant les fuites de méthane de ces puits » ajoute André Bélisle.
 
Le ministère du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques doit rapidement mettre sur pied une équipe d’inspecteurs afin de faire une analyse complète des puits de gaz et de pétrole abandonnés sur le territoire québécois. Pour chacun de ces puits, un plan d’action doit être élaboré afin que cessent ces fuites. Tant que ces travaux ne seront pas effectués, un moratoire complet sur tous nouveaux forages doit être décrété. Il est question ici de la sécurité des générations à venir et de démontrer un réel intérêt de la part du gouvernement à atteindre les cibles de diminution des GES dans un avenir le plus rapproché possible.

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