Le concept des réacteurs canadiens est différent, mais le potentiel d’une catastrophe est tout aussi présent. Ce n’est ni le tremblement de terre, ni le tsunami qui a causé la catastrophe nucléaire japonaise ; c’est plutôt la panne de courant totale à la centrale : la perte de courant sur le site et hors site. Une telle panne peut se produire de bien des façons...
Comme pour d’autres pays, le Canada a besoin de réévaluer les risques et les avantages de la technologie nucléaire. C’est trop important pour laisser ça uniquement aux ingénieurs nucléaires ; ce doit être une décision de société.
Les groupes d’intérêt public soussignés invitent les partis fédéraux à déclarer leur appui à l’établissement d’une commission royale d’enquête, vaste et non partisane, sur l’avenir de l’électronucléaire au Canada. Cette enquête devra être indépendante de l’industrie nucléaire et de la Commission canadienne de sûreté nucléaire (CCSN) et mise en place le plus tôt possible.
Les groupes soussignés demandent que cette enquête de la commission royale comprenne un arrêt de tout octroi de permis touchant les réacteurs nucléaires — que ce soit la construction de nouveaux réacteurs, la réfection de réacteurs ou le transport hors site de déchets radioactifs produits par les réacteurs — jusqu’au terme de l’enquête de la commission royale.
Des groupes de partout au Canada se joignent à cet appel dans l’espoir que le public canadien soit consulté adéquatement sur l’avenir de cette industrie foncièrement dangereuse. « La question fondamentale est la suivante : est-ce que le public Canadien souhaite l’expansion ou la sortie progressive de la production d’énergie nucléaire ? » demande Gordon Edwards, du Regroupement pour la surveillance du nucléaire.
« Les groupes signataires sont unanimes à déclarer que l’industrie nucléaire, les instances réglementaires et les gouvernements provinciaux ont omis de diffuser suffisamment d’information objective et scientifique sur les dangers des réacteurs nucléaires, sur les dangers pour la santé touchant spécifiquement l’exposition aux matières radioactives et sur les conséquences écologiques potentielles d’un dysfonctionnement majeur des réacteurs dans un langage que citoyens et élus peuvent facilement comprendre », affirme Michel Duguay, coordonnateur du Mouvement Sortons le Québec du Nucléaire.
Ces groupes constatent à l’unanimité que l’imputabilité politique et la transparence ont été déficients dans le secteur nucléaire parce que les gouvernements ont souvent semblé dépendre presque exclusivement des conseils de l’industrie nucléaire canadienne et de la CCSN, en l’absence d’un processus suffisamment ouvert et démocratique au niveau politique.
Ces groupes demandent que les risques de l’énergie nucléaire soient évalués non seulement du point de vue des physiciens et ingénieurs qui dominent l’industrie nucléaire et son émetteur de permis, la CCSN, mais aussi du point de vue d’experts indépendants provenant du domaine biomédical, de la biologie, de l’écologie et des sciences sociales qui soient indépendants de la promotion du nucléaire, ainsi que de nos institutions démocratiques gouvernementales.
« Mais surtout, ces groupes croient que les citoyens ordinaires doivent avoir l’occasion de se prononcer sur le nucléaire et d’explorer les avantages des technologies et stratégies énergétiques non nucléaires », affirme Michel Fugère du Mouvement vert Mauricie.
Avant de s’avancer plus loin dans la voie nucléaire, nous demandons au gouvernement canadien d’enfin donner la chance aux Canadiens ordinaires de débattre des risques et avantages de l’électronucléaire par rapport aux autres options à l’intérieur d’un cadre politique sérieux.
Liste des signataires (au 31 mars 2011)
Les Artistes pour la Paix, Montréal QC
L’Association Canadienne des Médecins pour l’Environnement, Ottawa ON
Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique (AQLPA), La Beauce QC
L’Association de Protection de L’Environnement des Hautes-Laurentides (APEHL), Mont-Laurier, QC
Canadian Coalition for Nuclear Responsibility (CCNR), Montréal QC
Canadian Environmental Law Association (CELA), Toronto ON
Chaire de recherche du Canada en éducation relative à l’environnement, UQAM, Montréal QC
Citizens Advocating the Use of Sustainable Energy (CAUSE), Calgary, Alberta.
Citizens Allied to Ban Uranium Mining (CABÛM), King’s County NS
Coalition for a Clean Green Saskatchewan, Saskatoon SK
Coalition pour que le Québec ait Meilleure Mine ! Québec QC
Fundy Baykeeper, Saint John NB
Hiroshima Day Coalition, Toronto ON
Réseau québécois des groupes écologistes (RQGE), Montréal QC
Et une vingtaine de groupes. Liste complète des signataires à l’adresse suivante :
www.rqge.qc.ca/sites/rqge.qc.ca/files/list_f.pdf